(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Présenté en compétition officielle au festival Paris Cinéma 2008, Mange ceci est mon corps, est une expérience cinématographique étonnante. A l'occasion de sa sortie en salle nous avons rencontré son réalisateur, Michelange Quay, aussi disponible que sincère. Dialogue. |
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EN : En quoi, selon vous, l’idée de la répétition joue t-elle sur la valeur interprétative de vos images ?
MQ : Je pense que cela suggère le masque.
EN : Cela reste très lancinant à vrai dire…
MQ : C’est comme dans la messe ou dans n’importe quel rituel. Cela montre qu’il s’agit d’un masque et non de quelqu’un. Ou alors c’est quelqu’un Q majuscule. Cela se répète pour mettre en code les paroles elles-mêmes.
EN : Cela se rapproche d’un travail purement réflexif…
MQ : Oui, c’est ça.
EN : Votre influence cinématographique est plutôt européenne ?
MQ : Cela dépend des cinéastes. Je me retrouve même chez un Cassavetes si vous voulez. Pour moi, Cassavetes montre rarement un plan de point de vue. La manière dont il monte les films et la manière dont il saute dans le temps me parlent. Mon souci ressemble plus à un souci d’image, tandis que lui (Cassavetes) se souciait plus du respect vis-à-vis de lui-même. C’est ultra humaniste mais s’il y a un mysticisme au fond de chacun d’entre nous, Cassavetes n’a jamais essayé de faire subir ses personnages et donc ses images vers un rôle spécifique dans une temporalité donnée. Que ce soit pour lui ou pour moi, se souci du comment nous parlons de l’humain se rapproche de l’engagement, du politique et du philosophique. Si nous prenons un cinéaste américain comme Clint Eastwood, on s’aperçoit en deux secondes quelle est la moralité du personnage rien que par les choix de cadre. Or dans un film de Cassavetes on ne sait pas où elle se trouve. On voit vivre un fugace présent.
EN : Cassavetes vous inspire donc beaucoup plus qu’Eastwood…
MQ : Ca c’est sur. J’ai utilisé l’exemple de Cassavetes parce qu’il est loin de ce que l’on croit voir sur l’écran, un peu comme moi quand je fais des films. Chez les américains ma référence c’est Kubrick, Kubrick et David Lynch. Ce sont mes gars (rires).
EN : Même si Kubrick avait une vision plus pessimiste de l’humanité…
MQ : Peut être, mais son sentiment au sujet de l’être humain subissant des causes plus larges que lui est assez proche de ma vision. Sauf que je regarde de plus près la tronche, le poil du gars alors que lui s’intéresse à la structure elle-même. Il y avait sans doute une certaine prétention à vouloir décrire le système et son point d’achoppement.
EN : Pouvez-vous nous parler du travail avec Sylvie Testud et Catherine Samie ?
MQ : Sylvie Testud est très très très précise et technique avec moi en tout cas. Je ne sais pas, je crois que l’on doit venir de la même école, même si je n’ai pas suivi de cours d’art dramatique, car mon rapport à l’image semble avoir un lien avec leurs jeux. Pourtant nous n’avons jamais réellement parlé des personnages.
EN : Même concernant le monologue ?
MQ : Je l’ai écrit, elle (Catherine Samie) l’a lu et selon elle il y avait quelques phrases de trop. Elle m’a proposé d’enlever quelque chose et elle avait raison. Elle a eu cette capacité de créer une sorte de vague d’outre tombe. Si nous avons travaillé techniquement avec Testud, le travail a aussi été théorique avec Samie. Elle avait plus de texte que Sylvie Testud. Nous avons purifié le texte, et nous avons tourné deux prises sans répétitions. Sinon, Sylvie Testud m’a aidé à trouver la musique du film. Au bout du premier jour et après deux ou trois scènes on avait trouvé comment quelqu’un dans telle pièce pourrait dire telle chose. C’était avant l’arrivée de Catherine Samie.
EN : Elles se sont rencontrées ?
MQ : Oui, oui. Puis avec les garçons et l’acteur qui joue le serviteur, nous avons mis en place la façon dont on allait déambuler ou dire les phrases de ce contexte.
geoffroy
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