Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Cinéaste majeur de Hong Kong, Stanley Kwan est injustement méconnu en France en raison de la non ditribution de nombre de ses films. Ce directeur d'acteurs hors paire qui a offert à Maggie Cheung l'un de ses plus beaux rôles avec Center stage, doublement récompensé à Berlin, ainsi qu'à Anita Mui et Leslie Cheung dans Rouge, est pourtant un réalisateur et producteur incontournable dans son pays. Son esthétisme flamboyant et la manière très intime qu'il a de parler des femmes rendent son style reconnaissable entre tous. Mais qu'on ne se laisse pas prendre aux étiquettes souvent fallacieuses dont on l'a affublé, son prétendu romantisme tourne parfois au cynisme le plus noir (notamment dans Rose rouge, rose blanche) de même qu'il n'a pas peur de s'orienter vers la comédie ou même la farce comme Love unto waste

Au festival de Vesoul, où il a reçu un Cyclo d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre et a participé au jury international, on a même découvert une autre facette de sa personnalité : la gentillesse, la simplicité et la disponibilité dont seuls les plus grands savent faire preuve avec autant de sincérité.

EN : En tant que producteur, quel rôle souhaitez-vous jouer là-dedans ?

SK : Je suis un producteur hongkongais. Traditionnellement, le cinéma est là-bas une industrie orientée vers le commerce. Nous sommes habitués à des films commerciaux et à des réalisateurs très personnels. Ce n'est pas incompatible d'avoir de grandes stars dans un film très personnel. La 5e génération travaille avec des acteurs non-professionnels, c'est une démarche absolument différente. Leurs films traitent d’ aspects politiques et problématiques mais sont underground. Dans le système commercial, nous avons notre propre pensée politique mais l’autocensure empêche de dépasser une certaine limite. Pour ma part, je me situe plutôt sur un plan personnel.

EN : On vous compare souvent à Wong Kar-Wai, dont les films sont mieux diffusés en France. Comment prenez-vous cette comparaison ?

SK : La comparaison est logique car nous avons tous les deux un lien avec la ville de Shanghai. Wong Kar-Wai vient de là-bas mais n’y a jamais filmé. Il filme donc à Hong Kong des gens de Shanghai, tandis que je vais à Shanghai filmer des Shanghaiens. Il faut savoir que Hong Kong a commencé à se développer avec l’avènement du parti communiste. Les riches shanghaiens ont quitté la ville pour s’installer là-bas. Ils ont emporté avec eux l’élégance, les attitudes, l’importance des détails de cette époque. Je filme les Shanghaiens des années 20 ou 30, et Wong Kar-Wai ceux des années suivantes.

EN : Vos films sont tous très beaux esthétiquement. Comment parvenez-vous à ce résultat ? Quelles sont vos influences ?

SK : Ma première influence vient de mon enfance. Quand j’étais petit, j’allais beaucoup à l’opéra. J’ai été marqué par le luxe des décors. Mais je peux m’inspirer de tout : musique, photos, peinture… Ou alors ça peut être une simple impression que j’ai en tête et que j’essaie de partager avec mon équipe. Aujourd’hui, quand je travaille avec quelqu’un, je le choisis avec beaucoup d’attention, car ensuite je lui fais entièrement confiance. Cela m’est nécessaire pour exprimer exactement ce que j’ai en tête. J’ai également beaucoup appris en écoutant les gens avec qui j’ai travaillé. Le respect mutuel est primordial. Parfois, quand j’ai fini d’écrire le scénario, j’essaye de savoir comment eux voient les choses. Par exemple, sur Lan Yu, j'ai demandé à William Chang [chef décorateur, monteur et costumier, qui est également un collaborateur régulier de Wong Kar-Wai], ce qu’il imaginait comme couleurs, si c’était plutôt clair ou foncé, si le film serait fixe ou avec beaucoup de mouvements, etc.

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