(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Don le visionnaire? McKerllar présente Last Night. Le Torontois à Montréal. De son enfance à son avenir...
Et les protagonistes voient cette dernière nuit comment?
Don McKellar: "Je ne sais plus. J'ai pesé toutes les options trop de fois..."
Sandra Oh: "Je pense que je voudrais être avec ma famille et ceux que j'aime."
Callum Keith Rennie: "Peut-être que ce serait une grosse soirée. Je ne sais pas...peut être que ce serait du bon temps...je ne sais pas. Peut-être que la fin ne sera pas si effrayante."
Sarah Polley: "Je voudrais probalement faire un dîner de Noël. J'adore ce moment de l'année."
David Cronenberg: "J'y pense tout le temps." |
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Il nous parle de son enfance...
Don McKellar, sous ses airs d'adolescents timides, nous raconte comment, dans sa jeunesse, il s'était déjà retrouvé confronté à la fin du Monde... Ses parents lui ont remémorés un épisode, alors que le jeune Don était fiévreux et enclin aux cauchemars, il sortait en pyjama et allait avertir ses voisins que la fin du Monde était proche. "Mes parents étaient horrifiés, ils m'ont mis dans leur chambre, je voyais leurs visages terrifiés, "Oh! Mon Dieu, notre enfant n'est pas sain...". Je crois que c'est toujours en moi." Il ajoutera, comme pour nous rassurer, que les cauchemars sont terminés maintenant qu'il est plus vieux...
Lorsqu'on lui parle de son option de choisir une professeur de français (incarnée par Geneviève Bujold), il se remémore ses années de lycée. D'après lui, l'image des professeurs de Français est la même à travers le Canada : la jeune femme chic et distinguée avec qui on a des conversations stupides comme "Est-ce-que tu vas en Europe cet été? Non malheureusement, mais je voudrais bien y aller" articule-t-il en français et en y mettant beaucoup de bonne volonté. C'est aussi à cette époque que Geneviève Bujold atteignait le pic de sa carrière et cette image de femme sensuelle est restée gravée dans sa mémoire.
Enfin, en abordant le sujet de la musique qui est très présente dans Last Night, on ne résiste pas à l'envie de lui demander pourquoi il a choisi la chanson Guatanamera. "On la jouait tout le temps à la radio, cela devait me rendre dingue quand j'étais gosse. Je la haissais étant jeune et maintenant je l'adore!" En la redécouvrant pour les besoins du film, il l'a trouvé très naïve, "c'est une musique folklorique très sociale, tout le monde la chante en même temps". L'occassion était trop belle, on lui parle de Antz où la chanson est aussi utilisée. Pour son film, on peut y voir un signe funeste, car elle aborde le sujet de la mort et le poète a été assassiné juste après l'avoir rédigé, c'est seulement par la suite qu'on l'a mis en musique.
De la fin du Monde...
Lorsque la société de production, Haut et Court, lui a proposé de participer avec 10 autres cinéastes au projet L'an 2000 vu par..., McKellar n'a pas hésité une seconde à représenter le Canada. "L'idée du scénario m'est venue très rapidement, ce qui est surprenant car je suis plutôt lent pour produire quelque chose". Bien sûr le réalisateur ne souhaite pas voir la fin du monde arrivé avec l'an 2000, mais comme The Hole (film représentant l'Asie dans le programme), Don a choisi une fin apocalyptique pour son long métrage; il se justifiera en prétendant que des centaines de films allaient être tournés sur le changement de siècle "je ne voulait pas être trop commun".
Son film traite de la manière dont les gens vont "dealer" avec la fin du monde, il ne cherche pas à l'arrêter comme dans Armageddon. Evidement, même si le script s'est écrit assez facilement, Don McKellar a interrogé des proches afin de savoir ce qu'il ferait lors de cette fameuse dernière nuit: le sexe est arrivé en première position.
"Ça doit être génial, mais en même temps la pression serait trop forte, pour moi!". En parlant de son personnage, Patrick, l'auteur avouera ne pas l'avoir écrit pour lui, "même si il y a beaucoup de moi-même dans ce personnage". Mais les producteurs pensaient qu'il serait parfait pour ce rôle, c'est pourquoi il s'est retrouvé devant et derrière la caméra. "Ça a été plus facile que je ne le pensais, j'étais très à l'aise avec toute l'équipe et mon producteur était toujours présent pour me soutenir"; il ajoutera que l'on est trop occupé à tourner qu'il n'avait pas le temps de s'en soucier, et finalement "c'est marrant de se critiquer soi-même".
Certains aspects du film nous ayant intrigué nous souhaitions en discuter avec le réalisateur, ainsi on apprend que le fait de se trouver en plein jour n'est pas innocent même à minuit... Tout le monde sait que cette nuit sera la dernière, alors McKellar souhaitait donner un indice qui prouverait que cela allait effectivement arriver et que "quelque chose n'allait pas bien avec les planètes ou les étoiles". D'ailleurs en parlant de la fin du Monde, VinCy (le chef adoré) explique à Don McKellar que les femmes ( Marie Turgeon, journaliste à TV Ontario et copine du chef, et moi-même) voyaient la fin du film comme un nouveau départ et non pas comme la fin du Monde, contrairement au rédacteur en chef d'Ecran Noir. Ce dernier est appuyé par le réalisteur nuancant sa réponse en admettant que "c'est la fin de Ce monde, beaucoup de mondes finissent, c'est une sorte d'allégorie".
Enfin, même si le projet auquel participait Last Night supposait se dérouler à l'aube de l'an 2000, la date n'est pas explicitement donnée dans le film. Plusieurs genres et styles se mélangent: "j'ai voulu prendre les idées futuristes des différentes décades". Ainsi l'appartement de Craig traduit l'idée du futur telle qu'on la voyait dans les années 60, et la compagnie de gaz se rapproche plus de la vision que l'on pouvait avoir dans les années 30.
Comme nous l'avons vu un peu plus haut, le choix de Geneviève Bujold s'est imposé naturellement lors du choix du casting, "c'est une très bonne actrice, très intense. Elle apporte beaucoup au film". Quant à David Cronenberg, pour McKellar, il dégage un sentiment de respect et de classe, mais "il a quelque chose de bizarre derrière les yeux, il représente cette distance par rapport aux choses et à ce qui va arriver".
De sexe...
A Toronto, 6 de ses films ont été présenté dans le cadre de l'anniversaire du Centre du Film Canadien, cinéma en pleine croissance et particulièrement en Ontario. D'après lui, les Européens se demandent toujours pourquoi le thème de la sexualité (et souvent une sexualité étrange) est si réccurent dans les films canadiens. Mais il se défend: "mon film a une sexualité normale..." (..enfin presque, si on ne compte pas les sous-entendus et le personnage de Craig). Il reconnaît volontiers, après ce léger aparté "sexuel", qu'à ses débuts les cinéastes canadiens essayaient de cacher leur provenance. Actuellement ils trouvent une reconnaissance internationale et cela peut même aider à vendre les films... Le phénomène est très développé à Toronto, mais il espère qu'il se propagera vite au Québec. La situation actuelle ne le pousse donc pas à envisager un déplacement vers Los Angeles, il aime cette distance par rapport "à la machine géante" que lui procure Toronto.
De violon...
Après s'être étendu sur Last Night, nous ne pouvions pas ignorer Le Violon Rouge pour lequel il a collaboré avec François Girard pour écrire le scénario portant sur la biographie du "roi des instruments". L'Italie et Vienne étaient des passages obligés si ils voulaient suivre l'histoire du violon, après ils avaient plus de liberté. "Même si un moment on souhaitait être en France pendant la seconde guerre mondiale, mais on voulait sortir de l'Europe. La Chine apportait un aspect politique à l'histoire". Finalement le Violon rouge a émigré aussi en Angleterre ("parce que le film était co-produit par les Anglais") et au Canada français, p"our faire plaisir à François, faire jouer et traviller ses amis..."
Et de ses envies...
L'expérience de la réalisation donne entière satisfaction à Don McKellar, mais sans forcément se mettre en scène et pour le moment il n'a pas d'idée particulière de scénario (contrairement à VinCy...).
Après la fin de la promotion de Last Night dans un mois et demi, il retournera derrière son écran pour écrire des épisodes de la série télévisée Twitch City.
Il espère profiter d'une ou deux années de réflexion après ses 4 ans de travail inetnsif.
Comme d'habitude la conversation dérive sur Internet, on apprend ainsi que Don McKellar est assez familiarisé avec cet outil, son frère étant un "guy computer" et il l'a utilisé pour ses recherches sur le Violon.
Le soir même il présentera son film au public montréalais. En s'excusant par avance de son mauvais français dans le film. Ce jeune homme sans allure, imaginatif et sensible, promet à tous: son film est bien meilleur que son son français. Ce n'est pas très difficile selon lui...
Mélange d'auto-dérision et d'angoisse qui séduisent forcément...
alix, vincy
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