LE MARKETING
Le film n'a coûté "que" 100 millions de $. Avec le parti pris
de se laisser désirer. L'affiche est minimaliste, avec deux
initiales et le profil de l'enfant. Le nom de Kubrick n'apparaît pas
vraiment. Et celui de Spielberg est écrit en petit. Pas de stars. La
vedette c'est l'oeuvre en elle-même. Outre ce secret de tournage bien
gardé, le studio a joué la dernière minute.
Première projo test en juin, la projo presse seulement 15 jours
avant la sortie du film, quelques photos peu explicites... et une
série de sites webs formant un réseau et un jeu. A la
manière de Blair Witch, les sites représentaient les
personnages du film et agissaient comme des teasers. Quant au site
officiel, il mettra du temps à venir. Tandis que les fans abreuvent
leurs pages d'informations souvent basées sur des rumeurs, Warner
sort un site complet traitant de ... l'intelligence artificielle. Les
bandes annonces circulent, chaque fois plus détailleées. Le
tout est censé créer un phénomène de
curiosité.
Les analystes parient sur un premier week end à 50-70 millions de $.
Le premier jour, A.I. est clairement en dessous avec 10.14 millions de $,
ce qui permet d'estimer un week end à 35 millions de $, 50 avec le 4
juillet férié. Sorti dans 3242 salles, un beau circuit, A.I.
devrait donc faire un peu mieux que Saving Private Ryan, avec comme star Tom
Hanks, et en salles à la même époque. SPR a fini
à 216 millions de $ (avec un premier week end à 31 millions).
Sans réelle concurrence, et avec un bon bouche à oreilles, le
film devrait facilement passer le cap des 100 millions de $. Pas mal pour un
drame. Ce serait aussi un record pour un Kubrick. Le film se jugera
à l'international et sur la durée. La critique devrait
aider : il y a consensus pour dire que le film est une oeuvre
magistrale. Quelques internautes font cependant la moue.
Au Japon, le film est sorti avant, avec un budget promo de 15 millions de
$.? Il a battu tous les records en récoltant durant son premier jour
d'exploitation 2 670 000 $ sur 284 écrans. Il n'y aura pas de
concurrents jusqu'au japonophobe Pearl Harbor. Il est clair que A.I. est
mis en compétition avec la pateuse production de Disney
réalisée par Michael Bay. Artistiquement, Spielberg a
gagné. Qui sera le vainqueur en dollars? A priori
l'été semble propice à Spielberg : Shrek est
numéro 1 du B.O. et Jurassic Park III dont il est producteur
executif a une rumeur favorable. Pour l'Europe il faudra attendre
l'automne, avec Venise pour l'avant - première et une sortie
à la Toussaint en France. Avec le même marketing minimaliste
partout...
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