s o m m a i r e

Definition, Intro
Histoire, dates
Réalité et anticipation
Héros et expressions sociales
Rêves et modes étrangères
Portraits et films
Liens, achats, hits

princesse mononoke

akira

perfect blue

ImPaCt

Les mangas représentent un tiers du marché imprimé et qu'il soit en livre en film, il a autant d'importance que le roman ou le cinéma.

Avec six millions d'exemplaires vendus par semaine, il s'édite en grande quantité, généralement sur du papier recyclé. La plupart des mangas oscillent entre 350 et 1000 pages, avec autant de thèmes traités que de lecteurs, bien que les japonais semblent préférer la tragédie à la comédie.

En 1995, deux milliards d'exemplaires ont été vendus ; ce qui représente 15 volumes par an et par habitant. Actuellement, les ventes génèrent un marché de six milliards de dollars par an, exclusivement pour le territoire japonais.
Au total 250 000 pages dans près de 1000 livres édités sont publis chaque année. 3 sociétés se partagent le marché : Kôdansha (20.4%), Shôgakukan (20.9%) et Shûeisha (25.1%).

La France est le deuxième pays consommateur de mangas au monde.

ghost in the shell
    InSpIrAtIoNs

    Réalité et anticipation
    Le manga de science-fiction est le genre le plus exporté dans les pays occidentaux - ce qui n'implique pas qu'il est le seul existant. Il exprime de façon très explicite les coutumes et les peurs japonaises. Leurs créateurs puisent dans l'actualité pour l'extrapoller ensuite - faits divers, problèmes de société, réalité économique ou écologique. A ce titre, le manga est un phénomène de société qui contient tous les indices des maladies de ce siècle et de ses éventuels remèdes.
    Hayao MIYASAKI (Porco Rosso, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke) dit au sujet de Princesse Mononoke : " J'avais besoin de réaliser une oeuvre où l'homme commet des crimes contre la nature. On doit faire des films qui exposent les relations entre l'homme et la nature. Dix ans plus tard, je penserais peut-être que tout cela était inutile ". L'écologie est souvent abordée dans les mangas mais ses enjeux ne semblent pas encore manifestes dans la conscience collective et ce sujet a peu d'impact au quotidien. En ce qui concerne les autres thèmes les plus récurrents, ils sont aussi visibles au quotidien que dans les mangas et appartiennent à des angoisses très spécifiques.

    L'environnement des mangas est surtout issu des grandes villes japonaises, et plus particulièrement de Tokyo. Et même si Ghost in the shell fait exception avec Hong Kong, il ne déroge pas à l'atmosphère surpeuplée et résolument moderne de la vie urbaine japonaise. Cet univers sert systématiquement de toile de fond dans les mangas de science-fiction et situe l'action dans une notion très présente. Quasiment indissociable de la cité oppressante, la vision apocalyptique du Japon vient définir un futur entièrement prophétique. L'idée de l'apocalypse vient non seulement des croyances religieuses liées aux manifestations des esprits et des forces de la nature, mais peut-être plus encore de l'instabilité du sol japonais.
    Car il faut toujours garder à l'esprit que la culture japonaise s'est forgée sur des tremblements de terre à répétition et que leurs effets rappellent au son peuple que la vie sur terre a des consonnances éphémères, notion parfaitement étrangère au sol européen. Cette conscience obsessionnelle s'exprime également dans certaines parties des Etats-Unis, pour celles qui sont sujettes aux mêmes mouvances, et leurs films catastrophes ne sont que des reflets de cette inquiétude . Le Japon voit chaque année un nouveau Nostradamus scientifique qui prévoit la destruction totale du pays. Dans cet esprit, Akira est devenu un véritable phénomène, non pas strictement pour des raisons graphiques, mais aussi par cette idée fondamentale que les forces terrestres préparent irréversiblement leur rebellion. Même réflexion concernant Macross, adaptation en long métrage de la série à succès, Robotech, qui décrit la destruction de la terre et la menace de l'espèce humaine. La mentalité japonaise ne se résume pas à une arrogance technologique et à une surconsommation indécente - d'ailleurs très proche du peuple américain -, elle a purement et simplement une vision régulière du danger qui la rapproche un peu plus chaque jour de l'impermanence. Et la violence de certains mangas n'a pas pour fonction d'aguicher le spectateur, elle est l'expression d'une réalité humaine que le Japon préfère assumer sans la détourner en cause moraliste. Le manga tel qu'il est perçu en Europe, constitue au Japon, un garde-fou du passage à l'acte.
    Garde-fou cautionné par le taux de criminalité le plus bas au monde (1,4 meurtre pour 100 000 habitants contre 10,8 aux Etats-Unis) ; et surtout garde-fou contrôlé avec précaution par des règles audiovisuelles qui ne diffusent ces films pour jeunes adultes qu'à deux heures du matin, alors qu'ils sont accessibles en France en plein après-midi. Dans cette optique, il serait préférable d'apprendre à gérer la création au lieu d'en faire une critique systématique et inféconde...


(C) Ecran Noir 1996-1999