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ECRITURE

Peter Jackson est l'auteur de films aériens, translucides, fantômatiques ; il tente de rendre réel l'âme, les rêves, les fantasmes. Avec sa compagne et co-scénariste Frances Walsh il s'attaque au pavé de Tolkien. Les deux avaient été nommés à l'Oscar du milleur scénario pour " Heavenly creatures ".
" Dès le départ, j'ai voulu faire autre chose qu'un film classique sur la " Fantasy ". Je voulais quelque chose qui soit bien plus réel. L'écriture de Tolkien donne vie à toute chose ; nous souhaitions nous aussi poser des bases qui donnent dès le premier film l'impression réaliste d'un monde ancien accédant à la vie, et étendre ce concept par la suite au fur et à mesure du développement de l'histoire ", explique le réalisateur.
Si dès le départ l'évidence était d'écrire un film par livre - avec la difficulté de ne fournir qu'une fin au troisième épisode - Jackson affirme même que l'échec des adaptations précédentes provient de cette obstination à mettre Tolkien dans un seul long métrage.

Malgré cela, il y avait un énorme travail de synthèse (1000 pages de littérature à résumer en 3 heures de cinéma), sans masquer les nuances des personnages, sans anéantir la précision de l'histoire, sans omettre l'évocation des thèmes chers au géniteur. L'une des clés a été d'imaginer chacun des personnages comme réels, avec leur comportement psychologique et leur propre quête. Imaginer le côté organique, terrestre de cette saga et de ce monde inventé. Le métissage entre le fantastique et la réalité pouvait alors opérer.

Si " Le seigneur des anneaux " n'était pas le projet de sa vie, il l'est devenu, par son ampleur. Peter Jackson avoue que réaliser un film mêlant l'aventure, la mythologie, l'irréel et l'épique était incontestablement son désir le plus cher. La trilogie de Tolkien, à titre de référence, l'a propulsé sur le devant de la scène.
" Il fallait d'abord écrire le film sous sa forme historique, plutôt que fantastique ", confie-t-il. Toujours cette obsession de faire croire que ça a existé.
L'équilibre était difficile à trouver : il s'agit d'une quête initiatique individuelle mais aussi de grandes batailles sanglantes (qui proviennent de la répulsion de Tolkien pour les atrocités de la guerre). Il fallait dénouer et trier la multitude de points de vue, de liens entre les espèces et les personnages, les arrières pensées amoureuses ou haineuses, fraternelles ou méprisantes. Et il ne fallait surtout pas ennuyer les fans ou les novices.

" Quand je fais un film, ma première responsabilité est celle d'un réalisateur espérant faire un bon film. Je ne souhaitais pas être totalement esclave de l'esprit de Tolkien, et ce n'était pas mon job. Il y a beaucoup d'argent en jeu dans cette aventure, et je voulais faire un film qui s'adresse aussi à tous ceux qui ne savent rien de Tolkien, qui n'ont jamais lu Le Seigneur des Anneaux, et qui y prennent plaisir quand même. Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde, mais pour moi il s'agissait de faire un film qui n'endorme personne", annonce Jackson.

Après un premier " draft " de 90 pages, Walsh et Jackson font appel à Philippa Boyens, directrice de la New Zealand Writers Guild, cultivée et grande fan de Tolkien. De là, des grands axes sont dessinés. On conserve la langue de Tolkien, les langages des espèces, et obligeront ainsi les américains à lire les sous-titres. Ensuite ils apportent par petites touches l'émotion et la chaleur de chacun des personnages, s'inspirant de la présentation des personnages dans la trilogie du " Parrain ".

C'est évidemment les fins des premier et second épisodes qui posent le plus de problèmes, puisqu'elles sont à suivre, et doivent simultanément imposer un climat crescendo. En cela, on se rapproche de " Star Wars ", où la fin n'est connue qu'à la conclusion de l'épisode VI. Mais là il n'y aura pas 3 ans à attendre entre chaque film.

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