Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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20.09.00
 



VIVRE ET LAISSER MOURIR

Le livre Bye Bye Bahia



"Salopards, assassins, fumeurs de crack... peuple Colombien... je t’aime..."

Schroeder tourne vite, s’impose des lois parfois proches du dogme "LarsVonTrierien", découvre la symbolique des couleurs et la maniabilité du numérique. Bravo. Malheureusement pour le film, il n’est pas aussi évident pour le spectateur d’en tirer un quelconque bénéfice puisque, admettons-le, tout ceci est encore bien mal maîtrisé.

On sent malgré le discours du réalisateur un perfectionnisme inconscient qui ajoute une part d’artificialité au film qui ne peut que le desservir. Schroeder n’en a sûrement pas fini de désapprendre et c’est tant pis (du moins pour cette fois). Bien sûr, le propos est louable et la force de l`histoire connaît la maturité d’un scénario abouti auquel quiconque demeure sensible. Mais cette descente aux enfers d’un homme qui redécouvre sa ville natale sur laquelle plane aujourd’hui une odeur de mort ne devrait pas lui faire oublier, à l’instar de la population, le prix d’une vie humaine. C’est cette insensibilisation rapide de Fernando qui demeure l’élément le plus troublant du film, et sans doute le plus terrifiant. Pourtant, le spectateur est vite gagné par ce même sentiment, et, avouons-le, n’y crois plus; comme le dit un gamin dans le film en assistant au meurtre d'un homme dans la rue : "venez voir le pantin !". C’est exactement ça, un pantin qui tombe, rien de plus.

Schroeder nous parle d’une impuissance de la part de Fernando à faire cesser le langage des balles, mais il paraît bien rapidement y prendre pourtant un certain plaisir, n’ayons pas peur des mots, à savoir que chaque dilemme peut se régler de façon expéditive par son effrayant chérubin si bien qu’il déclenche bien souvent lui-même le conflit. C'est tout le propos du film et son dysfonctionnement. Pourtant certaines scènes font preuve d’une intelligence certaine de la part de Schroeder, comme lorsque Alexis, jeune tueur et amant de Fernando, est incapable d’achever un animal blessé alors qu’il tue chaque jour quiconque le regarde de travers.

Ces jeunes comédiens locaux qui ont séduit Schroeder portent en eux cette beauté froide d’anges destructeurs et ce visage d’enfant qui collent parfaitement au propos, mais la justesse de leur jeu pas toujours maîtrisé échappe à la notion de réalisme tant désirée par l’auteur. Sans être complètement ratée, cette adaptation de "La Vierge des Tueurs" ou Barbet Schroeder choisit d’aborder sans dénoncer la pauvreté d’une ville et la violence démesurée que celle-ci entraîne, lasse rapidement par une succession de scènes répétitives propres à nous traduire l’idée ci-dessus.

Le constat cyclique d’un scénario qui se répète, comme la malédiction d’un monde où l’amour et la mort vont de pair, est certes décontenançant et laisse dans la bouche un arrière-goût étrange. Mais une fois les ténèbres dissoutes par la lumière de la salle qui se rallume, on se dit en sortant que bien qu’ayant vécu 1h37 à son rythme, on n’a jamais été à Medellin...
 
romain

 
 
 
 

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