(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Après ON A TRES PEU D’AMIS de Sylvain Monod et le court-métrage Les Corps ouverts de Sébastien Lifshitz, Margot Abascal nous raconte son parcours de comédienne. |
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Ecran Noir : “Qu’est-ce qui t’a donné envie d’être comédienne?”
Margot Abascal : “Au départ, j’ai décidé de devenir actrice à l’âge de 16 ans et demie, ça s’est fait concrètement d’un coup parce que j’avais entendu parler de la classe libre de Francis Huster à l’école Florent qui est une classe gratuite. Et il y avait des gens que j’admirais beaucoup comme Maruska Detmers, notamment, qui avait tournée avec Jacques Doillon LA PIRATE. C’est un film dont j’étais tombée amoureuse et donc voilà, j’ai appris que Maruska Detmers, qui jouait dans ce film, était à l’école Florent. J’aimais énormément Francis Huster aussi. Donc, voilà, le déclic s’est fait comme ça. Mais, avant je ne pensais pas être actrice, j’avais eu des révélations artistiques, c’est-à-dire, il y a des films que j’avais vue petite par hasard à la télévision parce que mes parents ne m’ont pas spécialement baignée dans une... Ce n'était pas des cinéphiles spécialement. Et ce sont des films qui m’ont marquée, qui me révélaient à moi-même, et qui m’apprenaient le monde. C’est une formule un peu sérieuse, mais ça s’est un peu passé comme ça. Puis, en plus de certains films, il y a eu la photographie. J’étais très fascinée et attirée par la photographie. Voilà, j’ai eu un éveil artistique, l’art m’attirait beaucoup. En plus de l’oeuvre artistique elle-même, je sentais que c’était une autre forme de vie, comme un art de vivre à travers l’art. Mais actrice, non j’étais pas spécialement fascinée. J’étais fascinée par les personnalités comme Marilyn Monroe, mais pas forcément par des actrices pour leurs métiers. C’était plus ce qu’il y avait autour ou leurs personnalités qui me fascinait. Bon, et puis ce déclic, donc comme je le disais, à l’école Florent, où j’ai commencé à apprendre concrètement mon métier.”
EN : “ Après l’école Florent ?”
MA : “Vient d’abord un film. J’étais rentrée depuis quelques mois chez Florent quand Didier Kaminka est venu faire son casting dans cette école pour son film PROMOTION CANAPÉ. Et il cherchait une jeune inconnue pour le rôle principal au côté de Thierry Lhermitte, Grâce de Capitani, Zabou, Patrice Chesnais, Michel Sardou, Claude Rich et Jean-Pierre Castaldi. Et donc, il m’a rencontrée là. J’ai fait ce film qui a obtenu un certain succès commercial. J’ai fait la promotion du film pendant plusieurs mois après. C’est un film qui m’a pris du temps, j’avais le rôle principal et c’était mon premier film. Et c’était fort pour moi! Ensuite, j’ai fait une autre démarche : ne pas retourner à l’école, mais au Conservatoire.”
EN : “Donc, tu as fais un court-métrage de Max Berto...”
MA : “ Non, la première fois que j’étais à l’écran, c’était pour une publicité réalisée par Francis Huster sur les bagages Guy. Ca, c’était le premier clip, où il avait prit plein d’élèves du court Florent. Il y avait aussi un court-métrage d’Elie Chouraqui qu’il avait réalisé avec la classique de l’école Florent. Et puis, le court-métrage de Max Berto avec Pierre Santini.”
EN : “Depuis, quelques années, tu alternes entre long-métrage et court-métrage, vas-tu continuer à faire des courts-métrages? Ou penses-tu maintenant te concentrer sur les longs-métrages?”
MA : “Non, peu m’importe la durée, la longueur si ça me plaît et si c’est bien.”
EN : “Au niveau des courts-métrages, quel est ton meilleur souvenir?”
MA : “Mon meilleur souvenir, c’est difficile.”
EN: “Ou le pire?"
MA : “J’ai jamais eu de mauvais souvenir de travail avec des réalisateurs ou une équipe. Après, il y a des tournages plus ou moins douloureux pour des raisons personnelles notamment pour un film de Vincent Merlin, qui fut d’ailleurs au Festival des Acteurs à l’Écran à Saint-Denis, qui s’appelle LA CHANSON D’ENEIDA, c’est un joli film. Et j’ai perdu mon père sur ce film. C’était douloureux bien sûr, mais en même temps voilà... Certaine fois, il y a des tournages qui sont liés à des choses personnelles et qui sont parfois difficiles. Mais, dans le travail, j’ai toujours eu de bons rapports. Mon meilleur souvenir sur un court-métrage, c’est le court-métrage d’Eric Semeur, qui se passait en Bretagne avec Arielle Dombasle, Caroline Tresca, Gabrielle Lazure, Christian Route et d’autres actrices et moi. Cela s’appelait MONSIEUR, je garde un très bon souvenir parce que je suis née en Bretagne, c’était tourné au Conquet, qui est une très jolie région.Et c’était très sympa de retrouver toutes ces femmes, nous étions très bien logées à l’hôtel du Conquet. On tournait dans un maison magnifique. J’ai rencontrée Arielle Dombasle qui est une jeune femme formidable.”
EN : “Qu’as-tu gardé comme souvenir aux côtés de Claude Lelouch et Jacques Doillon?”
MA : “Ce sont de grands hommes du cinéma. Ils ont la passion de ce métier, ce sont en même temps des travailleurs. Déjà, ce sont deux qualités qui me séduises forcément. Et ils ont une telle expérience que les choses se font de manière pas faciles, mais naturelles. Et on n'a pas besoin forcément de se parler pour que les choses se passent. Et c’est un vrai plaisir, une vraie réjouissance de tourner avec eux. Pour moi, ça s’est vraiment bien passé.”
EN : “La façon dont ils dirigent les acteurs...”
MA : “C’est très simple, justement. C’est vrai qu’un jeune réalisateur est plus inquiet, ce qui est normal parce qu'il plus maladroit, ça va être plus âpre, plus difficile, plus violent. Et même temps, cela a beaucoup de charme, et puis c’est bien de travailler comme ça. En l’occurrence, avec Jacques Doillon et Claude Lelouch qui sont chacun des hommes très différents. Mais, il y a une certaine aisance, en fait au bout du compte, mon expérience respective avec chacun, il reste plus que le plaisir de travailler parce que tout le reste est peut-être évacué. Ca ne veut pas dire que ça ne veut pas dire angoisser, on va à l’ essentiel tout de suite. Et ça c’est très agréable.”
EN : “Tu as tourné aussi pour la télévision dans un téléfilm de Pierre-Granier-Deferre, quels sont les principales différences entre un téléfilm et un long-métrage?"
MA : “C’est bien la télévision... On va beaucoup plus vite qu’au cinéma alors c’est un peu frustrant parfois. En même temps, c’est bien de travailler pas efficace mais plus rapide, ça permet de moins se prendre la tête. C’est plus professionnel. Je crois que la télévision française offre parfois de jolis rôles que le cinéma n’offre pas toujours. On n’hésite pas à créer à la télévision des rôles de folles et de meurtrières. Tu vois des rôles très marqués qu’on retrouve moins souvent dans le cinéma malheureusement. Il y a plus d’imagination dans les rôles, après le scénario manque parfois d’exigence. Pas toujours, mais peut-être trop souvent.”
EN : “Dans PROMOTION CANAPÉ, LE ROCHER D’ACAPULCO et ON A TRES PEU D’AMIS tu interprètes des rôles durs, voir viscéral. Comment prépares-tu tes rôles? Aimes-tu jouer ce genre de personnages?”
MA : “Chaque expérience est différente, chaque tournage, chaque réalisateur est différent. Donc, la manière de travailler est chaque fois différente. Puis, moi je n’ai pas prévu qu’on m’offre ces rôles-là. Il se trouve que dans l’imagination de ces trois réalisateurs, je correspondais à ce rôle-là. Effectivement, ce ne sont pas des rôles de gentils, ou apparament gentils, mais en fait beaucoup plus durs que ça. Dans la vie, je suis quand même assez gentille (rires)... Alors, après comment travailler le côté dur, ça dépend. Dans le film ON A TRES PEU D’AMIS, le rôle, c’est vrai que c’est une fille qui n’est pas tendre et même temps, d’abord c’est une comédie, c’est un personnage assez tranquille aussi. C’est-à-dire, qu’elle est sexy, elle est jolie, elle en joue , elle s’amuse. Donc, moi ça m’a amusé de le faire. C’était peut-être le rôle où j’ai pris le plus de plaisir ludique à jouer parce que c’était un rôle de composition et en plus c’était sur un ton léger. Et en plus, Sylvain Monod m’a dit que ce rôle était inspiré de Kim Novak dans VERTIGO. Donc, ça m’a beaucoup fait rêver. Donc, voilà, ça, c’était plus du jeu, c’était pas douloureux. C’est un personnage qui ne souffre pas, c’était plus dans l’amusement. Puis, le fait d’être blonde au départ, ensuite brune, c’était juste dans la séduction. LE ROCHER D’ACAPULCO, c’était beaucoup plus douloureux. C’est vrai que c’était pas simple à faire. Laurent Tuel, c’était son premier film, donc forcément il tâtonnait, il essayait plein de choses, c’était un petit budget, il n'y avait pas beaucoup d’argent, c’était une petite équipe. C’est vrai que l’histoire est difficile.”
EN : “Laurent Tuel a été aussi important que Didier Kaminka?”
MA : “Oh oui! sur un plan totalement différent. C’est pas du tout la même aventure et pas les mêmes styles de films. Mais, bien sûr, c’était une rencontre avec Laurent.”
EN : “Quel rôle aimerais-tu jouer au cinéma?”
MA : “J’ai des références de théâtre. Dans les pièces, j’aimerai beaucoup jouer la MOUETTE de Tchekov dans le rôle de Nina ou plus tard Olga, Irina dans LES TROIS SOEURS. Les personnages de Tchekov ça j’aimerai beaucoup jouer ça. C’est vrai qu’au cinéma le rôle de Kim Novak dans VERTIGO, ça aurait été un rôle que j’aurais aimé jouer.”
EN : “Tu as fait beaucoup de théâtre?”
MA : “Alors la première pièce que j’ai fais... J’ai joué une pièce à la Michodière avec Maria Pacôme trois mois avant de jouer dans PROMOTION CANAPÉ. J’ai joué le rôle de sa fille et j’ai rencontré Maria Pacôme qui est une comédienne formidable, très rock en roll’ et j’étais très heureuse de travailler avec elle. Après, j’ai joué une pièce formidable de Copi, un metteur en scène argentin. La pièce s’appelle L’HOMOSEXUEL ET LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRIMER. C'était mis en scène par Philippe Adrien et c’était au théâtre de la Tempête. C’était une aventure formidable de faire ça. Et on va d’ailleurs reprendre la pièce en octobre prochain au théâtre de la Tempête.”
EN : “Quels sont tes projets?”
MA : “J’attends une proposition de cinéma, mais je ne le dirais pas maintenant.”
EN : “Quels sont les réalisateurs avec qui tu voudrais un jour tourner?”
MA : “J’aimerai beaucoup tourner avec Philippe Garrel qui est peut-être mon réalisateur préféré. J’espère qu’un jour ça se fera. J’aimerai bien sûr jouer dans un film en Angleterre ou aux Etats-Unis.”
bertrand
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