(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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EN : Comment percevez-vous votre rôle de président au sein du Grand Jury de ce festival ?
 
Gilles Marchand : J’ai d’abord été surpris. En général, nous les scénaristes, nous ne nous attendons pas à être appelés à la lumière d’une certaine manière. J’avais déjà participé à des jurys à Cannes, mais arriver comme ça et se dire : « c’est toi le chef » , j’étais à la fois flatté et surpris. Il s’agit ici de mettre en lumière ce travail d’écriture, de « transmettre » aux gens qui commencent ce métier. L’idée du marathon de scénario était quelque chose qui me séduisait, dont j’avais entendu parler et dont j’étais plutôt curieux. Dans un sens, c’est véritablement un travail de transmission, et puis du côté du public, pouvoir autour des projections créer des rencontres. Aussi échanger à la fois le travail de réalisateur et de scénariste. Il s’agit donc plus de rencontrer des gens, partager une expérience avec eux.
EN :Ce que vous appréciez donc dans ce festival, ce sont les rencontres ?
GM : Oui, tout à fait. Le fait qu’il y ait à la fois beaucoup de monde et que cela reste un petit festival. J’espère vraiment susciter les rencontres, mais encore une fois je suis curieux de découvrir comment ça se passe.
EN :Vous qui avez écrit avant de passer à la réalisation, est ce que vous pouvez nous dire ce que représente le festival pour un scénariste ?
GM : Je pense qu’il y a surtout une forme de reconnaissance de ce domaine. J’avoue que j’ai été un scénariste heureux. Il se trouve que j’ai eu de la chance de tourner avec des gens qui ont fait de beaux films. Et donc, j’ai plutôt profité de cette position particulière qui est d’être à l’origine d’un projet, le fait qu’on est au tout début. Je n’ai jamais écrit seul, toujours avec les réalisateurs et leurs projets. Ce qui m’a plu dans ce travail c’est ce ping-pong avec les réalisateurs, d’entrer dans leur logique à eux, de les faire s’épanouir dans leur histoire.
Encore une fois, comme j’ai beaucoup de plaisir à faire ce métier, nouer avec les réalisateurs et leurs idées, le festival devient alors pour moi l’occasion de partager tout ça , et de le vivre avec les autres scénaristes.
EN : Le scénariste est quand même un personnage de l’ombre, en cela le festival offre une certaine reconnaissance…
GM : Justement, pour ma part je sais que j’ai pris beaucoup de plaisir à rester dans l’ombre. Je pense qu’il y a beaucoup de scénaristes qui prennent part à ça, après, à dire qu’il n’y a jamais de revendications... D’une certaine manière, moi qui ait la double casquette de scénariste et de réalisateur, j’ai prix au moins autant de plaisir à être un peu caché derrière, plutôt qu’à être dans la lumière en tant que réalisateur, encore que le réalisateur est aussi dans l’ombre par rapport aux acteurs. Il y a, à la fois quelque chose d’éprouvant et de confortable dans cette discrétion pour ma part. Je comprends qu’il y ait des scénaristes qui demandent une revalorisation de leur métier et une reconnaissance de leur travail. Tout le monde est d’accord pour dire que le scénariste est un maillon essentiel. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut forcément que les scénaristes deviennent des rois. Après, dans le cadre d’un festival, cela reste une chance.
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