(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ecran Noir : Comment décririez-vous votre personnage dans 45 ans ?
Tom Courtenay : Je ne le décrirais pas vraiment… Je dirais juste qu’il s’agit de quelqu’un qui est soudainement contraint de se souvenir de sa vie lorsqu’il était jeune. Et par manque de chance, le moment où ces souvenirs lui reviennent est aussi celui où sa femme veut célébrer leurs 45 ans de mariage. Et lui se souvient de sa vie avec une autre femme, avant qu’il n’ait rencontré sa femme.
EN : Comment avez-vous rencontré Andrew Haigh ?
TC : Je ne l’ai pas rencontré, j’ai lu le scénario sur mon téléphone. Je ne le connaissais pas, je n’avais jamais entendu parler de lui. C’est arrivé de nulle part.
EN : Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario ?
TC : Il y a cette scène, presque au début du film, où le personnage apprend que le corps de la femme qu’il aimait dans le passé a été retrouvé et préservé par la glace dans la montagne. C’est la scène la plus puissante que j’ai lue. Je n’avais besoin de rien d’autre. Cela a immédiatement capté mon imagination.
EN : C’est comme un symbole de sa jeunesse…
TC : Oui, absolument ! Les personnages âgés regardent toujours vers leur passé et leur jeunesse. Mais là, c’est une manière brillante de rendre ça réel pour le personnage. J’ai trouvé ça merveilleux. La nouvelle dont s’est inspirée Andrew [Haigh] pour faire le film n’est qu’un tout petit fragment de l’histoire. C’est Andrew qui a tout écrit, à l’exception de cette idée de départ, la jeune fille dans la glace… Le reste, c’est lui qui l’a inventé : l’anniversaire, les relations avec sa femme qui est assez inexistante dans le livre, etc. C’est presque un scénario original basé sur une seule idée. Et aussi un mot qu’il a gardé de la nouvelle : le mot heedless . Je m’en souviens, mon personnage parle de sa jeunesse et dit qu’ils étaient heedless, c’est-à-dire assez insouciants.
EN : Une insouciance qui est au fond le privilège de la jeunesse…
TC : Oui ! Pas le privilège de ma jeunesse, mais le privilège de la jeunesse du personnage ! Et quand on regarde en arrière, certains pensent qu’ils étaient plus libres à l’époque que maintenant, mais pour moi c’est le contraire ! Je me sens plus libre maintenant.
EN : Ce qui est une belle chose, au fond !
TC : Oui, bien sûr ! Parce que j’ai été découvert très tôt, vous savez. J’étais encore à l’école d’art dramatique et je suis devenu "l’homme du moment". C’était difficile pour un jeune homme !
EN : Cela a été un fardeau pour vous ?
TC : Oui. Mais ça ne l’est plus ! Maintenant j’en profite. Je passe de bons moments à Dinard !
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