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Le Cinéma britannique en quelques dates |
Introduction
Le cinéma anglais resta longtemps lié à des souvenirs d'adolescence, dans ce qu'elle avait de plus bourgeois, à des films que l'on projetait le dimanche dans le collège d'oratoriens où je faisais mes études, quand on était collé, ou que l'on allait voir en famille dans des cinémas luxueux et respectables (Le Marbeuf, Le lord Byron, La Madeleine), au contraire des westerns et des films noirs américains que l'on découvrait en cachette au Napoléon, à l'Artistic Douai, au New-York sans parler du Far West, du Cinéac Italiens ou du California en séchant les cours du lycée. L'ensemble du cinéma britannique peut paraître indéchiffrable tant il repose sur des conventions, des règles, des codes de langage, de comportement qui souvent paralysent toute velléité créatrice. "Le peuple anglais, écrit Ernest Bevin, souffre d'une pauvreté de désir". Cette pauvreté, quand elle est profondément ressentie, sous-tend, nourrit, justifie des oeuvres telles que l'homme au complet blanc, la plupart des Hitchcock anglais, certains Cavalcanti, Kind Hearts and Coronets et , plus près de nous, Bleak Moments de Mike Leigh, Family Life et l'oeuvre de Peter Greenaway. On a l'impression que l'angleterre, pour rependre la fameuse description de George Orwell, ne se voit que comme "une grande famille où les jeunes sont étouffés, qui n'est dirigée que par des oncles irresponsables et des tantes fofolles". Mais ajoute Orwell, "comme toute famille elle a son langage privé et partage des souvenirs communs." D'autres questions sont encore plus urgentes : "la pauvreté de désir" artistique de l'État, (en tout cas celui de Madame Thatcher!), l'aventure de Channel 4, etc... Est-il besoin de rappeler que le cinéma britannique pose, par sa survie, la question de l'existence d'un cinéma national? Aujourd'hui, un peu partout en Europe, de nombreux films sont tournés en anglais et l'on veut nous faire croire que c'est là la condition nécessaire à la carrière internationale. Nous savons bien, et toute l'histoire du cinéma anglais le prouve, par ses désastres, ses échecs, ses reussites (la langue anglaise n'a jamais suffi pour satisfaire le public américain), que les grands films capables de toucher un vaste public à travers le monde sont toujours enracinés. Bertrand Tavernier
Au travers de ce dossier nous nous efforcerons de retracer les grandes lignes de l'histoire du cinéma anglais. Comment l'industrie cinématographique s'est relevé de ses crises pour nous servir des films de qualité ayant trouvés un large public. Les crises (suite) |