Frederic Raphael, co-scénariste du film
Raphael est né à Chicago en 31. Eyes Wide Shut est un travail de co-écriture. Kubrick a donc fait appel à son ami Frederic Raphael, auteur spécialiste des philosophes grecs,
romancier mais aussi scénariste et réalisateur.
Sa seule réalisation est un des épisodes (Women & Men 2: In Love There Are No Rules) de la série qu'il a conçu (Women and Men: Stories of Seduction). Son premier script - Bachelor of Hearts - date de 58. 7 ans plus tard il se fait remarqué avec Darling, Oscar du meilleur scénario original. Puis en 67, avec Two for the road (qui réunit Audrey Hepbrun et Albert Finney) qui lui vaut une nomination à l'Oscar du meilleur scénario original. En Grande
Bretagne, il recevra le même doublé (Meilleur scénario pour Darling, nomination pour Two for the road) aux prestigieux BAFTA. Il écrira même La Putain du Roi (production française de 90).
Les yeux pour lire
Expert en dialogues. Sans doute un héritage de sa passion pour Platon, Sophocle, Aristophane et cie. Mais Raphael est tout sauf ennuyant: il y mêle toujours de l'humour, des dialogues percutants et légers, dans un contexte parfois cruel pour les protagonistes. Son récent best-seller Coast to Coast ressemble d'ailleurs beaucoup à Eyes Wide Shut, le sexe en moins.
Mais Raphael n'a pas fait qu'écrire des romans et des scénarii. Il a aussi
rédigé un livre, très controversé, Eyes Wide Open: A Memoir of Stanley Kubrick.
Certains l'accusent de vouloir se faire du fric sur le dos (mort) du maître. Il y a des temples qu'il ne faudrait pas prophaner.
Or ce livre (au titre biographique) ne rapporte que quelques conversations,
quelques fax, quelques visites. Malentendu? D'autant que Raphael y écrit beaucoup à propos de lui. Arrogance? Controversé parce qu'on apprend peu de choses sur Kubrick si ce n'est qu'il
aimait les animaux, qu'il reniait ses origines juives, et que Rapahel se fait de la pub par opportunisme: du titre du bouquin à la date de sortie (juste avant le film), pour un résultat à 12$ en librairie et 190 pages.
Donc il s'agit plus d'un Verbatim entre les deux scénaristes du film qu'un
"making of" d'EWS. Le livre ne fait que montrer la complexité du caracatère de Kubrick, sans nous l'expliquer. Raphael n'a pas voulu divulguer plus de détails sur son ami. Quitte à se
facher avec la famille Kubrick en révélant des "accros" médiatisables (et souvent repris hors contextes). Ou alors il n'en savait pas plus, à l'instar de beaucoup...
En tout cas il ne nous apprend rien, ou pas grand chose, sur le travail de
co-écriture du film, sur les méthodes de Kubrick, sur l'origine du film.
Vanités Foire
Le procès d'intention ne fait que commencer. Dans son édition d'Août 99,
Vanity Fair donne la parole à Michael Herr. Herr, ex-journaliste de Esquire, auteur de Walter Winchell: A Novel (90), fournit son avis sur Kubrick (en 12 000 mots rémunérés). Il a rencontré le cinéaste en 80, via John Le Carré (le romancier). En 87, Kubrick et Herr ont écrit le scénario de Full Metal Jacket. Une guerre des co-scénaristes sera-t-elle enclanchée?
En tout cas, on en apprend plus, rayon potins. Pauvre Stanley. Le reclus se
transforme en parleur. L'homme n'était pas solitaire, puisqu'il passait des heures au téléphone. Cet exilé "idéologique" était nostaligique de son pays, les USA. Il se faisait importer des cassettes vidéo de football américain, de pubs et de sitcoms (Rosanne, Seinfeld, The Simpsons...). Il envisageait même de déménager à Vancouver ou Sydney. Il discutait d'Hérodote et de Louis-Ferdinand Céline (son favori parmi les anti-sémites). Bref un esprit animé d'ouverture.
Herr (qui a remanié quelques scènes d'EWS) rentre surtout en conflit avec Raphael sur l'anti-judaïsme de Kubrick. Selon Michael Herr, Kubrick ne reniait pas ses origines et adoraient les blagues juives.
Bref, en livres ou dans les magazines, les témoignages sur SK ne font que
commencer. on doit s'attendre à tout, comme pour le tournage de EWS: plus de rumeurs (sordides) et de fantasmes (filmés) que de faits et de vérités. Etonnant que ce soit deux co-scénaristes qui s'y collent, par écrit, qui plus est maladroitement.