Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Lonely or not lonely Accompagnés de Nathalie, l'attachée de presse, ils arrivent dans le foyer de l'hôtel. Venant juste de terminer un entretien avec TV Ontario, ils embrayent avec notre webzine... Amis depuis 15 ans ils ne se quittent plus, même si à premièr vue on sent Brian Koppelmann plus expansif que son collègue (David Levien), on perçoit aussi une nette complicité entre les deux scénaristes, qui d'ailleurs portent la même veste (hasard ou coïncidence!).
EN : Quand avez-vous décidé de travailler ensemble sur ce scénario?





David Levien : Il y a 2 ans et demi. J'ai eu un coup de téléphone à 2h30 du matin c'était lui (pointant du doigt Brian)! Un gars qu'il connaissaît connaissaît un type qui jouait de façon professionnel pour se faire de l'argent dans un club "underground". Brian est allé voir cet endroit, il a vu tous ces types parler et jouer aux cartes. Il a pensé que ça pourrait faire un très bon film, donc on a commencé à écrire.

EN : Quelle a été la préparation pour écrire un tel script? Brian Koppelmann : On a évolué dans ce monde pendant un an, à prendre des notes, observer...

EN : Vous avez-joué?

Ensemble : On devait jouer!

EN : En écrivant le scénario, pensiez-vous à des acteurs en particulier pour jouer dans le film?

DL : Non, pas réellement. Quand on est assis à la table à travailler on ne pense pas à un acteur pour jouer un rôle précis.

BK : John Malkovich, Martin Landeau, John Turturro, j'ai payé pour aller voir leurs films... Mais vous ne pouvez pas penser à ça quand vous êtes assis dans la chambre en essayant juste d'arriver à la prochaine page...

EN : Avez-vous des rôles définis lorsque vous travaillez ensemble?

DL : Beaucoup de personnes travaillent différement, mais nous on est tout le temps ensemble, on fait toutes les scènes ensemble. Habituellement je tape. On parle pendant des mois!

EN : C'était le premier script que vous écriviez ensemble, non?

BL : Depuis on en a écrit d'autres ensemble (Weasels, Guido's All-American).

EN : Avant vous écriviez chacun de votre côté?

DL : J'ai écrit un livre, une nouvelle, Wormwood. Mon prochain va sortir, et puis il y a eu des sketches, des comédies.

EN : Donc jamais pour le cinéma ...

BK: Non. Depuis on nous a proposé de diriger un film.

EN : Ce qui promet d'être une expérience enrichissante.

DL : Bien sûr, on a eu un tel enseignement avec Rounders. Nous étions sur le plateau tous les jours, on a tellement appris là-bas!

EN : Beaucoup de nos lecteurs sont des scénaristes en herbe, pouvez-vous leur expliquer comment vous avez reussi à "vendre" votre scénario?

BK : OK, bien sur. Le meilleur conseil c'est d'écrire, continuer à écrire...

DL : Et envoyer vos scénarios!

BK : A n'importe qui qui puisse vous lire. Vous avez besoin de bons représentants, de managers. Dans notre cas, on n'avait trouver un manager qui n'avait rien vendu, mais qui a lu le livre de David et l'a adoré. Lorsqu'on a eu fini d'écrire le script il a dit "je peux le vendre", et on lui a fait confiance! Après on a juste suivi le Réseau, un gars qui en connaissait un autre et ainsi de suite, on a eu de la chance!

EN : Après avoir reussi à vendre le script, vous a-t-on toujours autorisé à donner votre avis sur le réalisateur, les acteurs...?

BK : On a été très impliqué dans les choix du réalisateur (John Dahl). Par contre nous n'avons pas participé au choix du casting. On a juste fait une liste où John Malkovich et Turturro étaient dans nos premiers choix.

DL : Nous avons eu beaucoup de chance d'être autant impliqué pour des scénaristes.

EN : Mais pour nous c'est une première de pouvoir interviewer des scénaristes et de surcroît anglophones!

BK : Oui. Et Miramax est très gentil avec les écrivains. Ils ne cherchent pas à corrompre leurs visions... Les gens pensent qu'après avoir vendu un script on a reussi, mais ce n'est que le début! Miramax nous encourageait à venir sur le plateau, et aussi à promouvoir le film à Montréal.

EN : Vous ont-ils demandé de modifier votre scénario?

DL : Juste quelques suggestions.

BK : Ils ne nous ont jamais dit de changer la fin, de la rendre plus agréable au public, car elle est un peu contreversive.

EN : Seriez-vous prêts à travailler pour des studios plus gros et plus "Hollywoodiens"?

BK : Miramax et New Line sont des studios à part entière et nous retravaillerons avec eux, c'est certain...

EN : Donc vous n'êtes pas prêts à écrire n'importe quoi, je veux dire comme...

DL : Armageddon! (rires)

BK : Je ne peux pas voir ce film!

DL : On veut écrire des histoires que l'on pense intéressantes à raconter.

EN : Dans quelle mesure votre vie intervient dans l'écriture d'une histoire?

BK : Dans la plupart des scripts on met quelque chose qui nous est familier. Tous les personnages ont des aspects de notre personnalité.

EN : Que pensez-vous du cinéma indépendant américain et de son influence qu'il exeerce sur les grandes "majors"?

BK : Les indépendants font de l'argent (Reservoir Dogs, Good Will Hunting), alors qu'Hollywood fait ce qu'elle peut pour en faire! Les petits films font de l'argent pas grâce à l'artistique, mais par son scénario.

EN : Est-ce-que montréal doit être votre premier festival, qu'en pensez-vous?

BK : On est là depuis 7 heures (rires), on a pas eu le temps de se faire une idée.

EN : Mais quand repartez-vous?

BK : Dans à peu près 7 heures, tout juste le temps de présenter le film ce soir!

EN : Au début de l'entretien vous m'avez dit que vous utilisiez Internet...

BK : Je vérifie tous les sites de cinéma, et j'y fait beaucoup de recherches, on trouve de tout.

EN : Avez-vous trouvez beaucoup de sites sur le Poker?

BK : Des tonnes... Avant de les quitter (une autre interview les attendait), Brian me laissera un dernier conseil pour nos jeunes lecteurs-scénaristes :

Ne perdez pas espoir et continuez d'écrire. Vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire!


   Alix