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WORLD WOMEN
Peu importe le passeport, leur caméra leur sert de signature. Elles filment leur pays et ses décors, leur peuple et ses rituels, les femmes du bout du monde et leurs histoires d'amour, à l'instar de Mira Nair, cinéaste d'Inde et d'Amérique, de Bollywood et d'Hollywood.
Des battements de cœur qui diffèrent selon les paysages ou les lois qui les emprisonnent. En effet, on n'aime pas de la même manière en Chine, chez Ann Hui, qu'en Suède, dans les brumes bergmaniennes de Liv Ullman. Certaines dénoncent, d'autres témoignent. Quelques unes préfèrent s'inspirer du genre majeur de leur culture (Mabel Cheung aime les cascades de Hong Kong) d'autres ne s'intéressent qu'à leur cause (Euzhan Palcy cherche ses racines africaines depuis Rue Case-Nègres). Et puis il y a celles qui étendent leurs performances scéniques et chorégraphiques aux plateaux de cinéma (Blanca Li, Pina Bausch).
Car tous les pays ont leurs réalisatrices. Le plus beau modèle s'illustre à travers cette superbe jeune fille voilée de noir, l'iranienne et héritière Samira Makhmalbaf (Le Tableau noir). De l'Espagne (Pilar Miro) à la Hongrie (Marta Meszaros), d'Australie (Gillian Armstrong) à la Pologne (Agnieszka Holland et son magnifique Europa Europa) des Etats Unis (Kasi Lemmons) à l'Allemagne (les comédies de Dorris Dörrie), du Japon (Naomi Sendo, caméra d'or) à l'Italie (Roberta Torrede), les femmes apportent leur regard égalitaire ou en voie d'émancipation, selon l'avancée sociale, en s'affranchissant des genres. Parfois le sang se mélange. Gurinder Chadha (Joue-le comme Beckham) importe ses épices indiennes quand Yamina Benguigui (Inch Allah Dimanche) apporte ses délices algériens.
Margarethe Von Trotta (Rosa Luxembourg) et Antonia Bird (Face, Priest), pionnières d'un cinéma d'auteur et reconnues mondialement avec des expériences dans différents genres, ont initié un vaste mouvement : Moufida Tlali, Iciar Bollain, Teresa Villaverde, Sally Potter , Lynne Ramsay, Caroline Link, Cristina Comencini envahissent les Festivals, récoltent prix et éloges. Même si leurs films restent confidentiels jusque dans leurs pays.
En effet qui connaît les pionnières comme la japonaise Kinuyo Tanaka (qui inaugure la tendance actrice nippone devenue réalisatrice), l'italienne Liliana Cavani (et son célèbre Portier de nuit), la brésilienne Suzana Amaral, la suédoise Mai Zetterling… les Festivals sont là pour conserver leur mémoire.
Certaines comme Sandra Nettelbeck (Bella Martha) ou Lona Scherfig (Italian for Beginners) obtiennent la consécration d'un succès public, même d'estime. Leur regard se porte alors, souvent sur l'ailleurs, preuve de la banalisation du cinéma fait par des femmes vers un cinéma sans distinction de sexe. Elles mettent juste les femmes davantage en avant, même dans des sujets masculins (Maria de Medeiros et ses Capitaines d'avril). Cette généralisation a débuté dans les années 90. On la doit à une cinéaste qui sait magnifiquement filmer les femmes blessées. Venue de Nouvelle-Zélande, Jane Campion (La leçon de Piano) a su conquérir tous les cinéphiles avec des histoires singulières et peu conventionnelles.
Ce fut la première Palme d'Or décernée à une réalisatrice.
Vincy
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