(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Venus présenter la traditionnelle "Leçon de cinéma" des Rencontres Henri Langlois 2011, consacrée cette année à la musique de films, Michel Hazanavicius et Ludovic Bource ont accordé quelques minutes aux journalistes. L’occasion de revenir sur l’un des succès de l’année, le film muet The artist. Mais aussi de parler de musique, de transmission, et de l'âge d'or d'Hollywood. |
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Qu’est ce que cela représente pour vous d’être présents au sein d’un festival qui met à l’honneur les écoles de cinéma ?
Michel Hazanavicius : L’idée de transmission est quelque chose qui me travaille. Je n’ai pas fait d’école de cinéma d’abord, mais j’ai beaucoup été en contact avec la Femis. Je déplore cependant qu’il n’y pas plus de moyens d’enseigner ou de transmettre les techniques du cinéma. J’ai reproché à plusieurs reprises l’absence d’un département musique à la Femis, ce qui est une absurdité totale lorsque l’on connaît le rôle de la musique dans un film. On peut apprendre les décors, le montage, la photographie, le scénario ou encore la réalisation mais pas la musique. J’ai lu il y a très peu de temps le livre d’Alexander Mackendrick qui avait fait Le tueur de dames et L’homme au complet blanc, qui a arrêté sa carrière à 49 ans et a quitté les studios d’Hollywood pour devenir enseignant à la California Institue of Art ; un livre a donc été écrit sur ses techniques de cours, chose qui est très intéressante vis-à-vis de la transmission du cinéma.
Vous reprochez donc l’absence de ce département musique à la Femis, car vous êtes sans doute un réalisateur qui l’utilise beaucoup au sein de ses films. Peut-être que d’autres réalisateurs ne partagent pas cette opinion…
MH : Il me semble que lorsque l’on prétend enseigner le cinéma, se passer de la musique est quelque chose d’absurde. Chacun fait ce qu’il veut, mais il y a basiquement plus de films qui utilisent la musique que de films qui ne le font pas. Et en règle générale, les cinéastes qui n’utilisent pas de musique effectuent un choix aussi fort que de se dire : « quelle musique va-t-on choisir ? ». Par exemple le film iranien Une Séparation fait justement ce choix de l’absence de la musique. Il y a là un choix d’austérité qui passe par « ne pas mettre de musique » ; ce qui reste un travail sur le son dans tous les cas.
Ludovic Bource : Michel a produit un film documentaire sur le génocide au Rwanda et je me souviens qu'à l’époque j’étais au courant des problèmes qu’il rencontrait sur le tournage. Il m’avait proposé d’inclure quelques bouts de musique, ce a quoi j’ai répondu non. Le sujet était trop sérieux.
MH : Je tournais avec de très jeunes réalisateurs et ils voulaient presque inclure des musiques de Carpenter ou encore Ennio Morricone, ce qui était dingue !
LB : La musique est essentiellement basée sur l’émotion, donc parfois, elle peut être mal placée. Mais en même temps, la musique est dans l’environnement sonore ambiant comme on a là avec le bruit de la machine à café, ou encore les oiseaux qui sifflent dehors. La musique vient donc de cette mémoire collective qu’on possède tous. Il faut le rappeler, le cinéma est une œuvre « audio-visuelle », donc la musique y a forcément sa place à un moment donné, qu’on y soit sensible ou pas. Sur ce point-là, j’ai la chance de pouvoir collaborer avec Michel dans la mesure où cette musique est importante pour lui.
Vous travaillez depuis 15 ans ensemble. Y a-t-il eu une évolution dans votre travail depuis ?
LB : C’est devenu une véritable compétition. On est partis des films publicitaires, jusqu’à Mes Amis, après les OSS 117, jusqu’à The Artist. L’ensemble a évolué, et Michel l’a constaté en travaillant plusieurs fois avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Il y a en effet un réel challenge pour savoir jusqu’où on peut aller encore, quelle émotion on peut encore créer…
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