Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Oscarisé à deux reprises (en 1989 pour le documentaire You dont' have to die et en 2003 pour le court métrage Twin towers), le réalisateur Bill Guttentag revient au cinéma avec son premier long métrage de fiction, Live !, une satire au vitriol de la télévision-réalité doublée d'une critique explicite de la société américaine. Soucieux de sonner juste malgré les artifices de la fiction, il nous raconte sa recherche de l'authenticité et sa vision cynique mais pessimiste du monde qui l'entoure.
EN : Le film est plutôt pessimiste. Est-ce la manière dont vous voyez le réalité ?

BG : J'espère que l'on passe un moment agréable devant le film. Mais la réalité, c'est qu'il y a plus d'Américains qui ont voté dans l'émission "American idol" (A la recherche de la nouvelle star) que pour élire le président. Le fait est que la télévision a pourtant bien moins de pouvoir ! Mais c'est comme ça : il y a plus de gens capables de vous dire qui est Paris Hilton que de localiser le Pakistan sur une carte. Voilà le monde dans lequel nous vivons. C'est un monde effrayant… mais dont on peut aussi s'amuser.

EN : Dans quelle mesure pensez-vous que les émissions télé sont un reflet de la société ?

BG : Je crois que la télévision et la société ainsi que la culture populaire et ce qui intéressent les gens se confondent toujours. Par exemple, pendant la Révolution française, les gens se précipitaient par milliers pour voir la Noblesse française se faire guillotiner. Pourquoi est-ce que les gens allaient voir ça ? Ils étaient irrésitiblement attirés par ce genre de choses. C'était le divertissement de l'époque. C'est la même chose avec la télévision. Il y a une fascination identiques pour les choses horribles qui arrivent à des gens biens. Ca fait partie de notre culture aux Etats-Unis.

EN : Diriez-vous que l'on a les émissions de télé que l'on mérite ?

BG : C'est une bonne expression ! Je vais la noter… Oui, c'est exactement ça !

EN : Que retirez-vous de cette première incursion dans la fiction ?

BG : Ce fut vraiment une bonne expérience pour moi. Pouvoir créer ma propre réalité… Quand vous faites des documentaires, il y a un grand pouvoir dans le fait de ne jamais savoir ce qu'il va se passer. Mais parfois cela peut être à votre avantage comme cela peut se retourner contre vous. Un événement qui paraissait formidable peut être catastrophique, ou le contraire. Dans la fiction, on peut faire avancer les choses comme on le désire, mais en même temps, il faut travailler très dur pour que cela paraisse spontané et vrai. Même quand vous recommencez la même prise plusieurs fois. Souvent, au cinéma, au bout de cinq minutes, on sait ce qui va arriver dix minutes après, et au bout d'une heure, et juste à la fin. Nous nous sommes donnés beaucoup de mal pour que sur Live !, on ne puisse pas deviner ce qui allait arriver ensuite.

EN : Vous pensez qu'il pourrait y avoir cette sorte de programme (de roulette russe) à la télévision aux Etats-Unis un jour ?

BG : Oui, je crois. 67% des spectateurs américains regarderaient des exécutions télévisées et plus de 20% seraient prêts à payer pour cela… Là où il y a une possibilité de taux d'audience élevé, il y a un programme potentiel. Je pense que ce serait difficile mais si les gens pensent en tirer des profits, tout est possible. N'oubliez pas que les Etats-Unis sont obsédés par la violence. Il y a environ 200 millions d'armes dans le pays, c'est énorme ! Et la conséquence est forcément la violence.

EN : Regarderiez-vous ce type de programme ?

BG : Si je le regarderais ? Non. Si je pense que des spectateurs le regarderaient ? Absolument. Si l'on proposait cinq millions d'euros aux gens dans la rue pour jouer à la roulette russe, vous pensez qu'ils accepteraient ? Si certains acceptent, alors ça fait une émission.


   MpM

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