Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



Karim Aïnouz
Toni Servillo
Félix Dufour-Laperrière
Jayro Bustamente
Gilles Perret
Hélène Giraud
Ryusuke Hamaguchi
Rohena Gera







 (c) Ecran Noir 96 - 24



La jeune actrice espagnole Pilar Lopez de Ayala n’est jamais là où on l’attend. Après avoir travaillé pour plusieurs séries télévisées, elle alterne les œuvres ambitieuses (Dans la ville de Silvia, L’étrange affaire Angelica…) et les productions internationales (Comme les autres, Alatriste…). Avec Medianeras de Gustavo Taretto, elle fait une incursion dans le cinéma indépendant argentin de qualité en interprétant Mariana, une jeune architecte en pleine crise existentielle dans la ville de Buenos Aires.
EN : Vous pensez vraiment que les communications virtuelles peuvent être un frein ? Car finalement, la première fois qu’ils se parlent vraiment, c’est via ces communications virtuelles…

PLdeA : Ils ne se rencontrent pas au travers du chat mais ils arrivent à se connaître grâce à lui. Ca peut aider par moments, mais ça peut aussi être l’excuse parfaite pour ne pas réaliser la rencontre, pour ne pas regarder la personne directement dans les yeux. Ca peut être une aide mais ça peut devenir un obstacle. A la fin, les personnages passent sur la pointe des pieds dans leur propre vie. Ils ne veulent pas sortir de leur bulle, prendre en charge leur propre vie. Chacun peut l’interpréter à sa façon, c’est bien le paradoxe.

EN : Le film représente la ville comme lieu solitaire et anonyme. Est-ce quelque chose que vous avez expérimenté, qui vous parle ?

PLdeA : Il faut dire que les personnages sont en crise ! Il n’y a pas besoin de s’identifier au personnage pour le comprendre. Je comprends la crise, on a tous vécus des moments semblables. C’est le paradoxe de la grande ville. Tout est fait pour qu’on se sente plus proche mais en fait on est très isolé. Mais c’est le moment qu’ils traversent tous les deux qui les rend si vulnérables.

EN : Est-ce que l’on a cette impression à Buenos Aires ?

PLdeA : La réflexion de Gustavo sur l’influence qu’a l’architecture de la ville sur l’état d’esprit de ses habitants me semble très intéressante. Buenos Aires, c’est une ville très contrastée. Il y a une correspondance entre la crise personnelle des personnages et la crise, économique, politique, morale, que traversent la ville, le pays et la société.

EN : Pour finir, vous avez joué en 2010 dans L’étrange affaire Angelica de Manoel de Oliveira. Que pouvez-vous dire de cette expérience ?

PLdeA : C’est un poète qui fait des films… Il a autant d’années de vie que le cinéma. Il est passé du muet au sonore, du noir et blanc à la couleur, de l’analogique au digital. C’est un sage. Avec lui, on peut être sûr d’être entre les meilleures mains. Il est exigeant, mais avec humour et élégance. Il met les actrices à l’aise dès le premier moment. Il est respectueux et souriant. Il sourit tout le temps ! Qu’est-ce qu’on peut demander de plus ?

EN : Donc quand il vous a demandé de jouer un fantôme dans L’étrange affaire Angelica, vous avez dit oui tout de suite ?

PLdeA : Oui, bien sûr. Je l’ai rencontré au festival de cinéma de Venise où je présentais Dans la ville de Silvia. Nous étions dans le même bateau pour aller à l’aéroport. Peu après j’ai rencontré Leonor Silveira, son actrice fétiche, au Festival de San Sebastian où nous étions toutes les deux membres du jury. Le producteur espagnol m’a appelée pour me dire que Manoel de Oliveira voulait que je joue dans son prochain film. Le scénario était de loin le plus intéressant qu’on m’ait jamais offert. C’était comme dans l’un de ses films : chaque chose qui arrivait était un signe de ce qui allait arriver.


   MpM

Page précédente