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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Interpreter (L'interprète)
USA / 2005
08.06.05
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ONU SOIT QUI MAL Y PANSE
"- On nous paie pour rester dans l'ombre."
S'il le film a un défaut c'est celui d'être convenu. Tout ce à quoi nous nous attendons va arriver. Rarement produit n'a aussi bien collé à son étiquette. The Interpreter est un thriller politique, mélodramatique s'adressant à ces cinéphiles qui aiment réfléchir entre deux séquences d'action. De facture bleutée et glaciale, rien ne manque aux critères du genre, pas même le casting, haut de gamme, catégorie Oscars version larmes : Nicole Kidman et Sean Penn.
Passée cette présentation, on doit cependant reconnaître qu'il manque un zest de panache pour nous satisfaire complètement côté adrénaline, en plus du soupçon de surprise préalablement émis. En revanche, il faut aussi avouer qu'il est plaisant, et presque jouissif, de voir encore ce genre de films, cérébral et sentimental, activiste et explosif. Dans la même veine qu'un Manchurian Candidate (complot et assassinat politique), The Interpreter prend un prétexte sensationnel pour faire l'éloge d'une organisation politique. Ici, l'ONU, si mal aimée, si haïe des Américains. Sydney Pollack a réussit un vibrant hommage à l'institution, tout en doublant son discours sur la paix, en privilégiant les mots aux armes.
Le cinéaste nous avait habitué à ces films paranoïaques (Les 3 jours du Condor, La firme) et ces romances entre deux âmes perdues (L'ombre d'un Soupçon, Out of Africa). Il construit patiemment le cadre dangereux (une série de menaces, de pièges, de rebondissements et de surenchère meurtrière) jusqu'à installer un climax (saisissant acte terroriste) et le cadre amoureux, en parallèle, pour que ces deux étrangers, deux écorchés, puissent se lier par un pacte invisible, pour le pire ou pour le meilleur.
Cette narration classique, et presque désuette, est un atout. Il permet de dessiner des personnages plus complexes, plus intenses. Et en retenant la morale et les messages du film, on comprend pourquoi ce film a intéresser ces deux acteurs réputés exigeants. Bien sûr on voit tout venir : les leurres, le final, les astuces du scénario, ... Les visages sont peut-être plus vite découverts dans la tête des spectateurs que dans celles des flics du film ; mais parce que Pollack a reposé son script sur deux personnages endeuillés et lumineux, l'intérêt n'est pas que dans la révélation des méchants ou l'éventuel suspens à la manière de la Mort aux Trousses. Nous suivons aussi l'itinéraire de deux êtres en quête de paix intérieure.
Alors certes, le décor est sexy, l'image de Khondji est séduisante et la caméra de Pollack pertinente. Mais l'interprétation relève l'ensemble et nous permet d'assister à un duo qui n'avait rien d'évident, à l'image d'ailleurs de leur relation dans le film : méfiance, incompréhension, étrangeté...
Pour le reste le plaisir est là. Sans trop d'excès, ni de concessions hollywoodiennes. Pollack est lucide : sur l'image de son pays, sur celle de l'ONU et sur la relation entre les deux. mais il évacue vite l'épineux problème pour se concentrer sur un pulsionnel et une raisonnée. Mars et Minerve. C'était la promesse avec un tel sujet, un tel marketing et de tels comédiens; Promesse qui fonctionne finalement pour les adeptes. Ni plus ni moins. Quoique. Un film qui ramène la vengeance à une lâcheté face à ses sentiments n'a pas à rougir face à tant de conneries déferlant sur nos écrans. Oeuvre diplomatique (par ailleurs mal traduite dans les sous titres, un comble), compromis habile entre action et psychologie, The Interpreter laisse le dernier mot à ses deux vedettes, mais se sent impuissant face aux maux de cette Afrique. Loin de la ferme de Blixen, Pollack n'a plus envie de romantisme exotique. Il a préféré le froid constat de notre ère moderne. Et une morale antipatriotique puisque la solution finale se situera à La Haye... vincy
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