Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Entretien avec FRANÇOIS GIRARD.Homme multimédia et intellectuel analytique. Le réalisateur du Violon Rouge parle avec ferveur de cette fresque fétichiste et mondialisée.
EN - Je trouvais qu'il y avait des accents de Lelouch dans votre film...





François Girard - Je vois ce que tu veux dire. Lelouch est un peu comme ça, dans la fresque, il débodre dans le temps. Je vois ce rapport là. J'ai jamais spécifiquement à ça. Maintenant que tu le dis...

EN - Dans la façon de déstructurer le scénario, de raconter l'histoire, la place de la musique au coeur du film...Ma première question concernait votre sécnario. Don MCKellar nous a avoué que vous aviez faits beaucoup de recherches. Etrangement, ce ne sont que des personnages fictifs dans votre film. Pourquoi avoir créé Bussotti au lieu de repredre Stradivari, Guarniari ou Amati?

FG - C'est un réflexe qui s'explique bien. Si tu veux faire de ces 5 histoires une seule histoire, ce qui était déjà un défi au niveau du récit, de la narration, ça pose des contraintes énormes. Les maîtres luthiers dont tu parles, Stradivari, Guarniari et Amati, n'ont jamais fait au violon ce dont on avait besoin.

Il y avait une liberté à créer un personnage fictif qui nous permettait de construire et de se mettre au service de cette grande histoire, sans trahir de personnages historiques. Ça nous donnait la liberté de créer des liens qu'on voulait créer, d'avoir cet enfant pendant la Révolution Culturelle, qui va soudainement aboutir à Montréal... Quand on joue avec des personnages existants - c'est quelque chose que je connais parce que mon dernier film était à propos de ça - à un moment, au bout de cette idée là, il y a une question de justesse. Si je me décide de faire un film sur Glenn Gould, tout doit être Gould: la façon dont il pose ses choses sur une table, la façon dont il marche, la façon dont il s'habille. L'évocation d'un personnage est en soi une démarche. Raconter l'histoire d'un violon imposait une liberté au niveau des personnages.

C'est plus intéressant d'avoir un lien avec l'Histoire, mais plutôt dans son côté tapisserie: on voyage dans le temps, on a l'Histoire qui défile derrière un peu floue, un peu loin, et on se concentre plutôt sur l'aspect intime et fictif. Je crois pas que les personnages de fictions existent. C'est un peu une abstraction. Evidemment que tous ces personnages existent dans L,echo de ce qu'on connaît, dans les gens qu'on a rencontré, les personnages qu'on a lu. C'est la même histoire dans Le Violon Rouge.

La première couche de recherche était de déterrer dans l'histoire de la lutherie, dans la littérature, dans toutes les sources possibles, des anecdotes, des faits vécus...On s'est imprégné de tout ça. Il y a un paquet de détails, de moments qui ont survécu dans le film. Donc il y a un lien entre l'Histoire et ce qui se passe avec mes personnages. Poussin est un exemple. L'inventeur du métronome existe 20 ou 25 ans après l'époque de Poussin dans mon film. C'est un fait, c'est écrit dans les dictionnaires de musique: l'invention du métronome c'est quelque part en 1810, avec l'arrivée des grands orchestres. Nous avons donc créé un personnage qui était le précurseur de ça, le prototype expérimental, qui s'appelle le "Poussinmètre".


   vincy