Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Un regard de braise et une coolattitude communicative, Elio Germano nous a fait le plaisir de répondre à nos questions sur son dernier film (Alaska) mais aussi sur le cinéma et la musique , ses deux passions...
Ecran Noir: Comment vous êtes venu à jouer dans Alaska?




Elio Germano: Et bien c'est parce que je connais très bien Claudio (rires). C'est un ami à moi. Il a partagé avec moi le film depuis son écriture, lorsque ce n'était encore qu'un simple sujet. J'étais donc dedans depuis le début.

EN: Du coup cela fait quoi de travailler avec Claudio Cupellini?
EG: Ah c'était étrange...(rires) lorsque vous connaissez bien quelqu'un le voir au travail c'est quelque chose de dérangeant (rires). Mais on pouvait se disputer tranquillement tout de même...

EN: Le film semble poser la question de savoir quelle est la clé du bonheur, l'argent ou l'amour? Du coup je vous le demande à ma façon: est-ce que l'on peut vivre d'amour et d'eau fraîche selon vous?
EG: Pour Fausto et Nadine c'est un peu de la schizophrénie. Ils pensent que la carrière c'est tout jusqu'à ce que l'amour frappe. L'amour arrive comme ça, c'est quelque chose que l'on attend pas, c'est quelque chose de dangereux même pour la vie de l'un et de l'autre. Ils ont fabriqué une vie à eux et puis l'amour vient tout chambouler. C'est déstabilisant.

EN: Comment vous vous êtes préparé pour le rôle de Fausto?
EG: Tout d'abord la préparation a été d'apprendre le français. Astrid nous l'avons aidé à apprendre l'italien. Du coup on travaillait ensemble et c'est comme ça qu'il y a eu un lien entre nous. On a beaucoup échangé entre nous afin de rendre les choses plus véritables à l'écran. On a beaucoup travaillé également sur le passé des personnages afin de ramener quelque chose de nouveau à notre jeu. Par contre nous avons essayé de ne pas trop répéter afin que ce soit le plus réaliste possible.

EN: Tout ceci explique la fusion de vos personnages...vous êtes fusionnels...
EG: On s'est beaucoup aidé pour la langue et également pour la complexité du film. Comme en Italie nous n'avons pas beaucoup de temps pour les répétitions nous avons beaucoup travailler ensemble. Nous étions plus des acteurs mais des êtres humains car Astrid et moi ont la même faiblesse...la langue!

EN: Vous êtes un acteur caméléon, vous transformez même votre corps je repense à votre rôle de bossu dans Leopardi, Il giovane favoloso. Est-ce que vous aimez repousser les limites?
EG: Ah oui forcément! La plus grande chance que mon métier m'offre c'est cet exercice de l'âme. Se mettre dans la peau des autres c'est un exercice spirituel pour moi. Acteur je le fais en guise de métier mais pas que...ça me permet de sortir de moi, de pouvoir vivre des vies différentes et surtout de comprendre les autres. Pour moi, il faudrait enseigner le théâtre et le cinéma dans les écoles et pour tout le monde comme un exercice thérapeutique. D'ailleurs aujourd'hui je pense qu'on a beaucoup besoin de comprendre les autres, nous vivons trop dans notre monde solitaire puis nous ne comprenons plus ce qui se passe. On voit des monstres partout parce qu'on est dans notre bulle...on ne fait plus attention aux autres. Jouer permet l'empathie.

EN: Vous êtes à votre troisième film en France, avez-vous senti une différence entre le cinéma italien et français?
EG: Il n'y a pas trop de différence comparé aux cinéma américain par exemple. Mais il y en a tout de même: en France les plateaux sont silencieux alors qu'en Italie c'est...plus...vivant on va dire (rires). On est tout le temps en train de résoudre un problème, on ne fait pas de préparation car l'argent arrive souvent au dernier moment. Après si vous avez de l'amour pour le film que vous tournez ça marche.

EN: Si je ne me trompe pas vous êtes également un rappeur et vous avez votre propre groupe (les Bestiare), vous pouvez nous en parler?
EG: C'est quelque chose que j'ai crée avec mes amis. Nous avons choisi de ne pas vendre d'album ou d'avoir de label. Comme ça nous sommes libres de chanter ce que nous voulons. En plus ce qui a de génial c'est que si vous voyez quelqu'un chanter vos chansons ce n'est pas parce qu'on a passé votre chanson en boucle à la radio mais parce qu'il aime votre oeuvre et qu'il connaît. C'est quelque chose de rare que l'on a voulu garder.


   Cynthia