Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24





Marie Trintignant et Pierre Salvadori étaient au fin fond du Québec pour nous accorder cette entrevue. Une actrice sous-estimée, ultra-pudique et qui ne choisit que des rôles à fleur de peau. Le cri du soi. Et le regard de son cinéaste.
EN- Comment s'est passée votre première rencontre ?





Marie Trintignant- J'ai lu le scénario de Cible émouvante que j'ai franchement adoré immédiatement. Ça avait un autre ton que les autres comédies en France. Plus anglo-saxon que français. Et puis j'ai rencontré Pierre qui m'a semblé bien vif et intelligent! (rires) Pierre Salvadori- J'avais rencontré Marie à l'époque de Cible.... On s'est très bien entendu, j'étais très content du travail qu'on avait fait ensemble. C'est Rochefort (Jean) qui m'avait soufflé leurs deux noms (Guillaume Depardieu et Marie Trintignant). Et j'avais assez envie de les retrouver sur le 2ème où il n'y avait pas de rôle pour Rochefort, un tout petit pour Marie et j'ai repris Guillaume.Et puis pour le 3ème j'ai écrit le rôle de mythomane pour Marie. Pour celui d'Antoine je voulais quelqu'un de plus âgé, au départ, une personne d'une quarantaine d'années. Et puis je me suis rendu compte que si ce personnage n'avait pas ce côté naïf et romantique ça donnait quelque chose d'assez pathétique à l'histoire. Quand je me suis rendu compte que le personnage avait besoin de jeunesse, j'ai tout de suite pensé à Guillaume.

EN- Est-ce-que le fait d'avoir déjà travaillé avec eux a rendu le tournage plus facile ?

PS- Ça a des défauts et des qualités. Le travail va plus vite, l'ambiance est plus sympathique. Mais au fond quand on ne connaît pas quelqu'un on est plus stimulé...

MT- Non, moi je ne suis pas d'accord. Tourner avec Pierre ou avec ma mère (Nadine trintignant). Il y a des gens avec qui j'ai tourné souvent et que j'ai envie d'étonner.

PS- Tu as peut-être envie de montrer que tu as progressé. Mais quand tu va affronter quelqu'un que tu ne connais pas tu te mets un peu en danger.

MT- Quand tu joues tu es, de toute façon, en danger.

EN- La fidélité dans le travail, ça compte ?

PS- Ce n'est pas vraiment une question de fidélité, non plus. C'est plus une question de plaisir et de sécurité, parce que je ne prendrai pas une comédienne qui ne serait pas apte au rôle uniquement par fidélité. Ce qu'il y a d'intéressant dans la fidélité c'est qu'il y a une marque d'affection, une marque d'amour à des acteurs. Parce que moi j'aime bien être avec Marie ou Philippe (Martin, le producteur). C'est très agréable. C'est un métier tendu et difficile, si ils sont là je me sens un peu plus léger. Vous savez c'était joli sur Les apprentis ou sur Cible, il y avait ce petit monde idéal, même si il y a eu quelques problèmes sur le dernier. Mais il y avait toujours ce même monde clos idéal. Je travaille avec le même chef-op depuis longtemps et il a un chef-électro que j'aime beaucoup Je déteste travailler dans le conflit, ça me bloque. Alors que l'amitié est une chose plutôt inspirante pour moi.

EN- Le fait de connaître ses acteurs, son équipe, permet-il d'avancer plus vite ?

PS- Ça dépend, parce que Marie ça va aller très bien tout de suite, Guillaume il faut qu'il se chauffe.

EN- Ça ne doit pas être évident pour vous de gérer ces petites différences ?

PS- Ah! (regardant Marie Trinitignant), je vous souhaite de travailler avec des perles comme celle-ci toute votre vie... Il y a des acteurs qui sont professionnels, qui sont là avec vous dans le projet et d'autres qui sont plus difficiles. Mais c'est comme un poison, ça se diffuse sur l'équipe, sur le film. En fait, ce n'est pas de leur faute, ils ne comprennent pas à quel point un film c'est quelque chose de global et que c'est très difficile si il y a un déséquilibre. C'est forcément au détriment de quelque chose et le film devient comme un bateau qui coule, tout est entraîné vers le bas. Il faut savoir choisir les gens, savoir refuser, parfois, des tentations d'acteurs. Peut-être que je vais faire tous mes films avec Marie, ça sera plus simple.

EN- Et vous Marie, en voyant Pierre Salvadori travailler, est-ce que ça vous intéresserait de faire un film ?

MT- Oui, j'aimerais bien. Comme je suis très lente et que j'ai été omnubilée par le jeu pendant longtemps, maintenant je commence à regarder la technique sur les scènes. Je pense que j'en ferai au moins un et si c'est vraiment terrifiant je n'en ferai pas deux...
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