(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Grand, blond, d’une carrure impressionnante et d’un calme olympien, le réalisateur danois Anders Ronnow Klarlund accueille le retard de notre rendez-vous avec une sérénité déconcertante qui trouble un peu… c’est un homme sensible et doux, un auteur qui a choisi avec ses armes à lui de communiquer sur notre conjoncture mondiale et qui a bien réussi sa tâche !
Le Fil de la Vie, au delà de sa beauté esthétique formelle, nous pousse en effet à porter un autre regard sur ce qui nous entoure… |
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Ecran Noir: Quand avez-vous pris conscience de la vocation qu’aurait votre film et pourquoi vous avez-vous choisi de faire un film de marionnettes?
Anders Ronnow Klarlund: Lorsque nous avons commencé à écrire, la scénariste, Naja Marie Aidt, et moi-même étions, surtout préoccupés par des problèmes contemporains : la guerre de Bush contre le terrorisme, le racisme au Danemark, notamment ; nous avions déjà écrit la moitié d’un scénario quand nous nous sommes dit qu’une histoire comme celle que nous étions en train d’écrire ne pouvait que convaincre un public déjà convaincu. Alors voilà notre envie : renforcer vos convictions, si le film vous a plu, qui sont aussi les nôtres sur ces points.
Nous nous sommes dit que les marionnettes étaient le seul moyen innocent de faire passer les choses très dures de notre scénario ; nous voulions employer, comme Andersen le faisait à travers les canards et les cygnes qui peuplaient ses contes, des protagonistes innocents pour parler de réalités âpres.
EN: Chaque personnage du Fil de la Vie semble vivant. Ce sont des marionnettes mais dès les premières minutes du film on oublie complètement cette réalité ; comment avez-vous réussi à créer une telle humanité, à donner une telle vie à vos personnages ?
ARK: A partir du moment où nous avons choisi de faire un film de marionnettes, nous avons eu d’énormes contraintes : les marionnettes ne faisant aucun mouvement avec la bouche par exemple et, n’ayant aucune expression faciale, il nous a fallu trouver d’autres moyens pour faire passer leur personnalité et ce qu’il y avait à l’intérieur de chacune d’elle.
L’importance du choix de la matière des marionnettes (et du coup, le rôle de cette matière) est devenue fondamentale. Pour cela, tout est alors parti d’un jeu entre nous à la cantine ; nous nous demandions en regardant passer les gens « Lui, comment ferions-nous pour qu’on voit sa personnalité s’il était une marionnette ? Quelle matière choisirions-nous pour qu’on puisse percevoir son caractère ? ». Il y avait par exemple un homme âgé, un peu austère ; on s’est dit que, lui, on pourrait peut-être réaliser sa marionnette, si nous avions à la faire, en roc, en pierre, en une matière un peu froide ; il y avait une petite jeune femme très très fragile aussi ; pour elle, nous nous sommes dit que nous pourrions la réaliser en puzzle, en une matière fragile. Et ainsi de suite, nous avons tenté de traduire en matériaux la personnalité de chacun.
EN: Ce film n’est pas tourné comme un film traditionnel de volume, image par image ; comment faisiez-vous bouger les yeux des personnages ?
ARK: Il y avait à l’intérieur des fils de vie au-dessus de la tête des personnages d’autres fils transmetteurs qui permettaient aux marionnettistes de commander depuis le sommet l’orientation des yeux.
EN: Le personnage de Jhinna est en porcelaine avec un énorme trou à la place du ventre. Quelle est l’explication de ce vide abdominal ?
ARK: Le personnage de Jhinna est un personnage extrêmement sensible et clairvoyant (c’est pour ça qu’elle a de si grands yeux). Elle ressent tout un tas d’émotion dont elle ne sait pas quoi faire. Elle souffre d’ailleurs énormément de ça, ce qui a fini par devenir une anorexie chez elle, représentée par ce trou au milieu du ventre.
EN: Quel est le personnage qui vous séduit le plus, celui qui suscite chez vous le plus d’émotion ?
ARK: Sans hesiter : Jhinna. J’ai été très touché par la scène où Jhinna joue de la harpe imaginaire. Dans un tournage qui a été très chaotique, très fragmenté, ce moment a été un moment très beau à tourner. Et puis il y a aussi le fait que ce soit un personnage très doux, qui marque…, tout ça m’a beaucoup ému, Jhinna m’a beaucoup touché.
EN: Pourquoi est-ce qu’Hal ne retrouve pas sa couleur originale à la fin du film ?
ARK: Parce que je voulais qu’il reste une trace visible de son expérience, qu’il soit différent physiquement du personnage qu’il incarnait au début du film. S’il avait retrouvé sa couleur d’origine à la fin du film, ça aurait nié ce qui s’était passé.
EN: Quatre années pour un film magnifiques mais quatre années quand même. Avez-vous été tenté d’abandonner ? Quelles ont été les principales difficultés pendant le tournage ?
ARK: Les scènes les plus difficiles ont été les scènes de dialogue ; trouver les bons gestes et les petits détails crédibles de vie pendant les dialogues.
…Et finalement les moments les plus spectaculaires, les scènes de combats, les scènes où les personnages plongeaient sous l’eau, étaient bien plus faciles puisque ce n’était que de la technique !
EN: Le travail de l’animation, et précisément celui de l’animation en volume, sert à la base une passion ; ne redoutez-vous pas que les nécessités de rentabilité se concilient mal avec la passion dans ce type de cinéma ?
ARK: L’animation numérique, selon moi, est une impasse pour le cinéma ; elle propose des choses trop détaillées, trop fournies, trop réalistes ; pour moi le contrat, le pacte, qui est établi entre le cinéaste et le public, c’est que le cinéaste ne montre pas tout. La communication ne peut pas marcher que dans un sens ; il faut aussi que le public fasse la moitié du chemin, il a aussi des choses à remplir, à faire pour que le contrat soit valide.
Aussi pour moi le type de cinéma que je sers dans un film comme Le Fil de la Vie est tout entièrement servi par la passion, une passion qui donne son souffle au film, une passion qui séduit son public qui finit par la contracter comme on contracte une maladie. Le public du cinéma en volume est un public souvent averti qui vit une aventure passionnelle avec ce type de film ; la quantité ne pourra pas supplanter la richesse et la qualité de ce type de cinéma.
EN: Le Fil de la Vie est votre premier film d’animation ; de quel cinéma vous revendiquez-vous ? Quels sont vos pères en cinéma d’animation?
ARK: Les films dont je me sens le plus proche sont toujours des films qui me permettent en tant que spectateur de rentrer dans le film, qui me donne l’impression de participer au film. Selon moi, en tant que cinéaste, en tant que réalisateur, il y a deux manières de procéder pour faire du cinéma : il y a celle qui décide de présenter quelque chose de définitif au public, en leur disant « voilà, c’est comme ça » ; pour moi, cette façon de procéder dépossède le public de son pouvoir de réaction. Elle ne m’intéresse pas.Vendita calda Replica Rolexnel Regno Unito, 70% di sconto e spedizione gratuita, disponibile con orologi Rolex, Omega, Breitling, Hublot falsi e altri.
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Et puis il y a celle qui propose un cinéma plus ouvert, plus interprétable par le public ; voilà aussi pourquoi j’ai décidé de donner une fin aussi ouverte à mon film.
En l’occurrence, les cinéastes dont je me sens le plus proche sont Cassavets, Bergmann, … Voilà, je pense, aussi pourquoi j’adore Dracula : dans ce film, on voit très bien que tout est faux, tout est fait en studio, on ne croit absolument pas qu’on est en Transylvanie ; on voit très bien que les gens jouent ; mais pour moi, c’est pas grave : ils font 50 % du travail et ils nous laissent faire un effort, nous, public, celui de pénétrer dans leur univers.
EN: Y a-t-il un making off du film de prévu ? (Parce que forcément, c’est presque aussi intéressant que le film lui-même).
ARK: Oui, il est d’ailleurs monté et prêt à diffuser.
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EN: Quels sont vos projets ?
ARK: Un film à « tout petit, petit » budget d’humour noir qui s’appellera : Les Misérables 2. Ca se passe de nos jours avec pour thème : les enfants de la révolution ont la télévision. Mais ce ne sera pas un film d’animation.
Bénédicte
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