Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Un charmant hôtel parisien. L'équipe du film The Riot Club va et vient tranquillement mais sûrement. La salle où les trois rencontres doivent avoir lieu est divisée en deux. Une partie où un photographe agite son appareil, et l'autre où j'attends, impatiente, de pouvoir discuter du film avec ses deux héros et sa réalisatrice. Une fois le photoshoot terminé, Max est le premier à venir à ma rencontre. Rare au cinéma, le rencontrer est une aubaine et un bon prétexte pour faire sa connaissance. L'acteur de 30 ans me redis bonjour, me sert la main tout en m'offrant un sourire ravageur et vérifie avec délicatesse que mon dictaphone fonctionne bien, le charme anglais par excellence...
Écran Noir: L'histoire de ces bobos qui se permettent tout est à l'antipode de ce que vous avez l'habitude de faire. La première fois que vous avez eu le scénario, avez-vous eu quelques hésitations ou vous avez dit oui tout de suite?

Le livre Bye Bye Bahia


Max Irons: Non, la première fois que je l'ai lu, je ne savais vraiment pas si j'allais le faire, parce que le scénario montrait tellement le côté mauvais de la société. Je pensais, par rapport au sujet, aux valeurs de ces garçons. Leurs valeurs sont si déplaisantes et je ne veux pas être rattaché à ce genre de comportement. Puis j'ai relu le scénario une seconde fois et j'ai réalisé que le film était plus intéressant que ça et qu'il allait bien au-delà de la première idée que je m'étais faite. J'ai pu constater qu'il y avait une métaphore et que le film soulève de multiples questions à propos de la diversité des richesses, des classes sociales, de la justice entre les riches et les pauvres. Et c'est comme ça que j'ai trouvé que c'était un film intéressant à faire. Il peut mettre les gens en colère, heureux même pour certains. C'est un excellent sujet.

EN: Du coup comment vous vous êtes préparé pour le rôle de Miles?
MI: Et bien j'étais avec Laura, la scénariste, et Lone la réalisatrice, nous avons fait de nombreuses recherches et nous avons également parlé à des anciens membres de clubs comme celui-ci. Puis j'ai fouillé dans ma tête afin de comprendre ce qui a bien pu plaire à Miles dans ce club la première fois, pourquoi il a été attiré par ces gens-là.

EN: Comment vous vous êtes connecté avec lui?
MI: Miles a 21 ans, du coup je me suis projeté en arrière quand j'avais moi-même 21 ans. À cet âge vous ne savez pas vraiment qui vous êtes, vous ne voulez pas nécessairement savoir qui vous voulez être, où vous voulez aller, ce que vous voulez faire. Donc vous êtes un jeune homme comme lui, vous avez huit personnes qui gravitent autour de vous et vous disent que vous êtes fantastique, intelligent et charismatique, vous pensez qu'allez dans leur club est la meilleure chose à faire. Il est jeune, c'est facile d'y aller «Oh moi??? Oui s'il vous plaît c'est fantastique!!! Merci!!!!». Je pense qu'avec tout ça, il ignore le véritable et sombre fond de ce club. En réalité c'est le véritable problème de Miles, car au fond je crois qu'il est un gentil garçon et qu'il a certaines valeurs. Mais il a échoué à prendre la bonne décision pour différentes raisons.

EN: Si vous aviez un ami comme Miles quel conseil vous pourriez lui donner?
MI: Va-t-en!! Cours, fuis aussi vite que tu peux et oublie ces personnes, elles te rendront riche et célèbre mais pas heureux! Et j'ajouterai «Sache que tu es ce que tu fais!».

EN: Si vous aviez pu jouer un autre personnage du Riot Club, vous auriez voulu être qui dans le lot?
MI: Je pense à Alistair! Parce qu'il n'est pas que le vilain, il est aussi un personnage très complexe. Il est plein d'insécurité et de peurs. Il est mauvais mais humain et je trouve que c'est drôle et très intéressant à incarner comme personnage.

EN: Imaginons que le Riot Club existe vraiment pouvez-vous nommé un acteur ou une actrice que vous aimeriez voir comme membre?
MI: (Réfléchit) Tom Hiddleston serait bien. Benedict Cumberbatch serait génial aussi là-dedans. (Il réfléchit) Ouais ces deux-là seraient super dedans.

EN: Qu'est-ce que ça fait de travailler avec Lone Schefig?
MI: Oh elle est magnifique! Vous savez ce n'est pas si facile que ça de contrôler dix garçons, dix jeunes acteurs. Elle a su nous parler, nous apprendre en nous prenant individuellement. Elle savait ce que l'on devait faire, dire et surtout comment on devait le faire. En plus elle est si drôle et si douce, elle est l'image d'une mère. Lorsque vous travaillez avec elle, vous n'avez qu'une seule envie c'est de l'impressionner et de la rendre heureuse. Ce fut une joie de travailler avec elle!

EN: Justement comment était le tournage avec autant de jeunes acteurs, c'était comme une grande fête?
MI: Oui il y a eu des jours comme ça et des jours sans aussi, car la situation face au scénario était désagréable, dans certains cas. Mais en général, c'était génial. On s'entendait tous bien, il n'y avait pas de compétition, ni de leader ou quelqu'un de plus fort ou plus important que les autres. De plus on sortait de temps en temps comme le font des amis malgré le sujet épineux du film. Donc oui c'était vraiment super!

EN: Le film est sorti en Angleterre, quelle a été la réaction du public?
MI: La réaction est divisée. Ce n'est pas étonnant puisqu'il s'agit d'un film sur les classes sociales et les privilèges. De plus de nombreux éminents représentants de notre gouvernement viennent de club qui ont inspiré le Riot Club. Du coup certaines personnes pensent qu'il s'agit d'une attaque contre cet enseignement, tandis que d'autres pensent que c'est vraiment bien de faire un film sur la division des sociétés. C'est donc mitigé. Certains aiment, d'autres se disent que ce n'était pas une bonne idée. Ce qui montre qu'il y a débat! Les gens pensent, parlent et débattent sur le film est c'est bien.

EN: Vous le conseillez à la famille royale par exemple?
MI: (Rires) Oh que oui!

EN: Quand vous choisissez un personnage à incarner, quelles sont vos motivations? Qu'est-ce qui vous attire?
MI: Cela dépend de pas mal de chose en faite. Le réalisateur, le scénario lui-même, si le personnage est multidimensionnel, si l'histoire est intéressante évidemment, les acteurs du film également. Vous savez c'est une combinaison de plusieurs choses qui font que je vais dire «oui! Je le fais!».

EN: En parlant d'acteur, avez-vous des acteurs qui vous inspirent?
MI: Oh j'en ai beaucoup! Attendez... Philip Seymour Hoffman, Sam Rockwell, Ralph Fiennes, Merryl Streep, ouais il y en a encore d'autres mais on n'a pas fini si je continue (rires).

EN: Avec lequel vous voudriez jouez?
MI: Et bien Philip... mais bien-sur je ne pourrai pas jouer avec lui maintenant, Sam Rockwell j'aimerais travailler avec lui et Ralph Fiennes aussi. Je serai stressé bien-sûr mais je serai heureux.

EN: La suite pour vous c'est quoi?
MI: En ce moment je fais fait des reshoots pour le film The Devil Harvest de George Mendeluk, l'année prochaine je serai à l'affiche de Woman in Gold de Simon Curtis, aux côtés de Helen Mirren.

EN: Y-a-t-il un personnage que vous souhaiteriez incarner à l'écran?
MI: Je rêverais de jouer le rôle d'un politicien! Peut-être même un méchant politicien parce qu'ils ont une particularité à voiler la vérité et je trouve ça vraiment intéressant.

EN: Il est l'heure de la question stupide, quelle est la pire question qu'on a pu vous poser?
MI: La pire question...en faite ce n'est pas vraiment une question mais plutôt une réflexion que l'on me fait trop souvent à propos de mes parents célèbres (Jeremy Irons et Sinéad Cusack).

EN: Bon je suis blonde donc c'est peut-être pour ça, mais c'est après avoir lu votre biographie dans le dossier presse de Riot Club que j'ai su que votre père était Jeremy Irons, je n'avais jamais fait le rapprochement avant.
MI: (Rires) Oh vraiment? J'adore!! (Rires). Dans tous les interviews que je fais je suis obligé d'en parler et j'en ai assez de cette question qui revient sans cesse! C'est la même question à chaque fois, c'est assez ennuyant à vrai dire.


   cynthia