|
|
|
| |
Les inspirations artistiques
Au départ, il y a l'idée de réaliser un film composé uniquement de femmes, à l'instar de Women de George Cukor.
8 femmes est, à la base, une pièce de théâtre policière, écrite par Robert Thomas, auteur de " boulevard " dans les années 60-70.
On retrouve le schéma narratif d'Agatha Christie (Les 10 petits nègres, Le crime de l'Orient express). On sait que l'une des 8 femmes est a priori coupable, mais on ne sait pas laquelle, puisque toutes mentent, même quand elles sont innocentes.
François Ozon a donc eu l'idée d'un " film anti-naturaliste, qui privilégie la stylisation et l'artifice au profit de la beauté et du glamour féminins ".
Ici, il n'y a pas de sexe, donc, même si le cul est sous jacent dans toutes les névroses, dans chacun des motifs des protagonistes. Donc rien de suflureux dans une époque qui nous semble de toute manière démodée, au moins dans les mœurs.
Contrairement au cinéma de cette période (les années 50), Ozon veut un film très coloré, et non pas en noir et blanc. Les références sont en technicolor, des comédies musicales de Minelli aux mélos sirupeux de Douglas Sirk. Saturés de couleurs. Jeanne Lapoirie, la chef op' (Sous le sable, Emporte-moi, Les Voleurs), a donc recréé les aspects du technicolor. Il fallait éclairer 8 visages différents (les plus jeunes ont eu le droit à un travail de lumière plus modernes, tandis que les deux glamours - Deneuve et Ardant - ont bénéficié de lumières frontales). Lapoirie a aussi créé des ambiances de " scène " pour les chorégraphies de Ardant, Deneuve, et Huppert. Pour des perfectionnistes comme Huppert et Deneuve qui savent parfaitement comment être éclairées, cadrées, maquillées, le défi était imposant. Les essais-maquillage furent orchestrés. Ce fut un vrai travail de préparation, qui allait des costumes aux coiffures.
Pascaline Chavanne, chef costumière, n'a pu s'aider non plus du cinéma français de l'époque, où tout apparaissait trop terne. Là encore, les anglo-saxons ont été bien plus influents : Sirk mais aussi Hitchcock (qui s'inspirait fortement des magazines de mode pour mettre en valeur ses blondes héroïnes). De Cukor à Wilder, les Américains ont puisé leur modèle dans les créations de haute couture. Il fallait amplifier la beauté de chacune, illustrer leur condition sociale, quitte à jouer avec les invraisemblances. Aucune n'a les chaussures adéquates pour marcher dans la neige. Mais chacune a sa couleur : rose pour Ledoyen, vert pomme pour Sagnier, marron pour Huppert, rouge et noir pour Ardant… Il fallait viser la cohérence et l'excès.
Christian Dior, le plus grand couturier de l'après-guerre (celui qui lança Yves Saint-Laurent), fut le maître à penser du film. Hyper-féminin, le créateur est adulé en Amérique, et Hollywood se l'ai souvent approprié. Le chic français par excellence.
De l'avis de la costumière, Deneuve est inspirée de Lana Turner, Ardant d'Ava Gardner… Même Huppert en Gilda ne peut rivaliser avec Deneuve. Mais chacune porte son costume comme on arbore une arme. De la fourrure léopard aux guêpières de la bonne, du look Barbie aux lunettes papillon d'une vieille fille, chaque détail a son importance….
Reste le décor, d'Arnaud de Moléron, qui devait s'accorder aux lumières et aux costumes. Il travaille avec Ozon, Denis, Masson. Dans un plateau de 1300 mètres carrés, il invente une pièce principale, où 8 femmes pouvaient évoluer, se cacher, danser. Il créé donc une demeure d'inspiration anglaise (XIXème siècle), ce qui accentue l'aspect mystérieux et policier. La voiture est une Dauphine (Renault) des années 50. Et un immense escalier dessert des chambres qu'on voit rarement. Un piano, un placard, un vestibule, un coin salon… tous les autres détails ont leur justification.
A cela s'ajoute les chansons et les chorégraphies.
Vincy
|
| |
|
|
|
|