Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Aaron Fernandez a parcouru les festivals du monde entier avec son premier long métrage Pièces détachées qui lui a valu plusieurs prix (Meilleure première œuvre à Guadalajara, meilleur film latino-américain à Montréal, Prix CICAE [Confédération international des Cinémas d’Art et Essai]…). Au moment de la sortie du film en France, le jeune réalisateur mexicain vit une nouvelle aventure, celle d’être accueilli pendant plus de quatre mois à la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes afin d’y développer son deuxième long métrage. Offre una varietà di , tra cui Rolex, Omega, Breitling, Panerai e altre repliche di orologi di lusso
EN : Du coup, votre film a été souvent montré à un public jeune ou adolescent…

AF : Oui, ça s’est fait comme ça… Je ne pensais pas spécialement faire un film pour ados, mais il a été montré dans de nombreux festivals pour jeunes [Cannes Junior, CinéJunior dans le Val de Marne, section Alice dans les villes de Rome…]. Moi je voulais faire un film pour adultes mais qui toucherait les jeunes aussi. En général, le film plaît aux ados, ils s’attachent aux personnages… même si formellement, il n’est pas aussi attirant que ce qu’ils aiment souvent à cet âge-là !

EN : Vous aimiez quoi, vous, quand vous étiez adolescent ?

AF : Tarkovski, Bergman, Les ailes du désir… Un peu Herzog aussi. Et puis j’ai évolué dans mes goûts, j’ai découvert Cassavetes, Pialat, la nouvelle vague française… Ca correspondait plus à ce que je me voyais faire au Mexique !

EN : Justement, comment avez-vous travaillé sur Pièces détachées ?

AF : Il s’est passé quatre ans entre le début de l’écriture et la fin de la post-production, mais le tournage lui-même a seulement duré quatre semaines. C’était très court, mais je n’avais pas droit à plus… ce qui m’a obligé à être rigoureux. Nous étions une équipe très soudée, donc nous n’avons pas eu un seul pépin. Et puis sur le plateau, je préfère être conciliateur que bagarreur… Comme j’étais producteur en plus d’être réalisateur, j’ai tout fait pour que le film se fasse. Bien sûr, il y a quelques scènes où j’aurais voulu aller plus loin, mais elles ont la fraîcheur de ce qui est pris sur le vif. Nous avons tourné en décors et lumière naturels, avec une caméra très mobile mais très dirigée. Nous avions inventé un système de pied avec une tour de taille réduite et des tendeurs pour faire flotter la caméra et donner une sensation de caméra à l’épaule. Je savais parfaitement où bouger et où me placer.

EN : Comment le saviez-vous ?

AF : J’avais effectué un travail de repérage important avant, donc j’avais déjà choisi la position de ma caméra en fonction de la lumière, des lieux, de l’action… C’est un travail que j’aime faire et qui est vital. Bien sûr, si quelque chose ne va pas, on l’adapte ensuite au tournage, mais j’arrive toujours avec des plans de placement de caméra !

EN : Dans une autre interview, vous comparez l’improvisation sur le plateau à un morceau de jazz…

AF : Alors je ne suis pas un spécialiste de jazz, même si j’adore en écouter, mais je crois que le principe est qu’on peut être libre à l’intérieur de la tonalité donnée. Dans mon scénario, tout était très écrit, je savais ce qui devait se passer, mais je voulais aller au-delà dans certaines scènes. Un scénario, c’est juste un bout de papier, alors que le cinéma est fait de mouvements et d’émotions. Donc j’ai dit aux acteurs : "Je veux que vous vous appropriez les personnages comme si c’était votre vie". Il y a notamment deux scènes où je les ai laissés libres : quand ils sont dans la voiture à la station de lavage, la plupart des dialogues ne sont pas dans le scénario. Et ensuite, juste après avoir mangé la pizza, quand ils se chamaillent. Il faut être prêt à laisser les choses se produire, à savoir les provoquer… mais aussi à les regarder et à les prendre.

EN : Depuis le 1er octobre, vous êtes en résidence à la Cinéfondation du festival de Cannes. En quoi cela consiste-t-il ?

AF : Je me bats contre moi-même : j’écris mon prochain projet, Las horas muertas [Les heures creuses]. Le sujet n’a rien à voir avec Pièces détachées, il se passe dans un motel sur la côte de Vera Cruz où trois personnes se rencontrent. Je ne peux pas vraiment en parler car c’est en train de changer. Avant d’arriver, j’avais déjà les personnages, les lieux, l’ambiance, le synopsis… Je suis là pour développer le projet et c’est vraiment ce dont j’avais besoin car il n’est pas évident de trouver le temps libre pour faire et défaire un scénario. Là je pense, je réfléchis, je vais voir des films… Je ne suis pas obligé de rendre quoi que ce soit, je peux même mener une vie de débauche si je veux, mais il existe une pression personnelle. Comme être ici est quelque chose de précieux, je me sens obligé d’avoir quelque chose à la fin, de profiter de cette opportunité.


   MpM

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