(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Aymen Saïdi a été révélé en 2001 dans Fais-moi des vacances de Didier Bivel. En 2005, il est nommé au césar du meilleur espoir masculin pour son rôle dans Saint-Jacques... La Mecque de Coline Serreau. Depuis, il a travaillé avec Eric Rochant (L'école pour tous), Pascal Thomas (Le grand appartement) et Costa-Gavras (Eden à l'Ouest). C'est dans ce dernier film, où il avait pourtant un rôle très secondaire, qu'Angelo Cianci l'a repéré afin de lui proposer le rôle principal dans son premier long métrage, Dernier étage, gauche, gauche. Il y est le fils de Fellag et prend en otage un huissier interprété par Hippolyte Girardot. Comme le dit son réalisateur : "une vraie boule d'énergie". |
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Ecran Noir : Vous avez réagi comment en découvrant ce rôle ?
Aymen Saïdi : Au début je l’ai trouvé très complexe et très intéressant. Plus j’avançais dans le scénario et plus je découvrais quelque chose d’intéressant, c’est-à-dire un garçon au début avec des stéréotypes et par la suite avec une humanité enfouie en lui. Je trouvais ça vachement semblable à beaucoup de jeunes d’aujourd’hui qui se retrouvent pris dans un engrenage de délinquance mais qui au fond ont des talents cachés ou des opportunités qu’ils n’ont pas saisies sur l’instant. Et qui ensuite se disent : « J’aurais pu devenir quelqu’un d’autre ». Pour moi ce personnage, c’est un jeune qui grâce à cet huissier de justice parvient à ne pas dépasser les limites et essaye de revenir en arrière pour changer son avenir.
EN : Comment avez-vous perçu la relation père-fils qui est au centre du film ?
AS : Au début elle est un peu triste mais riche de complexité car ce jeune s’il garde de la drogue chez lui c’est pour avoir de l’argent à donner à son papa pour payer le loyer à la fin du mois. Finalement, ils arrivent à se découvrir grâce à cet incident. Je crois qu’il y a plein de papas qui devraient parler avec leurs jeunes plus souvent… Si tout le monde trouvait le temps de parler, il y aurait peut-être moins de problème. En tout cas moi je crois à cette philosophie-là.
EN : Que répondez-vous aux gens qui vous disent que le rôle est caricatural ?
AS : Qu’ils ne connaissent pas la cité ni les jeunes délinquants Qu’ils ne savent pas ce que c’est que de payer un loyer à la fin du mois ou remplir le frigidaire. Pour moi, Salem n’est pas du tout caricatural, bien au contraire malheureusement. C’est un personnage qui reflète parfaitement la société dans laquelle on vit. La caricature vient de quelque chose de réel. Ce n’est pas un film sur la délinquance mais plutôt une sorte de thèse sociologique sur cet univers-là. C’aurait été la même chose si l’huissier était maghrébin. On la connaît tous la réalité.
En : Comment voyez-vous la manière dont on parle des banlieues d’habitude au cinéma et dans les médias ?
AS : Le cinéma, c’est de l’imagination. La réalité dépasse carrément le cinéma. On a tendance à l’oublier. Les films sur ces sujets-là s’inspirent de la réalité. Quant aux médias, ils préfèrent parler de 15-20 jeunes qui brûlent une voiture que de l’affaire Bétencourt ! On ne parle pas des bavures dans le commissariat, des sans-papiers qui travaillent pendant des années en France et qui n’ont pas les mêmes droits…
MpM
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