(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Brad Anderson a passé son temps dans les avions. Le voici à Montréal pour le FFM, avant d'aller à Deauville pour peut-être récolter le grand prix, sans parler de la promo US de son film. Next Stop Wonderland (Et plus si affinités) est plutôt apprécié des critiques, mais peu de gens se disputent le cinéaste... |
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Lonely or not lonely
En allant interviewer Brad Anderson je ne m'attendais pas à me trouver nez à nez avec un jeune américain, lunettes carrées et tenue sportswear... Vu l'heure, le café s'imposait pour nous maintenir l'un et l'autre en forme! C'est donc au bar du foyer de l'hôtel Wyndham que se déroula l'entretien.
Bruyant, même quand il n'y a personne (!), cela m'oblige à élever la voix dans mon anglais de française... Lui aussi s'excuse pour son "bad accent", il vient de Boston, je vais, d'ailleurs, vite m'en apercevoir!
Next Stop Wonderland, acclamé par la critique américaine, se veut être une comédie romantique mettant en scène une yuppie indépendante et forte souhaitant rencontrer un homme. Parralèlement, évolue Alan qui "se consacre à son rêve et son métier".
"Leurs vies sont similaires parce qu'ils n'ont pas!!" (beg your pardon?). Eclairssissant ses propos Brad Anderson explique qu'ils sont tous les deux à la recherche d'affection, "elle a perdu son frère, et lui, son père est parti on ne sait où".
Pour mieux me décrire le caractère de l'héroïne, le réalisateur me conte "l'histoire de la princesse qui ne souriait jamais. Son père et sa mère font tout pour elle, jusqu'au jour où elle rencontre LE Chevalier qui la fera sourire", mignon, non?
Cependant le film va au-delà et aborde le sujet de la solitude. "On se base sur sa vie et on l'incorpore dans le script". On apprend ainsi qu'ayant vécu seul à Boston, Brad a rêvé de travailler dans un aquarium et a aussi utilisé les "petites annonces"!
Une expérience qu'il qualifie d'intéressante, "pour fausser les impressions tous les gens portent des marques, les femmes voulant impressionner les hommes et inversement."
Et le fait que les deux protagonistes ne se rencontrent pas avant la fin? C'est "un challenge; si cela marche, cela permet de créer des situations amusantes". D'après Anderson il existe un potentiel à développer lorsque deux personnes se "loupent durant tout le film".
De plus, il laisse le soin au spectateur de deviner si il y aura en effet une relation, avec son collègue, Lyn Vaus, ils ne voulaient pas d'"une fin hollywwoodienne avec un mariage et des enfants!".
En parlant de Lyn, avec qui Brad Anderson a co-écrit le scénario, le réalisateur insiste sur l'utilité de connaître l'avis d'une tierce personne qui "n'hésite pas à lui dire si il est mauvais ou débile et inversement..."
Indépendants, partez à l'aventure!
Même si son propre film est romantique, Anderson, affirme que trop d`histoires d'amour sont portées à l'écran. Actuellement "tout le monde peut faire un film, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne chose". Selon lui, les réalisateurs doivent explorer de nouveaux sujets.
D'ailleurs le fait de s'éloigner de New-York ou Los-Angeles et de tourner en "campagne" permet de diversifier les thèmes traités. "Les réalisateurs doivent prendre des risques, faire des choix non conventionnels", comme d'introduire du jazz dans un film parlant des "urbains de Boston".
De plus "ils doivent trouver leur propre style, il est dommage de voir des jeunes qui veulent être le prochain Martin Scorsese ou Spielberg". C'est pour cette raison que Anderson admire tant Lars Von Trier, "il a su créer son propre vocabulaire, sa propre vision."
Il avoue aussi aimer Woody Allen, Peter Weir ou encore Spielberg. Ce dernier "a utilisé, dans Schindler's List et Saving Private Ryan, les mêmes techniques qu'un indépendant" (caméra à l'épaule, plans saccadés...). Il me fait remarquer combien "les petits films influencent Hollywood et non plus l'inverse. Même si on peut apprendre des deux.".
Dans son prochain film, Brad compte appliquer ces bonnes paroles, vu que Lullaby explore un nouveau genre chez les indépendants : "le psychologique-horreur"! D'autant qu'ayant la chance d'être produit par Miramax, il aura plus d'argent à sa disposition. D'après lui "on ne trouve plus de films qui vous font froids dans le dos comme Rosemary's baby!".
Do you use Internet?
Enfin, nous nous attardons sur les festivals. Habitué d'y traîner ses baskets (Deauville, Sundance, Montréal...), il admet volontiers que le circuit est essentiel, notamment pour les films n'ayant pas encore de distributeurs, mais il déplore leur nombre croissant, "toutes les petites villes montent leur propre festival". En parlant de Sundance, il ajoutera "c'est le meilleur, mais on y parle trop d'argent, le film est presque ignoré!". Mais ça lui permet de "voyager, rencontrer des gens intéressants". Il espère en faire encore plusieurs, ce qu'on lui souhaite!
Avant de nous quitter, notre discussion dérive sur Internet. Il y passe des heures, surtout sur les chats, même si il trouve cela frustrant et limité si on veut apprendre à connaître quelqu'un.
En effet, rien ne remplace les "You know" présents dans toutes ces phrases, qui d'ailleurs sont rarements finies avec Brad Anderson! Typiquement américain.
Alix, septembre 98
alix
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