Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Gabriele Mainetti, le réalisateur du bijou assez jouissf italien, On l'appelle Jeeg Robot, nous accueille tout sourire dans un hôtel parisien. Son regard malicieux et son léger accent italien illumine cette matinée pluvieuse. Douce et mélodieuse rencontre...
Écran Noir: Comment est venue l'idée de Jeeg Robot?






Gabriele Mainetti:
Et bien il y a tellement de films de super-héros qu'on voulait le nôtre. Nous avons commencé en 2009 avant de concrétiser le tout en 2014 et de sortir le film en février 2016. C'était un sacré long voyage.


EN: Votre film a été présenté au festival de Gérardmer, aimez-vous les films de science-fiction et les films d'horreurs?


GM:
Oui j'adore, je n'ai pas de films favoris mais j'adore ces genres.
Quoique...(réfléchis) si...j'ai un film favori: Répliques MontreOld Boy de Park Chan-wook. Ce n'est pas de la science-fiction ni de l'horreur mais c'est un thriller très captivant. En réalité j'aime les beaux films et peu importe le genre, tous les genres sont superbes. Les beaux films peuvent être des comédies, des romances, des drames, de la science-fiction... Je regarde tout.


EN: Jeeg Robot a été un long voyage, quelles ont été les grosses difficultés de l'aboutissement de ce projet?


GM:
L'argent par exemple. Je n'ai pas eu de producteurs et j'ai dû produire le film moi-même car c'était le seul moyen pour que le projet voit le jour. Personne n'y croyait.
Ce qui a été difficile aussi, ça a été l'attente. Je n'avais envie que d'une chose: aller sur le tournage et commencer à faire mon film mais il fallait rassembler un tas de choses, un tas d'accord...ça m'a rendu fou! Je perdais la tête...ça a vraiment été difficile! Bien entendu j'ai tout de même eu des gens qui ont cru en mon film mais pas des producteurs. Les producteurs, vous savez, ce sont comme les papas du film, ce sont ceux qui font en sorte que cela arrive, que votre film se fasse et qui croient en son réalisateur. Mais non, les producteurs n'ont pas cru en moi et en mon projet. Vous voyez le genre? Se lever tous les matins et se dire en se regardant dans le miroir est-ce que je fais ce qu'il faut? Est-ce que le film va fonctionner ou est-ce que ce sera une putain de grosse merde? Je ne pouvais à peine me confier à mes amis car je les payais. Ils étaient tous là: mais oui fait le film, yes! sans savoir le stresse que j'avais. C'était difficile, vraiment.
En plus c'était un grand pas dans mon pays, dans ma ville car on ne fait jamais ce genre de film. Imaginez la tête des producteurs: un film de super-héros? Mais c'est quoi cette putain d'idée? Tu veux faire un truc comme ça dans cette ville, mais ça ne va pas fonctionner! Et ils ont eu tort. Qu'ils aillent se faire foutre car il a eu un grand succès!


EN: On ne peut qu'adorer, vous pouvez être fièr...


GM:
Oh merci...oui, oui j'en suis fièr (sourire).


EN: Le casting est magistral. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez trouvé cette équipe?


GM:
Claudio (Santamaria) est l'un de mes meilleurs amis, Ilenia (Pastorelli) n'est pas une actrice, elle vient d'une télé réalité italienne (le Big Brother Italien): on a donc beaucoup travaillé ensemble. Mais elle a l'humanité de son personnage. C'est elle qui m'a contacté en me disant: bon écoute je ne sais pas si je veux devenir actrice mais ce que je sais c'est que Alessia, ce personnage qui se trouve sur ce papier, je comprends...je comprends tout. Et c'est vrai, elle est superbe! Luca (Marinelli) qui incarne Le Gitan est un super acteur qui n'avait jamais joué un personnage comme celui-ci avant mais qui a donné toute une personnalité à ce méchant.
C'était un challenge pour tout le monde mais on s'est tous éclaté.


EN: Durant le film, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Deadpool, à cause de son côté je ne me prends pas pour un super-héros et je mate des pornos...peut-on dire que Jeeg Robot est le Deadpool italien?


MG:
Vous savez Deadpool, en Italie, est sorti une semaine avant Jeeg Robot. Du coup on a eu super peur. Mais ça va Jeeg Robot a eu son succès.
J'adore Deadpool, vraiment mais je pense que Deadpool fonctionne en tant qu'anti-Marvel et perd du coup ce côté dramatique et réel qu'il aurait pu avoir et qui aurait pu le rendre parfait. Jeeg Robot n'est pas un anti-Marvel ou un anti-héros, c'est juste un film qui veut dire certaines choses. Deadpool est drôle, divertissant et j'adore mais il y a certaines choses...
Bien, prenons exemple du méchant: tout le monde s'en fiche du méchant alors qu'il y aurait pu avoir un combat plus fort entre ce méchant et Deadpool. Deadpool est super parce qu'il y a Deadpool, ce qu'il y a autour ce n'est rien. De plus le personnage de Deadpool aurait pu être tellement plus grand si on l'avait davantage humanisé avec sa souffrance dû au cancer.
Le film est drôle mais aurait pu être plus fort que ça avec cette métaphore de la maladie qui transforme son personnage comme un monstre. Je trouve ça beau mais c'est regrettable qu'ils ne l'aient pas exploité un peu plus.
Je sais que je me montre critique mais c'est parce que j'aime vraiment beaucoup Deadpool. J'ai adoré mais je suis resté sur ma fin. Je ne suis pas aussi doué que le réalisateur du film bien évidemment mais Jeeg Robot est un film dramatique. Ce n'est pas une comédie, c'est un film sur la vie. Donc, non je ne pense pas qu'il soit le Deadpool Italien, ils sont différents tous les deux.


EN: La ville de Rome où est tourné le film est presque un personnage. Cette ouverture au début du film donne envie d'y partir pour ces prochaines vacances...


MG:
Je suis né et j'ai grandi à Rome et oui c'est un autre personnage du film. Rome est composé de plusieurs quartiers, un peu comme Paris: il y a Paris et la banlieue autour. Vous pouvez vivre en banlieue et avoir envie d'explorer Paris et du coup être dans un autre monde. C'est la beauté de tous ces quartiers qui ont fait mon enfance et que je voulais montrer. La scène d'ouverture est faite ainsi: on y voit tout puis on rentre à l'intérieur de la ville pour y découvrir la banlieue.
Même les accents sont différents et varient selon le quartier de Rome puisqu'il y a l'accent du sud, du nord mais aussi de l'autre côté et de l'autre partie de la ville (Petite démonstration des différents accents existants à Rome...nos oreilles ont appréciées). Jeeg Robot n'est donc pas un film italien mais un film romain. Et je suis tellement fièr de ça car je suis fièr d'être de Rome si vous saviez! J'aime ma ville! Et j'ai un gros accent du centre de Rome d'ailleurs (rires)!


EN: Je ne sais pas pour vous mais j'adore la scène de fin avec Le Gitan complètement dingue qui se met à danser et chanter tout en tuant des gens...


GM:
(Rires) C'est ma préférée aussi! On n'a pas écrit la scène à cause du temps, vous savez. C'est juste avant de tourner que nous avons eu l'idée de cette scène, de la chorégraphie et même de la chanson qui devrait être traduite afin que tous les spectateurs comprennent.


EN: Elle est traduite.


GM:
Vraiment, il y a la traduction en français? Génial! Car les paroles (rires) sont si importantes.


EN: Oui le viens que je te fasse un câlin tout en tuant des gens...


MG:
Oui, c'est ça! Qu'est-ce que j'aime cette scène! Et vous savez pourquoi c'est la meilleure des scènes? Parce qu'elle n'a pas été écrite. Elle a été imaginé c'est tout.


EN: Si vous pouviez boire une bière avec l'un de vos personnages ce serait qui?


GM:
(Rires) oh voyons...(rires) Je dirais Alessia parce qu'elle est belle, drôle et gentille. Enzo serait embarrassé, alors il refuserait mon invitation. Le Gitan est dangereux, je ne serais pas en confiance du coup je propose la bière à Alessia. Elle connaît tellement de choses sur la vie que je ne m'ennuierais pas et qu'on parlerait pendant des heures.


EN: Parlez moi un peu de votre parcours artistique...


GM:
Jeeg Robot est mon premier film mais j'ai fait 11 court-métrages, des publicités, des clips, etc. Et même si ce n'est absolument pas la même chose, je me suis lancé pour un film (rires). Avant j'étais acteur (j'ai commencé à mes 19 ans) et j'ai fais un peu de musique aussi.


EN: Pourquoi avoir arrêté votre carrière d'acteur?


GM:
Le métier d'acteur m'a appris à parler à mes acteurs, à les diriger mais ce n'est pas un métier pour moi. Je ne m'amusais pas en tant qu'acteur alors qu'en tant que réalisateur je m'éclate.


EN: Quels sont vos projets à venir?


GM:
J'ai quelques projets de films dont un qui va débute en septembre!


   Cynthia