Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Neil Thompson et Geoff Thompson ne sont pas parents mais il règne entre eux une complicité chaleureuse et naturelle comme il n’en existe qu’entre personnes partageant les mêmes valeurs. Pas étonnant, donc, si c’est Neil Thompson qui est parvenu à porter à l’écran le best-seller autobiographique de Geoff, Watch my back, en accompagnant ce dernier tout au long de l’écriture du scénario. Complémentaires, le réalisateur et l’écrivain-scénariste ont été admirablement épaulés par le producteur Martin Carr, à l’origine de leur rencontre, et qui s’est battu à leurs côtés pour que The club puisse voir le jour. Le film, sélectionné au Festival du film britannique de Dinard en 2008, recrée l’ambiance survoltée des années 80 à Coventry, cité ouvrière anglaise…


Le film se passe à une époque particulière de l’histoire de la Grande Bretagne, les années 80. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

NT : C’est en effet un moment très important dans l’histoire de la Grande Bretagne. Margaret Thatcher était au pouvoir, le chômage et les mouvements de colère allaient croissants… C’est aussi à cette époque qu’est né le National Front, qui est comme votre Front National. Tout cela a créé beaucoup de tensions, il y a eu des troubles dans toutes les grandes villes, notamment des combats entre jeunes et policiers. A Coventry, d’où est originaire Geoff, il y avait une forte communauté caribéenne. Les gens se sont dit qu’ils devaient s’unir pour ne pas laisser le National Front l’emporter. Vraiment, beaucoup de choses ont changé à cette époque ! Nos personnages en sont une métaphore. GT : EN : Comment avez-vous envisagé la représentation de la violence à l’écran ?

NT : Les années 80 étaient violentes, c’était comme ça ! Geoff a chorégraphié lui-même les combats car nous voulions que ce soit réaliste, que ça reste fidèle à l’histoire, sans esthétisme superflu.

GT : Il y a de supers choses que l’on peut faire dans la vie, mais la violence n’en fait vraiment pas partie ! Il y a 25 ans, tout ce que je faisais, pensais, écrivais… avait trait à la violence. Je crois bien que je l’attirais ! Mais quand j’ai réalisé ça, j’ai décidé d’arrêter, car sinon vivre dans et par la violence devient normal. Or la violence n’est jamais une solution çà rien. Alors j’ai choisi de changer de vie. Tout le monde peut devenir exactement ce qu’il veut, c’est un choix, pas une loterie. Bien sûr, ça demande du courage. Mais désormais, les émotions qui me menaient autrefois à la violence, je les utilise pour créer et pour écrire. C’est exactement la même énergie.

EN : On est quand même surpris, en regardant le film, de percevoir cette violence diffuse et permanente qui accompagne les personnages partout, dans la rue, au café, chez eux…

GT : Ah ça arrivait tout le temps à Coventry ! C’est propre à l’Angleterre en général, mais encore plus à Coventry. Ca tient à l’histoire de la ville : pendant des années, les gens sont venus de tout le pays pour s’installer à Coventry et travailler dans l’industrie automobile locale. Quand tout a fermé, il restait deux générations de gens nés sur place et qui se retrouvaient soudainement sans emploi. Ils avaient besoin de faire quelque chose et nombreux sont ceux qui se sont rabattus sur la violence. J’ai plusieurs amis qui sont morts dans des bagarres à l’époque, parfois juste pour avoir croisé le regard de quelqu’un dans la rue. Bien des gens font comme si cela n’existait pas, mais c’est bien réel. D’où la nécessité d’éduquer les gens, de leur apprendre à convertir cette énergie destructrice en quelque chose d’autre, en quelque chose de positif.

NT : On a besoin de plus de gens comme Geoff !

GT : C’est aussi pour cela que je pense que The club est important...


   MpM

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