(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Audrey Fleurot, comédienne notamment remarquée pour son rôle de la dame du lac dans la série Kaamelot ou aux côtés d’Omar Sy dans Intouchables, était la présidente du jury du festival international des jeunes réalisateurs de Saint Jean de Luz 2012. Profitant de quelques minutes entre deux projections, elle nous a confié ses impressions sur la manifestation et son expérience de jurée. |
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Ecran Noir : C’est votre première venue au festival ?
Audrey Fleurot : En effet, et aussi ma première participation à un jury. J’étais à la fois flattée et stressée ; c’est une grosse responsabilité mais aussi l’opportunité de réfléchir sur le cinéma, de se confronter aux points de vue des autres au sein d’une superbe équipe. Personnellement, quand je vais au cinéma voir un film, j’ai envie d’en parler, que le bouche à oreille marche car ça va tellement vite maintenant. Là, ça nous permet à une plus grande échelle de vraiment donner sa chance à un réalisateur ou un film.
EN : Vous appréhendiez donc votre rôle de présidente de jury ?
AF : Oui, car je ne l’avais jamais fait et je trouve ça compliqué dans la mesure où on a de l’empathie pour tous les films, on sait la difficulté que c’est de montrer son premier travail. Nous avons d’ailleurs décidé d’un commun accord avec les autres membres du jury de ne pas discuter avec les autres des délibérations, de rester vierges de toute l’histoire du film, des difficultés pour le monter, etc. On voulait voir le film indépendamment des secrets de fabrication.
EN : Vous ne vouliez pas être influencés...
AF : Exactement, car on connait la difficulté du travail autour du film. Nous avons vu beaucoup de films de qualité, et il n’y a pas 50 prix. Ce qui est super, c’est que l’on n’est pas tous d’accord. On s’était très bien entendu au sein du jury. Pour ma part j’avais peur de devoir mettre au point une méthode, je ne savais pas trop comment m’y prendre. J’ai proposé qu’on débriefe après chaque film, je ne voulais pas qu’on attende la fin du festival pour se remettre tous les films en mémoire, puisqu’on en voit quand même trois par jour. Tout le monde ne défendait pas les mêmes choses, et en même temps cela s’est fait de façon très démocratique. C’est un grand débat, car c’est ça qui m’intéressait. J’espérais d’une certaine manière qu’on ne soit pas forcément d’accord. Ce sont toujours des points de vue intelligents, et l’occasion de voir des choses qu’on n’avait pas forcément vu jusqu’ici. C’était une expérience très agréable.
EN : Selon vous, que signifient les prix remis pendant un festival ?
AF : Cela dépend selon la récompense, mais c’est vrai qu’en donnant un prix à un film, même si c’est celui de l’interprétation féminine, ou autre, on récompense le film en général. C’est quand même un tout. On a que quatre prix à donner, on ne peut malheureusement pas donner le meilleur film à tout le monde. Le prix qui reste quand même le plus « important » est celui de la mise en scène, car c’est un réalisateur dont on va avoir envie de voir le prochain film. Dans l’équipe du jury il y a d’ailleurs des réalisateurs qui savent combien ce travail dans lequel on met toute son âme est dur.
EN : Vous qui avez travaillé au théâtre, que trouvez-vous au cinéma que vous ne puissiez avoir ailleurs ?
AF : L’immédiateté. Lorsque l’on tourne au cinéma, on tourne dans le désordre. Les choses les plus intéressantes ne sont pas celles que vous fabriquez mais celles que l’on vous vole. C’est très inconfortable et différent du théâtre ou on renouvelle sans cesse la forme, et où il y a deux mois de répétition avant. Personnellement, j’aime bien que ce soit le bazar jusqu’au mot « action », parce que j’aime être déconcentrée car je ne sais pas ce qui va sortir. Après on prend ou on ne prend pas, et un autre acteur pourrait vous dire complètement l’inverse, qu’il a besoin de temps et de silence. J’aime bien quand on filme aussi les répétitions, je trouve que ce sont les meilleures prises.
Yanne Yager
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