s o m m a i r e

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akira

princesse mononoke

ghost in the shell

PrOdUiTs

Le succès des mangas est tel que le commerce ne peut échapper à cette vague sonnante et trébuchante. A ce titre, le Japon n'a rien à envier au merchandising des Etats-Unis. Tout objet de culte, des temples aux mangas, est prétexte à faire des affaires et les lieux concernés sont bordés de boutiques, d'objets et de souvenirs en tout genre. Chaque sortie de film est encadrée par une déferlante de produits dérivés toujours plus convoités.
A Bandai, capitale du jouet pour la fabrication, deux magazins font rage et accueillent chaque jour un peu plus d'amateurs : Kiddy (quatre étages) s'adresse aux plus jeunes fans ; Mandarake, pour les plus grands, est totalement spécialisé dans l'animation et propose tous les gadgets qui peuvent s'y rapporter (figurines, maquettes, vynils, images...).
Dans un pays où le mètre carré est le plus cher au monde, l'espace croule littéralement sous cette abondance. Sans compter que rien n'est jeté en matière de mangas - jusqu'aux celluloids de films qui finissent par être mis en vente comme objet de collection.
Le Japon oeuvre aussi bien sur son territoire qu'à l'étranger. De plus en plus de mangas sont désormais accessibles en salle car ses amateurs se multiplient. Mais le Japon ne dénigre aucun mode de diffusion et les OAV en sont la preuve vivante. Les OAV (Original Animation Video) sont des dessins animés produits directement pour le marché de la vidéo cassette ou du Laser Disc, à l'inverse des séries télévisées ou des longs-métrages. Leur format est souvent court et adapté à la vente.
Mon voisin Totoro a d'abord été diffusé sur Canal Plus, puis mis en vente en vidéo, pour ensuite arriver au cinéma. Ce parcours inversé est une des souplesses des studios japonais qui sont plus attachés à la circulation de leurs oeuvres qu'à des questions formelles de fenêtres. Il faut être conscient que l'évolution a été fulgurante : en 1978, la télévision proposait vingt produits mangas par semaine ; en 1999, elle diffuse 46 séries par semaine.
Le constat est équivalent pour la presse avec les deux mensuels en tête : Animage et Voice, qui tourne autour de 300 000 exemplaires par mois, chiffre qui continue d'augmenter. En ce qui concerne les studios d'animation, il existe 450 sociétés spécialisées dans l'animation digitalisée - mangas, jeux vidéo, séries TV - et la moyenne d'âge des employés se situe le plus souvent entre 20 et 25 ans. Les plus solides d'entre elles utilisent encore le dessin sur papier au même titre que l'ordinateur. Tokyo Movie Shinsha a été fondée en 1969 et compte aujourd'hui 150 employés. Elle s'occupe essentiellement des co-productions avec l'étranger (Batman, Speederman).
Le studio Ghibli, créé en 1982, est le plus connu en Europe par l'intermédiaire de ses deux fondateurs, Hayao Miyasaki (Porco Rosso) et Isao Takahata (Pompoko, Le tombeau des lucioles), films couronnés au Festival d'Annecy. A travers ces liens internationaux, fortement encouragé par les studios japonais, les mangas atteignent progressivement une reconnaissance qui dépasse leur frontière.
Reconnaissance qui, espérons-le, permettra aux mangas de récolter une réputation plus juste et plus complexe que celle qui circule à ce jour.

ghost in the shell
    InSpIrAtIoNs

    Rêve et modes étrangères.
    Le rêve appartient à la réalité. L'étrange appartiendra peut-être à demain et chaque fantasme pourra un jour trouver une existence concrète. Les mangas suivent la jeunesse de près. Il ne s'y attachent pas seulement en terme de ventes, mais surtout sur le plan moral. Définir l'imaginaire comme un élément du réel est une notion digne de la plus belle jeunesse d'esprit.

    La candeur attachante est souvent employée comme signe distinctif des personnages-clefs dans les mangas et c'est cette fraîcheur qui apportera l'harmonie. Le personnage de Fio dans Porco Rosso est celui qui permet au cochon de redevenir un homme. La chanteuse Lynn Minmei dans Macross est celle par qui la paix universelle sera retrouvée. Dans la plupart des mangas, la recherche de l'équilibre est une quête permanente : entre l'ancien et le moderne, le rêve et la réalité.
    Au sujet de Porco Rosso, l'intrigue se situe dans une période véridique de l'histoire, l'entre-deux guerres, et fait intervenir des éléments fantastiques afin de concrétiser ce qui est abstrait. La honte de Porco Rosso ancrée sur son visage devenu animal et sa future délivrance signifiée par un retour à son apparence originelle. Le rêve n'est pas seulement lié à des données surréalistes.
    Dans l'esprit des japonais, le rêve est synonyme de l'Autre, de l'Etranger.

    C'est pourquoi les héros de mangas ont des critères physiques occidentaux. Si leurs yeux sont ronds comme des billes et clairs comme de l'eau, ce n'est pas par vertu commerciale dans l'optique d'une exportation. Cette caractéristique sert à incarner le rêve à travers une représentation d'un ailleurs. Une approche imaginaire qui rend tous les scénarii possibles, sans que le réel ne soit mis en danger. La démarche consiste à inclure un élément fantastique dans un univers parfaitement quotidien. Mon voisin Totoro prend comme base une famille japonaise commune et la met en relation avec Totoro, genre de peluche géante issue de l'imagination de ses créateurs. Le résultat est d'une poésie et d'une tendresse incontournables qui dément toutes les idées reçues concernant le manque de variété des mangas. Ceci confirme que les produits qui circulent à l'étranger ne sont qu'une infime partie de ceux qui circulent au Japon et que le problème ne vient pas tant des oeuvres elles-mêmes, mais des choix commerciaux de nos acheteurs. Dans le monde de l'audiovisuel, chacun préfère se résoudre à l'idée que la violence est bien plus aguicheuse que les beaux sentiments.

    Et fort de cette volonté raccoleuse, les autres thèmes sont souvent jugés indignes de faire du chiffre. Pourtant, les mangas ont des vocations extrêmement larges et prennent l'initiative de s'adresser à tous les publics. Dans cet esprit, les Japonais se sont souvent associés à des studios étrangers pour explorer d'autres horizons et se sont autant nourris de leurs propres légendes ancestrales que de contes occidentaux ou étrangers (les trois mousquetaires, les quatre filles du Docteur March, Aladin, l'île au Trésor). Il suffit de penser aux co-productions franco-japonaises abondantes pendant les années 80 et des succès qu'elles ont suscitées (Ulysse 31 et les mystérieuses cités d'or de Jean Chalopin, Il était une fois... l'homme puis l'espace d'Albert Barillé). L'animation japonaise n'a pas peur des autres cultures. Elle les digère, les transforme et leur porte une attention toute particulière destinée à les pousser un peu plus vers le futur. Sommes-nous seulement capables d'en faire autant ?
    Même si les créateurs occidentaux hésitent encore à le dire ouvertement, les mangas nourrissent progressivement l'étranger. Les studios Disney ont attendu 1999 pour admettre que Le Roi Lion s'était inspiré de la série d'Ozamu Tezuka, Jungle Tatei, alias le Roi Léo, créée dans les années cinquante. Pour affirmer cette appartenance, les studios Tezuka ont sorti un long métrage d'animation de 104 minutes qui reprend le troisième et dernier volet de la série. A découvrir sous un autre regard...


(C) Ecran Noir 1996-1999