(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Paris, juin 2006. Rencontre exclusive à l’hôtel Georges V à l’occasion du nouveau film d’animation Dreamworks, Nos voisins les hommes. Parmi les invités: Bruce Willis, immense star du cinéma d’action (Die Hard, Pulp Fiction, L’armée des 12 singes), Jeffrey Katzenberg, l’un des trois fondateurs de Dreamworks SKG, producteur et responsable de la partie animation, et enfin Karey Kirkpatrick, réalisateur et scénariste de films d’animation (Chicken Run, James et la pêche géante). La tension est à son maximum, j’entre dans la pièce réservée aux interviews et me retrouve en un instant face à face avec eux. Katzenberg et Kirckpatrick sont confortablement installés dans leur canapé, Bruce Willis est étalé sur son fauteuil, plus relax que jamais. Durant toute l’interview, l’acteur gardera une figure sérieuse et impénétrable des plus impressionnantes. |
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EN: Votre film sort à 3 semaines d’intervalles de celui de Pixar (aux Usa, le 19 Mai pour Nos voisins les hommes, et le 9 juin pour Cars). Du fait que vous bossez dans le même créneau, le film d’animation 3D, est-ce que vous vous sentez en concurrence avec Pixar ?
JK: Nous ne sommes pas directement en compétition, puisque Cars sera de toute façon un aussi bon succès ici en France qu’ailleurs dans le monde, et au moment où notre film sera sorti, les gens qui voulaient aller voir ce film l’auront vu. Est-ce que je pense que les gens comparent quelques fois nos films avec ceux de Pixar ? Oui je le pense. Nous sommes inspirés par le très bon travail qu’ils effectuent, et donc je pense que c’est une compétition bénéfique. Vous savez il y a suffisamment d’espace au dehors pour Dreamworks et Pixar, Blue Sky, pour faire du bon boulot.
EN: Comment s’est effectué votre travail avec les créateurs de la BD? Quel était leur part d’implication ?
KK: Ils étaient très impliqués. Ca aurait été idiot de ne pas les utiliser pour le film. Michael Fry et T Lewis sont deux artistes très doués, et cette façon dont ils voient le monde, c’est ce qui nous a plu dans leur BD. Ce sont de grands satiristes. Et donc T Lewis est intervenu très tôt dans le développement des personnages, en partant de croquis en 2D très stylisés jusqu’à leur intégration sur ordinateur. Il a collaboré avec notre équipe sur la production du film, et puis Michael Fry nous a aidé étape après étape. On lui envoyait des dessins, on lui demandait son avis sur les choses qu’on faisait, on le faisait venir dans nos studios, périodiquement pour lui projeter des bouts du film et pour qu’il nous écrive quelques notes. Grâce à leur participation, leur point de vue, leur sensibilité, on voulait s’assurer que le film capture bien le ton de la bande dessiné, même si cette BD ne raconte pas d’histoire précise.
EN: Vous avez déjà effectuez certains doublages, dans la série Bruno le kid notamment, les films Allo maman ici bébé, Beavis et Butt-Head se font l'Amérique… L’expérience était-elle différente?
BW: Oui c’était très différent. Allo maman ici bébé a été fait il y a bien longtemps, ça m’a pris treize heures pour faire le doublage. C’était juste moi à l’intérieur des studios, en train de regarder le film avec Amy Heckerling, j’essayais juste de la faire rire. Je sortais des trucs, différentes répliques, en essayant d’être drôle, des choses idiotes, stupides, qu’un enfant pourrait trouver amusantes dans cette situation. Ce n’est pas l’expérience que j’ai eue avec ce film. J’ai aussi fait la voix d’un chien pour un dessin animé en 2D. Le chien ne parlait jamais et c’était une sorte de nouveauté. Avec mon expérience sur Nos voisins les hommes, et si on m’en donnait l’opportunité, je reviendrais en arrière pour refaire complètement le doublage des Razmoket rencontrent les Delajungle (rires).
KK: Attention il pourrait te rappeler.
BW: Il n’a fallu que deux prises. Je me rappelle avoir dit au réalisateur du film: est-ce que c’est ça que vous voulez ? Est-ce que c’est le personnage que vous souhaitez? Est-ce que la voix vous convient? Parce que je peux le faire de différentes manières. Avec Karey et Tim, on a essayé des tas de différentes façons, jusqu’à ce qu’on se mette d’accord sur la voix, le niveau de sarcasme… On avait juste besoin de voir qui il était.
JK: C’est une véritable performance d'accordement. Bruce a un nombre de gammes très différentes sur lesquelles il peut compter. Il peut ajuster sa voix à un niveau donné, descendre très bas, à un niveau très calme, et il peut aussi élever sa voix. Et à chaque fois, ça lui donne une qualité différente. C’est un peu comme conduire une formule 1, il y a juste besoin d’un très bon pilote pour en tirer le meilleur parti.
KK: A une différence près, une grosse différence. Il s’agissait de seconds rôles. Ici c’est notre personnage principal. RJ est responsable du changement, c’est son histoire, c’est celui qui en tire une leçon, qui va et viens. Il a aussi plus de 300 répliques dans le film.
BW: Ce personnage a un départ terrible en tant que solitaire, et il devient peu à peu partie intégrante de la famille, tout en restant cruel avec les animaux. Donc oui, c’était un bien plus grand rôle, bien plus grand que mes anciens doublages.
EN: RJ est un personnage solitaire, à la fois voyou, malin, le sourire en coin. On pense à vos personnages de Die Hard, Sin City… Vous vous êtes pas mal retrouvé dans le rôle ?
JK: En fait je dois dire que l’inspiration pour le personnage était David Addison, dans "Clair de lune". Et c’est d’abord comme ça que l'ont définit Karey et Tim lorsqu’ils ont parlé du personnage. Comment il était, qui il était, comment ils l’imaginaient. Ils ont juste dit: comme le personnage de David Addison dans "Clair de lune". Et je leur ai répondu: très bien, pourquoi n’irions nous pas le voir ? Ne l’imaginons pas, allons le voir, peut être qu’il le fera! Ca a vraiment été la base de RJ, le personnage qu’a crée Bruce dans les années 1980. Il l’a en quelque sorte revisité pour ce film.
BW: Heureusement, je me souviens de lui, je ne saurais plus être cette personne. Ce qui s’est vraiment passé avec ce personnage, dans sa création, c’est qu’en 1984, David Addison était mon premier personnage, mon premier travail devant une caméra, si l’on excepte les quelques heures de répétition. David Addison, c’était vraiment moi à l’âge de 31 ans, cette sensibilité était très proche de la mienne à cette époque. Maintenant ça ne semble plus qu’un personnage, quelqu’un qu’on peut mettre de côté, laisser derrière nous, et dans cet optique, adapter en un petit raton laveur animé. Mais en 1984, c’était vraiment qui j’étais.
ninteen
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