(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Alors que le 2e très attendu volet de Minuscule en version long métrage arrive enfin sur les écrans, nous avons rencontré celle qui fut à la fois la scénariste, la co-réalisatrice et la directrice artistique du projet : Hélène Giraud, qui créa la série Minuscule en 2006 avec Thomas Szabo. L'occasion d'en savoir plus sur les secrets de fabrication du film et les dessous des nouveaux personnages, tous inspirés d'insectes existant en Guadeloupe. |
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EN : Comment parvenez-vous à rendre les insectes aussi expressifs ?
HG : C’est vrai qu’ils n’ont que des yeux, et le langage du corps… Thomas qui s’occupe plus de la mise en scène est expert en la matière. C’est-à-dire qu’on joue à la fois sur les mouvements et sur les non mouvements, sur les silences. Dans la retenue, dans les yeux, dans ce que raconte la scène. Je pense aussi que les gens projettent facilement, si on leur laisse la place pour le faire. On peut générer beaucoup d’émotions.
EN : La musique joue aussi un rôle primordiale dans le film, elle est très présente, avec beaucoup d’ampleur...
HG : Absolument. Matthieu Lamboley a écrit la musique sur l’image, et chaque personnage a son propre thème, dans l’esprit de ce qui avait été fait pour Pierre et le loup. On a également ajouté de la musique classique, par exemple Madame Butterfly de Puccini sur la scène de la tempête. Nous avons eu la chance de travailler avec l’orchestre national d’Ile-de-France dont le studio venait de ré-ouvrir après travaux, et 80 musiciens ont participé à l’enregistrement.
EN : Il y a aussi de la musique techno, avec une utilisation d’ailleurs toute particulière…
HG : Ah oui ! Sur son Ipod, qu’elle avait trouvé un jour par terre, l’araignée noire avait de la musique classique, mais aussi d’autres choix, et là elle trouve une utilité à ce morceau !
EN : La manière dont elle écoute de la musique est aussi une manière de s’exprimer...
HG : C’est ça ! Parce que c’est un personnage très solitaire, elle écoute de la musique en permanence. Mais cette aventure va la changer un petit peu, la bouleverser.
EN : On peut donc s’attendre à la revoir dans le 3e volet, puisqu’il va y avoir une suite ?
HG : Effectivement, on a écrit un troisième volet. Bon, pour l’instant on va se reposer un petit peu. Mais on reverra l’araignée noire, car nous aimons beaucoup ce personnage. Elle est particulière, elle est différente des autres araignées. On fait très attention dans Minuscule à ce que les insectes qui généralement sont repoussants soient au contraire agréables au regard et sympathiques. C’est quelque chose qui nous avait vraiment fait plaisir avec la série, d’apprendre que les enfants avaient moins peur des insectes. Qu’ils les regardaient plus facilement. On ne dit pas qu’il faut toucher tous les insectes, mais ça nous fait plaisir de savoir que ça a pu calmer des phobies chez certains.
EN : On est aussi à une période où on a tendance à exterminer aveuglément les insectes, alors qu’on se rend compte qu’il y en a de moins en moins, et justement le film joue aussi ce rôle-là, de montrer qu’ils ne sont pas forcément nuisibles, qu’ils ont leur propre vie.
HG : Oui, c’est ça, c’est vrai. Et c’est vrai que nous avons une sensibilité écologique, je ne sais pas comment de nos jours on peut ne pas l’avoir, d’ailleurs. Mais c’est vrai qu’avec les histoires de Minuscule, on rappelle qu’on vit avec les insectes, qu’on est chez eux aussi. On cohabite partout sur la terre. Il faut faire attention, ne pas hésiter à les observer, à les regarder. Comme nous on le faisait quand on était enfant. D'ailleurs c’est comme ça qu’est né Minuscule : on regarde la nature, on regarde les insectes, on s’imagine des histoires, et évidemment ça prend des proportions incroyables, mais le point de départ c’était ça. Avec de vrais insectes au départ quand même, parce que là on joue un peu avec eux…
EN : Oui, il y a notamment tout un travail sur la texture, qui est très belle.
HG : Oui, ça, c’est très important pour moi, de faire un travail sur les matières, les poils, les textures… Il faut faire attention, car un vrai insecte vu de près peut être repoussant. Donc j’essaye de prendre des éléments qui sont réels mais je les stylise. J’en garde l’essence et je le simplifie pour le rendre agréable à l’œil. Mais j’essaye de garder le plus possible sa réalité organique. L’araignée poilue multicolore, par exemple, on est parti d’une araignée existante. C’est une araignée sauteuse, qui fait cette danse, d’ailleurs, comme on la voit sur la toile. Bon, on en rajoute un petit peu, mais elle existe vraiment avec de grandes mandibules poilues. Je suis vraiment contente des textures et des poils, ça a été très bien fait par le studio.
EN : Et la séquence est à la fois drôle et inquiétante.
HG : C’est ambigu. On voit bien que l’araignée n’est pas là que pour jouer avec la coccinelle. Donc elle est drôle, mais ça fait un peu peur aussi. On sent qu’il y a un danger, mais c’est dédramatisé.
EN : Et donc, la galerie de nouveaux personnages est inspirée d’insectes qu’on trouve vraiment en Guadeloupe ?
HG : Exactement. On a fait un casting. Il y avait un choix immense. On est allé vers ceux qui étaient connus par tout le monde. Comme on a tendance à les « relooker à la Minuscule », c’était important que le public les identifie rapidement, comme le phasme, la sauterelle-feuille, le moustique… On s’amuse de nos égarements artistiques sur le look, parce qu’on prend des libertés, on les transforme quand même. Par exemple l’oiseau-mouche. Mais on le reconnaît quand même. Mais ce sont uniquement des insectes qui existent aux Tropiques. Même la petite coccinelle antillaise, c’est une espèce qui existe aux Antilles et en Asie : noire, avec des points rouges.
EN : Et pour ce qui est des influences cinématographiques, cette fois ?
HG : On aime dire que pour le premier on avait pensé au Seigneur des anneaux, avec le côté « combats », la foule des attaquants contre le fort… Là, c’était plutôt Pirates des caraïbes, pour parler rapidement. Des aventures, avec un peu d’amour.
MpM
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