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ORIGINE DU PROJET

160 millions de livres vendus depuis 1954, mais pas seulement. Le Seigneur des Anneaux est avant tout cultissime. Les lecteurs sont fans, tentent de démêler l'histoire de cette mythologie fictive, dessinent des cartes géographiques, établissent un glossaire de noms communs et noms propres, bref recréent l'univers fantaisiste et inventé par l'auteur. La richesse de l'¦uvre est si dense que l'adaptation au cinéma s'avérait une gageure à l'avance. Certains s'y sont essayés en vain : Boorman (Excalibur), Howard (Willow),...Star Wars comme Star Trek étant créés pour le cinéma ou la télévision, les sagas épiques ne partaient pas avec l'inconvénient de la comparaison.
D'autant quand ce livre - icône est régulièrement élu oeuvre littéraire la plus populaire du XXème siècle. On est plus proche des odyssées épiques d'Homère, des légendes celtes, des aventures de Virgile. L'enjeu est immense...

Le cinéma a toujours voulu s'emparer du sujet, sans jamais dépasser le stade du projet. L'animation semblait la seule illustration artistique possible. On notera d'ailleurs le dessin animé de 1978 (avec un certain Ian Holm pour la voix de Frodon), sa suite directement diffusée par la TV sans passer par la case cinéma (The return of the King, 1980). Un jeu en 90 fit son apparition.
Mais les avancées technologiques peuvent aujourd'hui permettre la concrétisation des rêves les plus fous. Il suffisait qu'un cinéaste ambitieux en ait l'envie. Si on compare souvent la sortie du film à celle d'une autre gigantesque production, " Titanic ", c'est bien plus pour une question de perfectionnisme, de folie mégalomane, que pour la durée, la qualité ou même les effets visuels du film. C'est bien la vision d'un auteur qui prévaut, ici celle du néo-zélandais Peter Jackson, qui n'a rien à envier au canadien James Cameron.

Grand fan du genre " Fantasy ", souhaitant une histoire du type " Jason et les Argonautes ", " Le combat des Titans " (bref les oeuvres de Ray Harryhausen), Jackson voit dans la trilogie impossible, " un sujet magnifique pour le cinéma ". L'idée était d'amener la réalité dans un univers imaginaire. Le film de ses rêves, en quelque sorte pour celui qui aime naviguer dans les mondes parallèles. Il a lu Tolkien à 17 ans. Le livre agit comme un aimant à chaque fois qu'il songe à écrire une aventure extraordinaire.
On est en novembre 1995. " Titanic " n'est pas encore sur les écrans, les effets spéciaux de référence sont encore ceux de " Jurassic Park " et les trilogies ne sont pas à la mode.
A l'époque, les droits appartiennent au producteur Saul Zaentz, qui est dans les déboires du " Patient Anglais " (futur oscarisé) et Miramax - ce qui explique la présence des frères Weinstein au générique. Car le miracle veut que Peter Jackson soit sous contrat avec Miramax à la même période.
Harvey Weinstein impose des conditions : un film de trois heures maximum ou éventuellement deux épisodes. Mais résumer une telle épopée en trois heures semble une erreur pour Jackson. A cela s'ajoute la pression d'une rumeur, celle d'un George Lucas préparant un projet similaire. Pour Jackson, il n'y a aucun doute : il est prêt à sacrifier 7 ans de sa vie à ce projet colossal, mais il faut qu'il y ait trois films. Zaentz et Weinstein lui donnent trois semaines pour trouver de nouveaux associés.

Weta, société chargée de la plupart des effets spéciaux du film, intervient à cet instant. Peter Jackson commande à ses copains un storyboard animé, qu'il présente à Bob Shaye, producteur chez New Line Cinema, filiale indépendante de la Warner Bros, alors non fusionnée au groupe AOL. Enthousiaste, il impose quand même quelques contraintes au contrat. D'abord les films devront être tournés en même temps afin de sortir à 6 mois d'écart ; ensuite la censure devra faire de ce film un divertissement familial (autrement dit il ne pourra pas être affublé d'une interdiction pour les ados). Le défi sera relevé. C'est par la même occasion le départ de toutes les rumeurs, qui coïncident avec l'avènement du réseau Internet, comme meilleur téléphone arabe de la planète.
Il faut aussi avancer le budget de 270 millions de $ (90 par film en moyen). New Line a l'idée de génie de financer les deux tiers du budget avec des pré-ventes à l'étranger. Le studio contacte ses 25 partenaires / distributeurs habituels (Village Roadshow en Australie, Medusa en Italie, Metropolitan Film export en France...) pour obtenir 160 millions de $ en cash. En échange ils sont associés au plus près au projet et notamment à son lancement. L'objectif est d'en faire le plus gros hit de l'année.

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