Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24





L'un vient du théâtre, l'autre a été repéré au Café-théâtre, et tous deux jouent aujourd'hui dans 96 heures, le dernier film de Frédéric Schoendoerffer. Gérard Lanvin et Niels Arestrup y incarnent Carré et Kancel, frères ennemis qui, à la faveur d'une extraction, en viennent à régler leurs comptes. Interview sans langue de bois.
Écran Noir : Comment s'est passée la rencontre avec le réalisateur, Frédéric Schoendoerffer, avec qui vous travaillez pour la première fois sur 96 heures ?





Gérard Lanvin : C'était une rencontre qui m'a parue intéressante, car avec Niels, on a été convaincus par son amour du cinéma et la manière dont il travaillait. Il fallait à un moment ou un autre avoir la possibilité de travailler ensemble. Au départ, les scénarios que Frédéric me proposaient ne m'intéressaient pas trop. Et puis, il a eu cette commande de la part d'ARP [ndlr : distributeur du film]. C'était aussi la possibilité pour moi de travailler avec Niels, et avec des producteurs motivés. Il n'y avait plus d'a priori négatifs, mais que du positif. Ensuite, il a fallu bien évidemment être plus exigeant au niveau du scénario. Car une fois que le casting est déterminé, le scénario est toujours à refaire. Mais nous avons eu un rapport heureux avec Frédéric.

EN : Qu'avez-vous eu à redire au scénario original ?

GL : Il y a eu des moments très... bouillants ! TAG Heuer Mikrogirder 1000 Replica Certains auteurs refusent de revisiter leurs histoires, alors ça a changé de main jusqu'à ce qu'un des scénaristes de Frédéric intervienne. Au départ, Niels et moi trouvions le scénario insuffisant. On ne peut pas faire un film sans intervenir. On a des attitudes d'hommes de terrain, on sait comment ça se passe. C'est encore plus vrai pour un acteur. Contrairement au comédien, à qui on propose des accessoires, l'acteur, lui, arrive avec ses propres accessoires. Nos personnalités ont fait la différence.

Niels Arestrup : Le duel formé par Kancel et Carré repose sur des personnalités et des caractères très différents. C'est pareil pour Gérard et moi. Nos parcours sont faits de nos rencontres et expériences. On a voyagé, on a vu et fait beaucoup de films. On fait donc attention à ce qu'on lit. Dans le cas de 96 heures, il fallait éviter que le scénario soit trop manichéen. Gérard devait interpréter un personnage [ndlr : Gabriel Carré] scruté à chaque instant, tout en laissant transparaître le moins de faiblesse et de fragilité possibles face à un fauve [ndlr : Victor Kancel]. Carré est plus dans le contrôle, alors que Kancel est plus sanguin, il se réfère davantage à son cerveau reptilien qu'à son intelligence. Il est instinctif, ce qui est une autre forme d'intelligence. Finalement, ils sont très complémentaires.

EN : Gérard Lanvin, en quoi cet énième rôle de flic est-il différent des autres?

GL: C'est vrai que les personnages de policiers et de voyous sont parfois caricaturaux. C'est un film de genre, mais avec plus de psychologie. Sinon, avoir la carte de police, ça n'a aucun intérêt ! Arrivés à nos âges, c'est ce qu'on a envie de jouer. Le metteur en scène a pu se servir de la fatigue de nos visages. Et puis, un film d'action, faut pouvoir le faire physiquement. Quand on court derrière la voiture, faut pas oublier qu'on tourne vingt prises !

EN : Niels Arestrup, vous faisiez déjà face à André Dussollier dans Diplomatie. Qu'est-ce qui est intéressant dans un duel d'acteurs?

NA : Depuis que je fais du cinéma, il m'est rarement arrivé de jouer un duel. En l'occurrence, ce film est une gageure ! Carré et Kancel, ce ne sont plus des perdreaux de l'année. Faire un film pendant une heure et demie dans un lieu clos, c'est assez risqué. Ce n'était pas de la tarte, mais on a essayé d'aller jusqu'au bout du principe. Dans un duel, chaque personnage dépend de l'autre, comme les acteurs. C'est Gérard qui me fait jouer. Être acteur, c'est beaucoup de réaction. Il faut savoir réagir aux impulsions de son partenaire.

EN : Quelle image aviez-vous l'un de l'autre avant de tourner ensemble ?

NA : J'ai vu beaucoup de films avec Gérard. Il a une présence. Peu d'acteurs impriment comme lui l'endroit dans lequel ils sont. J'apprécie également le bonhomme et j'ai beaucoup de plaisir à le voir en interview car il est franc, et n'hésite pas à dire ce qu'il a sur le cœur.

GL: Dès notre première rencontre, j'ai senti de bonnes vibrations. C'est tout de suite devenu une évidence pour tout le monde qu'on travaille ensemble. Même si on tourne un drame, jouer, c'est aussi s'amuser, et il faut profiter du talent de son partenaire.

EN : Quel genre de directeur est Frédéric Schoendoerffer?

GL: Précis. C'est avant tout un technicien : il sait filmer les gens, les émotions, les non-dits. On connaît tous son père [ndlr : Pierre Schoendoerffer], mais il est vraiment passionné par ce qu'il fait, et très attentif. C'est un patron exigeant et motivant. S'il me proposait de refaire un film avec lui dès demain matin, je dirais oui sans hésitation.

EN : Niels Arestrup, vous avez remporté le César du Meilleur second rôle masculin pour Quai d'Orsay. Les récompenses ont-elles influencé la direction de votre carrière ?

NA: Pas du tout, ça n'a aucun rapport. On a l'impression qu'un prix, c'est important, mais il n'en est rien. C'est satisfaisant bien sûr, et gentil. Mais franchement, c'est totalement absurde, pas loin d'être ridicule et souvent très ennuyeux. Et ça ne sert pas à grand-chose.

GL : Les prix d'interprétation, ça ne me dérange pas. Mais la cérémonie des César, qu'est-ce que je me suis fait chier ! C'est une fête qu'on ne sait pas faire. Après, les organisateurs font ce qu'ils peuvent, mais moi, je préfère faire autre chose. Et c'est injuste, en plus. Pourquoi Patrick Dewaere n'a-t-il jamais eu de César ? C'est n'importe quoi. Et ce n'est pas parce qu'on a un César qu'on est sauvé. La grande famille du cinéma français n'existe pas.

EN : Quel metteur en scène vous fait rêver ?

GL : Je n'ai aucun nom à proposer. Le seul metteur en scène qui me fait rêver, c'est celui qui sait me proposer un scénario intéressant et exigeant. A notre âge, on attend de la qualité ! Après, faut faire manger la famille. Faut pas croire qu'on est milliardaires. Dès fois, on n'a pas le choix, et on est capable de dire oui à n'importe quoi, parce qu'on a envie de pratiquer. Mais ce metteur en scène doit au moins avoir de l'estime pour le travail que je fais, avoir une vraie envie et proposer une vraie histoire.


   Emeline