Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Après la folie cannoise (deux journées entières à enchaîner les interviews), Matthias Luthardt, jeune réalisateur allemand, et Sebastian Urzendowsky, son interprète principal, apprécient le calme relatif de leur séjour parisien pour assurer la promotion de Ping Pong, le premier long métrage de Matthias. Ce dernier, qui semble encore un peu étonné qu'on s'intéresse à son travail, s'enthousiasme pour Paris et ses magasins regorgeant de dvd (il a notamment fait une razzia sur les coffrets Joseph Losey). Sebastian, lui, ne cache pas son attirance pour le cinéma et surtout les réalisateurs français… Comprenne qui pourra, il maîtrise parfaitement notre langue. Et c'est d'ailleurs dans un français impeccable que se déroule cette conversation à bâtons rompus autour du cinéma, des petits tournages et du travail d'acteur.
EN : En voyant PingPong, on se pose forcément la question de la part autobiographique. Vous êtes-vous en effet inspiré de situations et de personnes réelles ou tout est-il inventé ?

ML : Il y a beaucoup d'influences réelles, c'est vrai. J'ai écrit le scénario avec Meike Hauck qui vient du théâtre. Le milieu que nous montrons est celui où nous avons grandi. On connaît donc bien le monde de la musique classique… L'intrigue, elle, est non autobiographique mais la manière dont les gens parlent, l'ambiance, l'intérieur de la maison… tout cela vient de là. Par exemple, j'aime beaucoup la scène où Paul s'approche de son cousin Robert qui est en train de jouer du piano. Il est comme aimanté, on sent que c'est vraiment un autre monde pour lui. Cette fascination est le véritable point de départ de toute l'aventure.

EN : Vous ne faites en tout cas aucune concession à ce milieu…

ML : Mais justement, le cinéma permet ça !!! Je suis plus courageux dans la fiction que dans la vie…

EN : Une grosse partie du film se passe en intérieur. Comment avez-vous géré l'espace ?

ML : La villa où se déroule l'action semble plus grande qu'elle ne l'est en réalité. Comme il n'y a pas tellement de portes, elle ressemble à une sorte de labyrinthe où il faut se cacher pour échapper enfin au regard de l'autre. C'est ce qui a permis de créer visuellement le triangle qui unit la tante, son fils et son neveu. On avait beaucoup préparé en amont la manière de composer les plans, mais c'était assez théorique. Lorsque l'on s'est aperçu que la maison n'était en fait pas aussi grande que ce que l'on avait imaginé, il a fallu s'adapter. Mais ces éléments que l'on ne maîtrise pas apportent très souvent quelque chose au film. Il y a une scène de repas que j'ai dû tourner à l'intérieur car il pleuvait. Et maintenant, je n'arrive même plus à l'imaginer autrement !!!

EN : Le film est très reserré au niveau du rythme, avec notamment des scènes courtes et des ellipses qui créent une forte tension…

ML : Oui, je l'ai tourné comme cela car en tant que spectateur, j'aime me concentrer sur les acteurs. J'ai donc choisi d'enlever tout ce qui ne sert à rien. Au moment du montage, j'ai également réfléchi à ce que je voulais montrer : celui qui parle ou celui qui écoute ?

EN : Sebastian, parlez-nous de votre personnage, Paul.

SU : Quand on pense à Paul, on ne peut oublier le traumatisme de la mort de son père. Avant cela, c'était sûrement quelqu'un de joyeux. Mais maintenant, il cache sa tristesse derrière une fausse joie. C'est ce qui le caractérise le mieux, je pense : il est toujours très positif, sauf lorsque son cousin Robert lui pose des questions et le pousse dans ses retranchements. Tout à coup, on voit ce qu'il cache derrière cette apparence de gaîté.

EN : La scène qui semble la plus difficile à tourner est celle de la tente, quand enfin Paul accepte de parler de son père. Comment vous y êtes-vous préparé ?

SU : C'est très intuitif. Ce qui aide beaucoup pour ce genre de scènes, c'est la concentration et la confiance que l'on a dans le réalisateur. Cela aide à avoir accès à ces émotions-là. C'est aussi pour cela que j'aime les petites équipes : il y a un jeu d'ensemble. On se sent soutenu par le jeu des autres acteurs.




   MpM

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