Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Cinéaste majeur de Hong Kong, Stanley Kwan est injustement méconnu en France en raison de la non ditribution de nombre de ses films. Ce directeur d'acteurs hors paire qui a offert à Maggie Cheung l'un de ses plus beaux rôles avec Center stage, doublement récompensé à Berlin, ainsi qu'à Anita Mui et Leslie Cheung dans Rouge, est pourtant un réalisateur et producteur incontournable dans son pays. Son esthétisme flamboyant et la manière très intime qu'il a de parler des femmes rendent son style reconnaissable entre tous. Mais qu'on ne se laisse pas prendre aux étiquettes souvent fallacieuses dont on l'a affublé, son prétendu romantisme tourne parfois au cynisme le plus noir (notamment dans Rose rouge, rose blanche) de même qu'il n'a pas peur de s'orienter vers la comédie ou même la farce comme Love unto waste

Au festival de Vesoul, où il a reçu un Cyclo d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre et a participé au jury international, on a même découvert une autre facette de sa personnalité : la gentillesse, la simplicité et la disponibilité dont seuls les plus grands savent faire preuve avec autant de sincérité.

EN : Vous êtes également connu pour être un très bon directeur d’acteurs. Comment travaillez-vous avec eux ?

SK : D’abord, j’écris quelques pages de description du personnage. Les acteurs ne sont pas obligés de suivre ces indications, c’est un travail interactif. Le plus important, c’est la confiance. Par exemple, même avant que je fasse mon coming-out, tous les acteurs avec lesquels j’ai travaillé savaient que j’étais gay. Donc sur un tournage, si cel m’évoques des émotions personnelles, je les partage avec les acteurs. En échange, j’espère qu’eux-aussi utilisent leur vie dans leur interprétation. C’est comme partager des secrets. Quand il y a un problème, je préfère parler de choses personnelles plutôt que du scénario !

EN : On vous qualifie de réalisateur romantique ou encore de "Oscar Wilde" hongkongais… Que pensez-vous de ces étiquettes que l’on cherche toujours à vous imposer ?

SK : Avant mon coming out, on me disait aussi que mon cinéma était "trop féminin"… Si les gens ont besoin de labels, c’est leur affaire ! Moi, ce n’est pas trop mon truc… Après mon film Lan Yu [une magnifique histoire d’amour entre deux hommes], mes amis homosexuels m’ont dit que j’allais devenir leur porte-parole et faire des films gays. Mais non ! Que ce soit en bien comme en mal, je trouve qu’on ne doit pas coller d’étiquette aux gens… S’il s’agit juste d’un label, ce n’est pas très intéressant. En tout cas, moi je ne me définis pas comme ça. Si on me dit que mon cinéma est très féminin, je ne peux pas le nier, mais c’est tout.

EN : Vos personnages sont souvent déchirés entre tradition et modernité. Pourquoi ce thème hante-t-il autant votre œuvre ?

SK : Cela vient sans doute de mon éducation traditionnelle. Ma famille voulait que je devienne médecin ou professeur… Quand j’ai découvert le milieu du cinéma, bien plus ouvert, je me suis aperçu de ce fossé entre les deux mondes. Je suis capable d’équilibrer les deux lorsque je travaille. Je ne fais pas de l’avant-garde pour de l’avant-garde. Ce sont souvent des sentiments mélangés et pas trop voyants, mais intimement liés.

EN : Quels sont vos prochains projets ? Et surtout, verra-t-on enfin vos films en France ?

SK : Ah, ça, ça dépend des distributeurs, s’ils pensent qu’il y a un public pour mes films… Je travaille actuellement à une comédie romantique musicale dont le tournage devrait commencer en juin 2008. J’ai aussi un projet sur Bruce Lee, sous l’angle du père absent. Le père de Bruce était lui-même acteur, c’était un homme très traditionnel et pour lui les femmes devaient s’occuper des enfants. Il n’a jamais été très présent pour son fils. Aussi, quand celui-ci eut un fils à son tour, il a déclaré que c’était la personne qu’il aimait le plus au monde ! Dans tous ses films, tout ce qu’il a fait, on voit en filigrane l’absence du père. Le film commencera avec le tournage de The Crow, lorsque Brandon Lee est tué et s’achèvera avec le père et le fils réunis dans la tombe. Je ne suis juste pas sûr que la femme de Bruce et la sœur de Brandon donneront leur accord…


   MpM

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