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SULFUREUSES

QUELQUE CHOSE D'ORGANIQUE
Ou la féminité cinématographique selon Breillat et quelques autres.

Quelques réalisatrices sont reconnues pour centrer leur œuvre sur la féminité et certaines vont même jusqu'à en faire le sujet absolu de leurs films. En vrac : Catherine Breillat (Une vraie jeune fille, 36 Fillettes, Romance, A ma sœur, Sex is comedy…), Laetitia Masson (En avoir ou pas, A vendre, Love me, La Repentie), Virginie Despentes (Baise-moi), Jane Campion (Sweetie, An angel at my table)… Dans leurs films, ces cinéastes s'attachent souvent à des personnages féminins dont elles interrogent la personnalité dans ce qu'elle a de plus profond. En s'attardant sur les failles, elles réalisent pour la plupart de très beaux portraits de femmes.

Le meilleur exemple en est Catherine Breillat. Exemple exacerbé certes, mais figure de proue d'un certain cinéma féminin. Ses films non seulement interrogent la féminité, mais le font en se penchant sur la sexualité, élément fondamental de la structure féminine (de l'humanité globale, mais les femmes étant, en l'occurrence, ce qui nous préoccupe). La réalisatrice l'affirme clairement : " Il n'y a pas de psychologie masculine dans mon cinéma. Il y a seulement ce que les femmes ressentent et désirent " (in Télérama). Parce que Catherine Breillat laboure le champ de la féminité pour en mettre à jour les bases. Elle questionne le rapport au corps, au désir, au plaisir et à la perception de soi en tant que femme. Sa vision est éminemment complexe et riche dans la mesure où son interrogation (et les images qui l'accompagnent) vont très loin. Tout est toujours comme si, en dépassant ce que le cinéma montre habituellement, la vérité apparaissait, plus criante et plus dérangeante. Comme si le cinéma de Catherine Breillat allait au-delà des apparences, des conventions et du correct pour qu'il en ressorte quelque chose de plus : le ressenti, l'indicible, l'inconcevable. Et la réalisatrice ne nous épargne rien. Elle passe tout au crible : la féminité dans tous ses états (femme aimante et délaissée, femme infidèle, femme perverse et femme-mère dans Romance), la transgression, la honte, la sujétion (" Les femmes s'offrent en victimes expiatoires des hommes "), l'envie et le dégoût, la souillure et la pureté. Dans toutes les expériences montrées, dans tous les actes, il y a une recherche existentielle, une quête des fondements de la structure féminine. Et pour Catherine Breillat, cette quête ne fonctionne que par la dualité prônée dans la sexualité féminine : une recherche de souillure et de pureté. Ou finalement, une recherche de la pureté par la souillure (sur ce point, la cinéaste n'est ainsi pas loin d'être le pendant féminin de Pier Paolo Pasolini).

Catherine Breillat interroge la féminité dans ce qu'elle a de plus originel et de plus obscène. Mais dans son cinéma, l'obscénité n'est là que pour mieux capter l'essence de cette féminité si intrigante. Bien entendu, certains lui reprochent de mélanger sexualité sordide et tapageuse et intellectualisme vain (à rapprocher des propos que tenait le critique Jacques Siclier dans les années 60 au sujet d'Agnès Varda : " tant de cérébralité chez une jeune femme a quelque chose d'affligeant "). Mais ces reproches n'existent que parce que le cinéma de Breillat dérange et qu'il remue des pans de la féminité que certains, en les trouvant ineptes, se refusent de reconnaître.

Dans cette même veine, mais sur un plan nettement moins subtil et moins intellectuel se situe le cinéma de Virginie Despentes. Cependant, même si Baise-moi est indéniablement choquant et cru, il en ressort également quelque chose qui touche à la vérité. Là encore, derrière l'obscène absolu se cache la peinture d'une féminité douloureuse difficilement acceptée par soi et par les autres.

Aux côtés de ces deux cinéastes " sulfureuses ", d'autres réalisatrices sont attachées à la féminité qu'elles arpentent de long en large. Ainsi par exemple, les films de Laeticia Masson rentrent-ils dans cette catégorie en offrant de très beaux portraits de femmes. Ces portraits, qu'ils émanent de Laeticia Masson ou de Catherine Breillat, si forts et parfois si bouleversants, semblent porter le sceau d'une réalisatrice. Un homme ne pourrait peut-être pas les livrer tant ils semblent ancrés dans les profondeurs de cette féminité si complexe. Sauf peut-être Amos Kollek et ses si jolis et justes portraits d'Anna Thompson (Sue perdue dans Manhattan, Fiona, Fast food, fast woman) ou encore John Cassavettes (Une femme sous influence, Faces, Gloria…). Mais ne dit-on pas que les exceptions confirment la règle ?

Laurence

 
    Dossier rédigé par: Sabrina, Laurence, Arnaud & Vincy - Coordination & réalisation: PETSSSsss
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