(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jean-Loup Felicioli se destinait à la peinture, Alain Gagnol à la bande dessinée… et puis les hasards de la vie, en l’occurrence leur refus commun du service militaire, leur ont permis de se rencontrer à Valence en 1988, dans le studio d’animation Folimage qui accueillait les objecteurs de conscience.
Au milieu des années 90, ils réalisent leur premier court métrage, L’égoïste, qui est rapidement remarqué. Suivent "Les tragédies minuscules", une série de courts métrages coproduits par canal + et Arte. Les deux compères participent ensuite à l’aventure de La prophétie des grenouilles de Jacques-Rémy Girerd, réalisent encore quelques courts… et se lancent finalement dans le long métrage avec Une vie de chat, polar astucieux et tendre qui met en scène un monte en l’air, une commissaire de police, d’affreux gangsters, une gamine mutique, une gouvernante au parfum ennivrant et un chat espiègle, le tout sur les toits de Paris.
Venus présenter le film lors du 11e festival d’Arras, les deux réalisateurs reviennent sur une aventure qui leur a pris cinq années de leur vie. |
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Ecran Noir : Dans Une vie de chat, vous utilisez une technique particulière qui est celle de la craie grasse…
Jean-Loup Felicioli : C’est de l’animation traditionnelle à la main. On n’utilise pas d’ordinateur. Tous les décors sont faits à la craie et les personnages, eux par contre, sont gouachés de manière informatique. Il y a un « raw » de craie qui permet d’avoir une vibration sur les personnages pour que ça s’intègre bien avec les décors. Ca permet une bonne harmonie.
EN : Jacques-Rémy Girerd qui est le producteur du film disait qu’à sa connaissance, c’est la première fois que cette technique est utilisée dans un long métrage…
JLF : Oui, je pense… En tout cas moi je n’en connais pas d’autre.
EN : Il faut combien de temps pour réaliser un film comme ça ?
JLF : Celui-là, on a mis trois ans à le faire sans compter toute la partie scénario. En tout ça doit faire au moins cinq ans…
EN : Justement, parlez-nous du scénario…
Alain Gagnol : La construction du scénario, c’est un long travail. Au départ nous avions un autre projet qui n’a pu se faire, mais il y avait déjà le chat, alors on s’est dit que ça pouvait faire un bon personnage pour un film pour enfants. Les idées sont arrivées à ce moment-là. Il y a eu trois grosses étapes. Sinon c’est une construction assez classique avec les gangsters d’un côté, les policiers de l’autre, et ça joue sur le fait que le chat, lui, appartient aux deux univers. On a voulu faire un vrai chat, c’est-à-dire qu’il ne parle pas. En même temps, c’est vrai que c’est un dessin animé, donc on s’est permis quelques libertés…
EN : C’est vrai qu’on peut être étonné de voir que le chat ne parle pas. C’était votre choix dès le départ ?
JLF : Oui, parce qu’on voulait quelque chose d’assez réaliste. Le faire parler, c’est tout de suite entrer dans un autre univers. Là, le chat reste un chat malgré tout.
EN : Le film se passe à Paris, ville qui offre des décors formidables…
JLF : Au départ, c'est vrai, on a choisi Paris pour une histoire d’esthétisme : les toits, la Tour Eiffel, les cheminées… Et puis il y a un petit côté "commercial" car à l’étranger, ça se vend mieux s’il y a une tour Eiffel !
EN : Les voix des personnages sont enregistrées en amont. Quel est l’apport des acteurs sur le film fini ?
AG : Quand on anime un personnage qui parle, on a besoin d’avoir sa voix. Déjà pour avoir le décryptage, c’est-à-dire pour savoir sur quelle image il fait un "a", une "bouche ouverte", une "bouche fermée", un "o"… et puis pour le jeu aussi, ça aide de savoir quelle intonation va faire l’acteur. La voix, c’est de l’énergie. Si quelqu’un dit quelque chose en chuchotant, en parlant fort ou en criant, ça crée des images. Déjà dans le dessin, l’attitude corporelle du personnage ne va pas être la même, et puis pour l’animateur ça change beaucoup de choses. Ca donne des intentions.
EN : Le film a déjà été montré en avant-première dans plusieurs festivals. Quels sont les retours ?
AG : Pour l’instant ça marche bien. Lors des quelques avant-premières que nous avons faites, nous avons eu de bons retours. Il y a quelques gags auxquels les enfants réagissent bien. Je pense aussi qu’on a fait un film qui est assez court, une heure, une heure dix, donc c’est un bon format pour les enfants. On a essayé de faire que ce soit rapide, qu’il y ait du suspense… En tout cas pour l’instant c’est agréable de les entendre rigoler.
MpM
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