(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un premier film ça fait toujours peur, aussi bien pour le réalisateur que pour le spectateur. Mais quoi de mieux pour comprendre un premier long-métrage qu'une entrevue?
Une partie de l'équipe du film Les Révoltés, à savoir le réalisateur Simon Leclère et son actrice Solène Rigot, nous attende dans un tendre bistrot parisien. Malgré la chaleur caniculaire de ce mois de juillet, ils se sont prêtés avec douceur et humour au jeu du questions/réponses. Rencontre... |
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Ecran Noir: Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de ce long-métrage?
Simon Leclère:Cela remonte à très très loin. J'avais en tête une idée de disparition ou plutôt de mise en scène de disparition mais il fallait que la personne reste dans le coin pour regarder ce qui se passe. Cette idée s'est accrochée et je trouvais qu'elle méritait d'être creusée. Je me suis ensuite dit "essayons d'en faire un long-métrage" et ça a fonctionné entre guillemets car j'ai trouvé matière à raconter une histoire sur la durée d'un long-métrage. Bien évidemment il a fallu enrichir tout ça avec un arrière plan, des personnages et des interactions.
Ecran Noir: J'ai entendu dire qu'à la base vous êtes parti sur un polar...
SL:Oui et quasiment toutes les versions du scénario mise à part les dernières d'avant tournage possédaient un volet polar plus développé avec des personnages de flics qui enquêtaient a posteriori sur la mort de ce garçon. Le film était construit de manière déconstruite avec des allers-retours entre trois niveaux temporels: avant la disparition, après la disparition puis la mort avec son enquête policière. C'était plus complexe, plus singulier sans doute mais les contraintes de productions ont fait qu'il fallait déléguer.
EN: La scène d'introduction est particulièrement attendrissante, est-ce là un clin d’œil à la forte amitié des deux personnages principaux?
SL:Oui. En faite c'était une idée de dire beaucoup avec peu de moyen. C'est une scène qui permet de déposer une relation de longue date,replique montre suisse une amitié d'enfance. Cela plante les personnages, les décors et l'histoire de l'usine avec ce jeu théâtrale que font les deux enfants.
EN:Votre film n'appartient à aucun genre particulier: polar, romance, social il y a de tout. Comment vous le définiriez-vous?
SL:On me pose souvent la question du mélange des genres et c'est marrant parce que moi je n'ai plus vraiment ce sentiment là sur le film. Le mélange des genres était une des caractéristiques du projet et au final il me semble que le côté polar à pas mal disparu même s'il reste pas mal de code subliminaux. Autant on a appelé ça un polar social, autant pour moi c'est plus un film noir et je préfère dire ça.
EN: Le film est dans l'ère du temps: l'idée d'un film engagé?
SL:Je voulais faire un film sur ce qui se passe dans le monde d'aujourd'hui et en France en particulier. Donc oui cette idée de délocalisation, de déstructuration c'est dans l'ère du temps. C'est vrai que ce n'est pas souvent traité au cinéma et ça méritait de l'être je pense.
EN: Comment et pourquoi avez-vous choisi Solène Rigot et Paul Bartel?
SL: (regarde son actrice) C'est un hasard (rires)! J'ai d'abord casté Solène. Pourquoi j'ai choisi Solène? En faite j'ai vu beaucoup de jeunes actrices de sa génération et je ne sais pas si c'est exact mais je crois qu'il y a plus de jeunes comédiennes que de jeunes comédiens matures en terme de jeu et de comportement. J'ai vu beaucoup de comédiennes très sûres d'elles et intéressantes au niveau du jeu et puis quand j'ai vu débarqué Solène...elle, elle n'était pas bonne au niveau du jeu.
Solène Rigot: (rires) J'ai dû travailler!
SL:(rires) Non, ce n'est pas ça! Elle était pas dans le jeu tout de suite dans la représentation. Elle est venue avec ce qu'elle était et moi je l'ai prise pour ce qu'elle était! Je l'avais vu dans des films où elle savait jouer entre guillemets mais je l'ai plus prise pour sa nature que pour ses talents de comédienne. De toute façon je n'aime pas le processus du casting car je fonctionne plus aux atomes crochues. J'ai juste envie que ça se passe bien humainement. Après la grande question c'était de former le couple à l'écran, il fallait que le couple fonctionne. C'est ce qui a été déterminant pour le choix de Paul d'ailleurs.
EN: Solène, comment pourrez-vous définir Anja votre personnage et comment vous vous êtes préparé pour le rôle?
Solène Rigot: Attendez...j'ai une mouche dans mon thé (touille sa tasse de thé)...là c'est bon! Alors pour la préparation, il n'y avait pas énormément de préparation à faire. On a fait une lecture avec Simon et Paul histoire de faire connaissance dans le travail. Après moi je considère que la préparation débute dès le casting du coup on peut compter les premiers rendez-vous.
Concernant mon personnage, je ne sais pas c'est une fille courageuse qui a envie de sortir de là mais qui est coincée entre deux univers dans sa quête de découverte. Elle est bloquée par tout ce qu'elle a connu et tout ce qui peut la retenir. Coincée par Pavel, par son père et de l'autre côté par Antoine qui lui donne la capacité d'aller dans un autre monde. Après en regardant le film, je ne sais pas pour vous mais moi je trouve qu'elle jouait avec le feu (rires)! Mais elle est complexe et elle veut se battre à sa manière.
EN: Il y a une forte alchimie entre Paul Bartel, votre partenaire et vous. Comment se passait le tournage? Vous étiez aussi proche que vos personnages?
SR: Ah non surtout pas (rires)! Non, je rigole. En faite on habitait dans la même maison, je ne sais pas si ça a aidé. On prenait aussi le petit déjeuner ensemble et je crois que prendre le petit déjeuner ensemble ça rapproche (rires). De toute façon, lorsque tu sais que tu vas jouer avec quelqu'un tu es assez ouverte envers la personne. Et pourtant j'ai débarqué sans connaître personne et deux semaines après le début du tournage. Mais tout le monde m'a bien accueilli.
EN: La question de fille maintenant: entre Pavel et Antoine vous auriez choisi qui dans la vie parce que votre personnage a du mal?
SR: Oulala moi l'un ni l'autre, je me serais barrée ou j'aurai choisi Roland (le père de Pavel) je rigole pardon (rires)!
La bande originale est superbe et votre groupe en fait partie...
SR: Pas tout mais oui il y a quelques chansons de Mr Crock qui sont dans le film et après il y a le reste de...(se tourne vers Simon Leclère)
SL: Rémi Boubale
SR: Rémi Boubale. Il n'y a que deux chansons de mon groupe en faite. Ce sont les chansons que les jeunes écoutent dans le film.
EN: Votre groupe vous pouvez nous en parler?
SR: Alors Mr Crock est né en 2010. Au début je ne connaissais qu'une personne dedans et après en voulant faire un tremplin parisien on a fini par jouer à L'Elysées Montmartre et on a continué ensemble. Là ça va faire deux ans que nous avons un manager et que nous travaillons et peaufinons afin de maturer notre musique...comme un camembert.
EN: En tant qu'actrice ce serait quoi le rôle de ta vie? Quoi, quand, avec qui?
SR: (rires) J'avais dit quoi la dernière fois?
SL: Un rôle de James Bond Girl.
SR: Non pas de James Bond Girl.
SL: Ah oui de kung fu ou de super-héros.
SR: Bruce Lee au féminin voilà! Je voudrais un rôle physique sans effets spéciaux mais un truc avec de la violence et que mon personnage frappe tout le temps.
Et si on apprenait à mieux se connaitre...
Le film qui vous a rendu insomniaque...
Solène Rigot: Rec mais je ne me souviens plus du quel!
Simon Leclère:Je ne suis pas clients des films d'horreur. Je sais que Poltergeist m'avait pas mal intrigué mais après pas ça ne m'a pas empêché de dormir.
Le film qui vous avez fait pleurer...
SR:Quand j'étais petite je crois que j'ai pleurer devant Amélie Poulain (rires) mais je ne veux pas l'assumer! Sinon Into The Wild j'ai chialé lorsque le père apprend qu'il est mort et tout. C'est une des scènes qui m'a le plus choqué: il s'assoit part terre, il regarde sa chienne...ça m'a vidé et je ne sais pas pourquoi. Sinon la fin de Six feet Under mais c'est une série! (Se retourne vers Simon Leclère) Et toi pas d'idée? Arrête on va croire que les filles pleurent et pas les garçons.
SL:Je ne suis pas un gros pleureur au cinéma...je suis nul à ça!
La personnalité avec qui vous voudrez parler cinéma autour d'un dîner...
SR:Je pense à Lars Von Trier car son film Melancolia m'a choqué. Lorsque je suis sortie de la séance c'était la première fois que je voulais buter un réalisateur. Il m'a limite plus traumatisé que Rec. J'aimerai du coup choisir Lars Von Trier afin de lui demander pourquoi il a fait ce film!
SL:Il y a des gens comme Tarantino qui parle de cinéma en permanence et ça pourrait être bien. En plus je ne pourrais pas en placer une (rires)!
Cynthia
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