(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Pour célébrer son dixième anniversaire, le Festival des scénaristes offre à son public une invitée d’honneur prestigieuse, l’actrice, réalisatrice et scénariste Nicole Garcia à qui est consacrée une rétrospective. Avant de délivrer ses précieux conseils aux jeunes professionnels et aux spectateurs présents à Bourges, elle revient sur son parcours et rappelle combien écrire peut-être à la fois exigeant et joyeux. |
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EN : Pouvez-vous nous dévoiler en avant-première les conseils que vous allez donner aux jeunes scénaristes qui seront présents à Bourges ?
NG : Comme dans tout art, il faut écrire au plus près de soi et ne pas écouter les "recettes". Tamiser ce qui est de soi et ce qui ne l’est pas.
EN : Et vous, vous souvenez-vous de l'écriture de votre premier scénario ?
NG : A la génèse de mon désir d'être cinéaste, il y a les photos d'une maison que je désirais louer. Je l'ai ensuite filmée, avec mon fils (qui était encore petit à l'époque) devant. J'ai eu envie de mettre une voix-off sur ces images, la voix du père de l'enfant, dont je svenais de me séparer. C'était une manière pour moi de symboliser cette rupture, mais de façon très personnelle. Un ami m'a alors conseillé de plutôt écrire une histoire sur ce sujet. Je l'ai écrite en un mois et ça a donné mon premier court métrage, Quinze août, sur le thème de la famille et de la trahison. A l'époque, Jacques Doillon a dit du film : "Mais elle est folle, il y a la matière d'un long métrage là-dedans !" Le plaisir de tourner a été moyen, mais au moment du montage, j'ai découvert que ce territoire me passionnait, et j'ai eu envie de continuer.
EN : Le fait d'en avoir beaucoup lu auparavant, en tant qu'actrice, vous a-t-il aidé ?
NG : Quand on fait sa propre expérience, on oublie inconsciemment ce qu'on a lu, on est pris par le fil de son propre récit. Si j'ai été aidée, c'est plutôt par les gens qui avant moi avaient écrit et qui m'ont épaulée. Philippe Le Guay sur le court métrage, Jacques Fieschi sur les longs. Ils m'ont guidée pour les éléments techniques. On sait qu'on est au milieu de la passerelle quand on écrit un scénario, on aborde un territoire où l’on n'est jamais allé avant et on ignore tout de la part inconsciente qu’il y a dans l’approche que l’on a faite avant.
EN : Pour L’adversaire, vous avez choisi d’adapter le roman d’Emmanuel Carrere. Comment s’est passée votre rencontre avec ce livre ? Pourquoi choisir de l’adapter plutôt que de se reporter au fait-divers lui–même [NDLR : le roman est inspiré de l’affaire Roman, un homme qui a assassiné une partie de sa famille après avoir fait croire à tout le monde qu’il était médecin depuis presque vingt ans] ?
Le fait divers ne m’a pas passionnée. Quand Emmanuel Carrere m’a envoyé le livre, je ne pensais pas être intéressée. J’étais encore partie sur une histoire de femme, et mon fils, Frédéric Bélier-Garcia, m’a dit d’arrêter avec les femmes névrosées (je sortais de Place Vendôme). Je lui ai dit "d’accord, allons-y si tu viens avec nous" et c’est comme ça que c’est parti. On a choisi d’adapter le roman car c’est vraiment lui qui m’a donné envie de faire le film. Il se détache du fait-divers, de son aspect trivial et fait un pas de plus vers la tragédie.
EN : A la sortie de Place Vendôme en 1998, vous parliez à Ecrannoir de votre "plaisir" d’écrire mais vous avouiez également que mettre en scène peut s’avérer "rude". Comment ressentez-vous cela aujourd’hui ?
NG : L’écriture aussi peut être rude : l’avènement ne va pas toujours en douceur, l’élaboration de l’histoire n’est pas toujours tranquille. Ensuite, la mise en scène, c’est comme un train : beaucoup de gens montent, il y a énormément de choses à tenir : les acteurs, la production, la technique. Il y a des jours de grâce. En même temps, si on opposait les deux, quand on réalise, ce qui est rude est plus rude que lorsqu’on écrit, mais ce qui est exaltant l’est plus aussi. Car si on réussit une scène à l’écriture, c’est seulement une étape. Elle doit se vérifier par la mise en scène. Mais ce qui est merveilleux aussi avec l’écriture, c’est lorsqu’un sujet vous est donné, quand on a une inspiration. Avoir une idée de situation ou de personnage, c’est un miracle.
MpM
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