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"8 femmes" dans la danse...
La danse est un temps d'émotion suscitée par le geste mais c'est, aussi,
un dévoilement de l'être dans l'expression instantannée du corps. Le film
est centré sur les huit personnages féminins dont le caractère se révèle
progressivement, et notamment au cours de leur prestations
chorégraphiques. Chacune d'elles va réaliser une danse qui en dit long
sur ce qu'elles sont.
Plusieurs inspirations ont guidé Sébastien Charles, le chorégraphe de "8
femmes". Il y a, comme dans le film, un subtil mélange de références
populaires - les comédies musicales hollywoodiennes ou les
mouvements choraux - et d'autres plus raffinées - notamment Robert
Wilson.
Du bouillonnant "yéyé" de Ludivine Sagnier aux glamoureux
déhanchements de Catherine Deneuve, les masques tombent avec la
danse. C'est une façon pour les personnages d'imposer leur
personnalité aux autres: la rébellion de la jeunesse (Ludivine Sagnier), la
femme adolescente et fragile (Virginie Ledoyen), la charmeuse
(Catherine Deneuve), la vamp (Fanny Ardant), l'animale (Emmanuelle
Béart), la femme blessée (Isabelle Huppert), la tendre (Firmine Richard)
et la nostalgique (Danielle Darrieux).
Le résultat de ces recherches chorégraphiques est surprenant. Il faut
noter, en particulier, le sublime solo d'Isabelle Huppert inspiré du
"Orlando" de Robert Wilson. En plan serré, François Ozon capte toute
l'émotion d'une gestuelle retenue sur l'air de "message personnel".
Le décor kitsch 50's peut rappeler les décors de la chorégraphe
allemande Sacha Walz mais celui-ci avait plus pour fonction d'accentuer
le huis-clos. Il permet, toutefois, ces chorégraphies de groupe comme
pour Ludivine Sagnier, accompagnée de Catherine Deneuve et Virginie
Ledoyen. Le duo Sagnier / Ledoyen est, pour sa part, un jeu sur le geste
mécanique, une recomposition des attitudes pour une jeune fille.
Sébastien Charles écrit au sujet de ce passage qu'il voulait "quelque
chose de léger et d'innocent, qui aille dans le même sens que son
costume".
"8 femmes" joue, en effet, sur une cohérence complète entre les
personnages, les costumes, les chansons et les chorégraphies. La
saillante robe rouge de Fanny Ardant lui permet de faire un tour de
charme digne des films américains des années 50. S'il joue avec des
éléments décallés, cela reste en parfaite harmonie avec l'ensemble : un
grand spectacle...
Serge
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