(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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EN : Comment avez-vous travaillé avec les acteurs ?
SF : Il y a eu des moments extraordinaires sur le tournage. Une alchimie parfaite entre les acteurs. Par exemple, la scène où la jeune femme rase le personnage masculin. La scène de massage. La conversation entre les deux femmes, quand elles se demandent si elles vont le sauver ou pas. Nous avons seulement filmé cette scène une fois. Une prise, deux caméras. Le dialogue, puis elles rentrent à l’intérieur, la caméra les suit et elles vont le retrouver.
Je vois ce que font les acteurs et je les suis. Nous avions très peu de temps pour tourner car c’est un film à petit budget. Tout devait être fait dans la précipitation. La seule chose pour laquelle je n’ai pas économisé mon temps, c’est pour le travail avec les acteurs. La seule manière de faire était de parler avec eux. J’ai énormément parlé. On a passé tout le week-end à parler des scènes avec chacun. Le plus grand challenge, c’était probablement Martin [McCann] qui n’était pas à l’aise avec les scènes de nudité. Mais quand on les a tournés, il y avait une intensité qui m’a marquée. Je m’en souviendrai toujours.
EN : La nature semble elle-aussi un personnage à part entière…
SF : Quand j’ai préparé le casting, j’ai dit : « il y a 4 acteurs dans ce film, et le 4e c’est la forêt. » En vrai, j’ai eu un choix très limité pour la forêt. Les producteurs m’avaient prévenu que je devais absolument tourner dans cette forêt. Elle n’était pas si grandiose, cela m’a obligé à plus me concentrer sur les personnages. Ce que j’ai pu faire, c’est un grand travail sur le son. Presque tout le son du film a été remplacé en post production. Je pense que l’une des raisons qui fait que le film est aussi efficace, c’est grâce au design sonore.
EN : C’est comme si la nature prenait une revanche…
SF : Sans doute le film ne parle-t-il pas seulement du viol de la jeune fille, mais de celui de la nature également. Les êtres humains sont profondément non naturels. Il y a une série télévisée britannique des années 80 qui m’avait beaucoup ému, c’est Age of Darkness. Cela parlait d’une conspiration incluant des armes nucléaires. Dans la série, il y a un homme qui essaye de résoudre le meurtre de sa fille. Mais à la fin elle réapparaît, sous la forme d’un fantôme, et lui dit qu’on retourne tous à la terre et que la terre continuera sans nous. C’était très touchant.
EN : Dans la dernière partie du film, il y a un montage parallèle très fort entre une séquence où un personnage est sur le point de mourir, et une séquence où on voit ce qui lui arrive après sa mort…
SF : Cette scène n’était pas écrite ainsi au départ. Au départ, elle était plus sur le personnage masculin et ses réactions en voyant la femme accepter la mort, ce qui bien sûr l’amène à considérer sa propre mort. Mais Mark trouvait la scène très éprouvante à jouer. Donc en post production, avec mon monteur, on a décidé de resserrer la scène sur elle. Il se dégage une incroyable intensité d’elle quand elle imagine ce qui va arriver à son corps après… J’ai trouvé les choix du monteur très émouvants, notamment celui de n’entendre aucun son à part son souffle.
MpM
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