(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ecran noir : Comment trouvez-vous Vesoul ?
Stanley Kwan : C'est très différent de Cannes ou même de Nantes, bien sûr, mais je préfère les festivals de cette taille. Sinon, il y a trop de formalités et c'est fatigant. Même s'il y a de nombreux films à voir et pas mal d'interviews, il est bien plus reposant d'être ici. D’autant qu’une semaine avant de venir, je suis allé de ville en ville pour promouvoir une série télévisée en Chine…
EN : Comment avez-vous reçu le Cyclo d'honneur pour l'ensemble de votre œuvre ? Cela vous a-t-il donné l'impression bizarre que votre carrière est derrière vous, ou est-ce au contraire une motivation ?
SK : Non, je ne pense pas que ma carrière soit finie… Mais cela dépend de la manière dont on voit ma carrière ! Je réalise et je produis, cela fait dix ans que j'aide de jeunes réalisateurs à faire leurs premiers films. Mes amis me disent : "mais pourqoi aides-tu les jeunes alors que toi aussi tu es très jeune !" Eh bien je fais les deux. Du coup, je tourne moins, un film tous les trois ans au lieu de tous les ans.
EN : En tant que producteur, quel regard portez-vous sur la production chinoise actuelle, qu'elle soit continentale, hongkongaise ou taïwanaise ?
SK : Les gens disent qu'on ne distingue plus les trois types car tous les films sont tournés en chinois. En 1993, Adieu ma concubine de Chen Kaige était une coproduction. Il y en a désormais de plus en plus. Le cinéma hongkongais de l'âge d'or des années 90 avait des spécificités très voyantes. Depuis la chute de ce marché et l'ouverture de la Chine continentale, ce n'est plus aussi clair. HongKong a vraiment besoin de la Chine, maintenant. Or, même si celle-ci s'est ouverte, de là à filmer tout ce que l'on veut… En réalité, les films trop violents ou érotiques ne sont pas possibles. Les cinéastes hongkongais habitués à une plus grande liberté doivent donc changer leur manière de voir car ils ne peuvent négliger un marché si important. Toutefois, si on adopte un point de vue plus positif, on s'aperçoit que le cinéma chinois dans sa globalité découvre de nouvelles manières de faire. La production et les entrées augmentent. Le public jeune va de plus en plus voir des films nationaux.
EN : Que pensez-vous de la nouvelle vague du cinéma continental qui s'attache à montrer les réalités de la société chinoise ?
SK : Les réalisateurs de ce type dont vous voyez les films en France sont en fait peu nombreux et ont une visibilité très faible en Chine. Il y a des cinéastes encore plus jeunes que Jia Zhang-Ke (Still life, The world) qui filment en dv, mais ils le font en toute illégalité. Pour trouver ces films, il faut aller dans les festivals. Tandis qu'avec des réalisateurs comme Zhang Yimou ou Chen Kaige, on n'a aucun moyen de comprendre les difficultés de la société en regardant leurs films… Il y a un énorme changement entre ce qu'ils faisaient avant et maintenant, les gens sont très déçus.
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