(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le comédien Thierry Neuvic est annoncé dans le projet d'adaptation de la bande dessinée Tanguy et Laverdure (dans le rôle de Tanguy).
Actualité chargée pour le comédien qui avait malgré tout pris le temps de venir au Festival international des Jeunes réalisateurs de Saint-Jean de Luz pour participer au jury présidé par Audrey Fleurot. L'occasion pour une rencontre informelle sur une terrasse ensoleillée, quelques heures seulement avant la cérémonie de clôture et l'annonce du palmarès... |
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EN : Comment avez-vous réagi lorsque l’on vous a demandé d’être membre du jury ? Aviez-vous des craintes, des appréhensions ?
Thierry Neuvic : J’ai un peu hésité, car je trouve toujours difficile de porter un regard sur le film des autres. C’est quelque chose de subjectif. Et ça pouvait aussi être intéressant de regarder ces films avec un groupe de gens qui font ce métier-là, qui ont un regard plus aiguisé sur les choses. Même si c’était un exercice difficile, je ne l’avais jamais fait et toute expérience est bonne. Une appréhension ? Ne pas pouvoir expliquer ce que l’on a pensé ou vu, de ne pas avoir les arguments qu’il faut. Mais il n’y a pas vraiment de crainte. La vraie crainte, c’est d’affronter les réalisateurs ou les acteurs qui lorsqu’ils figurent dans un film sont demandeurs d’un avis. C’est une position qui n’était pas évidente, mais tout s’est finalement bien passé.
EN : Quelles sont vos impressions sur le festival ?
TN : Je ne connaissais pas ce festival ni cette région, et j’ai toujours fortement appréhendé la foule, lors de festival plus lourds, où règne une certaine hystérie. Ici j’étais ravi, c’est un festival à taille humaine, familial, où les films en compétition restent le seul enjeu. De plus j’aime beaucoup cette région, on y ressent une certaine nostalgie et un climat très amical. Je pense que tous les festivals devraient ressembler à celui-là.
EN : Par rapport à la thématique du festival, et de ses jeunes réalisateurs, qu’est-ce qui vous attire dans ce nouveau cinéma, aussi bien français qu’étranger ?
TN : Il y a eu pas mal de films légers, contrairement aux films plutôt dramatiques livrés habituellement. « Jeunes réalisateurs » ne veut donc pas forcément dire « drame ». Pourtant ça connote quelque chose, si toute une génération est autant ancrée dans le drame, c’est que ça dépeint un univers en particulier. Il y a un constat du monde qui n’est pas très coloré. C’est cela que les films représentent, et c’est bien que ce soit exprimé, car ça dénote un peu l’humeur des temps.
EN : Comment se passe l’entente au sein du jury ?
TN : On a de la chance, on s’entend tous relativement bien. Il y a de vrais avis, avec des gens concernés et aussi concentrés. On ne se prend pas trop au sérieux non plus, c’est ce qui permet de rigoler souvent. Il y en a que je connaissais, d’autres pas, c’est plutôt une belle aventure.
EN : En effet , on vous a vu retrouver des personnalités que vous connaissiez déjà, comme Eric Elmosnino par exemple…
TN : Oui ! Et puis c’est toujours agréable dans ce genre de cadre lorsqu’un ami vient présenter un film dans lequel il joue. C’est comme si on tenait la main des copains, on se soutient. Olivier Baroux que j’aime beaucoup, vient aussi présenter son film ce soir (Mais qui a re-tué Pamela Rose). Ça fait plaisir.
EN : Vous avez récemment collaboré avec Clint Eastwood ou encore Guy Ritchie. Au-delà des cliqués que l’on a sur les grosses productions américaines et ceux sur le cinéma français comme des tournages plus intimistes, plus familiaux, quelle préférence avez-vous ?
TN : C’est l’image qu’on en a mais en France, on peut très bien avoir de grosses productions et aux Etats Unis, il y a aussi des petits films indépendants. Je n’ai pas de préférence, c’est une question de méthode. Quand quelqu’un a quelque chose à dire, peu importe son drapeau et sa langue.
EN : Cela ne vous a pas effrayé ?
TN : C’est plutôt les gens autour qui nous font peur en nous disant : « tu te rend compte, c’est énorme ! ». Je me souviens lorsque j’ai appris que j’allais jouer pour Clint Eastwood, j’étais très content, et ce sont les gens de mon entourage qui m’ont mis la pression. Cela dit, Eastwood comme les autres ont un avantage, c’est qu’ils ont compris que pour donner le maximum de sa performance, il faut nous mettre dans la confiance la plus totale, et là toute la pression tombe. Il y a différentes manières de tournée partout et y compris en France : des gens qui tournent vite, ou lentement, avec de gros ou de petits moyens, etc…Aussi bien dans le cinéma français, américain, italien, chinois (rires).
EN : Vous êtes d’abord passé par le théâtre, ensuite la télévision, le cinéma français puis étranger… Quelle est la prochaine étape ?
TN : Une pièce en chinois (rires). Je n’anticipe rien, je vois au fur et à mesure.
EN : Dans un festival comme celui de St Jean de Luz, n’avez-vous pas envie de passer derrière la caméra ?
TN : Bien sûr que si, j’en ai envie depuis très longtemps. J’ai toujours eu peur car je ne me sentais pas légitime, ayant vu très jeune beaucoup de chefs d’œuvre au cinéma. J’essaye donc de me débarrasser de cette crainte-là. J’ai déjà écrit des choses, dont je vais soumettre la lecture à quelques-uns. Je verrais si j’arrive à faire un film, si je me sens à ma place, et si ça me plait, si j’ai l’occasion d’en refaire d’autres. Tout cela me plairait beaucoup.
Yanne Yager
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