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David Lynch, Lion d'or et Palme d'or, n'a pas tourné de long métrage depuis 2006. Une longue absence. Heureusement il nous a offert une suite à Twin peaks pour la télé. Et on peut voir ses photos fétéchistes dans l'exposition de Louboutin au Palais de la Porte dorée. Il vient aussi de terminer un court métrage. Elephant Man ressort cette semaine en salles. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Coeurs transis ou coeurs brisés, en un clic fixez sa cote.
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DEMON & LOVER
Il est inclassable, talentueux, crève l'écran fort de son aura survoltée. Hélas trop souvent relayé au second plan Kevin Bacon fait partie de ces acteurs qui ont de la gueule à l'instar d'un Sean Penn. Ses choix sont parfois discutables. Qu'importe. Bacon se frotte à tous les genres, n'hésitant pas à s'engager dans des tournages parfois éprouvants (La rivère sauvage, Hollow Man). Sa présence, à la fois sensuelle et électrique en fait une valeur sûre, quel que soit le soit les rôles qu'il embrasse, du physique à l'intellectuel, en passant par la candeur ou la monstruosité. Il est caméléon, réalisateur, producteur, mais aussi auteur, interprète, guitariste et percussionniste avec son groupe The Bacon Brothers en duo avec son frère Michael, sur des albums et tournées d'influences folk rock soul & country. A l'écran, au-delà des genres et de la variabilité des ses personnages, Kevin Bacon travaille avec ce souci permanent de vouloir faire passer des sensations fortes. Idem, dans sa manière d'appréhender la relation cinéaste-comédien, qu'il compare volontiers à un flirt. Il a débuté à Broadway, a travaillé avec les plus grands, d'Oliver Stone à Atom Egoyan dernièrement (bientôt à Cannes), en passant par Howard, Levinson, Verhoeven, Campion et bien sûr Eastwood. Sean Penn, Meryl Streep, Robert de Niro, Dustin Hoffman, Ed Harris, Tom Hanks, pour ne citer qu'eux : ses partenaires à l'écran n'en sont pas moins prestigieux.
Belle progression pour ce new-yorkais de tempérament entier qui a toujours refusé de vivre à Los Angles pour préserver son équilibre familial. Marié avec l'actrice-produtrice Kyra Sedgwick (Mr & Mrs Bridge) depuis 1988, Kevin Bacon met un point d'honneur à ne pas s'enfermer dans le conclu Hollywood. Sa première mise en scène en 1995, "Losing Chase" ("Un orage d'été"), drame dans lequel il dirigea Sedgwick, fut une production Tv. Prisé, son film sortira en salle l'année suivante, sera triplement nominé aux Golden Globes 1996 et sélectionné aux festivals de Toronto la même année et Sundance 1997. Bientôt, Bacon cinéaste se dévoilera à nouveau avec Loverboy, son deuxième film adapté du roman éponyme de Victoria Redel qui en janvier 2005 était lui aussi présenté à Sundance. Un film sur la paternité de substitution avec Matt Dillon et, naturellement, Kyra Sedgwick. Quatrième collaboration avec sa femme, après plusieurs duos à l'écran dans la comédie Pyrates (Noah Stern, 1991), le poignant Murder in the first (Marc Rocco, 1995) et le sombre The Woodsman de Nicole Kassel en 2004, drame sur la pédophilie produit par le couple même. A 47 ans et presque trente ans de carrière, Kevin Bacon se déploie plus que jamais surfant sur de nouveaux courants. Un grand rôle en tête d'affiche sera peut-être au rendez-vous.
Exception faite du populaire Footloose en 1984, à ce jour seul Murder in the first aura artistiquement et concrètement propulsé le comédien aux devants de la scène, parfait et poignant, incarnant l'histoire vraie d'Henry Young, ce prisonnier martyr et animalisé dans l'enfer d'Alcatraz. Un film qui valu à Bacon de recevoir le BFCA Award du meilleur acteur en 1996. En 1998, suivra son rôle clé dans le drame Digging to China, première réalisation de Timothy Hutton inédite en France. Rôles secondaires, scénarios à duos et trios : Bacon peine à se démarquer définitivement. Un paradoxe pour le comédien qui, dès son premier rôle sur les planches, incarnant un jeune prostitué toxicomane dans "Forty Deuce" (un off-Broadway d'Alan Brown), décrochait un Obie Award. Un rôle qu'il tiendra à nouveau en 1982 dans l'adaptation cinéma de Paul Morrissey. En 1983, le comédien sera en on-Brodway aux côté de Sean Penn et Val Kilmer dans "Slab Boys" de John Byrne ("Cuttin' a rug", "Still Life"). Un départ sur les chapeaux de roues pour le jeune Bacon qui, à l'âge de 17 ans seulement, avait quitté sa Pennsylvanie natale pour intégrer le Circle in The Square Theater de New York. Rôles alimentaires (Vendredi 13, le soap opera "Guidint Light"), comédies populaires (American College), générationnelles (Dinner, Footloose, Bienvenue au club), romantiques (She's having a baby, Picture perfect), premières équipées fantastiques (L'expérience interdite, Tremors) : il faudra attendre 1992 pour que Bacon se révèle incarnant ce procureur militaire méprisable à l'affiche des Hommes d'honneur. Interprétations magnétiques obligent, quantités de rôles de salauds l'attendront encore : deux ans plus tard, il deviendra braqueur, assassin et preneur d'otage de Meryl Streep dans La rivière sauvage ; rôle avec lequel il sera nominé aux Golden Globe du meilleur acteur en 1995. Un personnage proche de celui qu'il tiendra en 2001 dans Mauvais piège, aux côtés de Charlize Theron. Entre temps, il se sera collé aux vices les plus détestables, de la folie meurtrière (Hollow Man) à la pédophilie (Sleepers). Des personnages diaboliques, un jeu d'extrêmes. Kevin Bacon aime à s'illustrer via toutes les polarités de la nature humaine, y compris les plus noires, propices aux débats. Sa présence récurrente à l'affiche de thrillers et films fantastiques (Hypnose et Hollow Man pour les derniers en date) n'a finalement rien d'étonnant. A l'écran, Kevin Bacon incarne ce bon mélange de mystères, ambiguïtés et distances particulièrement narratif. Il était récemment anxieux simplet chez Campion dans son sensuel In the cut ou encore enquêteur tant alerte qu'intimement usé chez Eastwood et son admirable Mystic River : Kevin Bacon est de ces comédiens parfaitement à l'aise dans ces rôles qui combinent à la fois gymnastique d'esprit et constance organique. Sa saisissante performance en ex pédophile luttant corps et âme contre ses démons (The Woodsman) nous aura définitivement convaincu. Un rôle à son entière mesure. En lice pour la palme d'or 2005, Where The Truth Lies nous avait déjà donnés un savoureux avant goût. Egoyan et la jeune cinéaste Nicole Kassel ne sont pas passés à côté de l'énigmatique Bacon. Avis aux amateurs.
Sabrina
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