(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A l'occasion de la sortie de Ulzhan, film de Volker Schlöndorff présenté en Séances spéciales à Cannes, Ecran Noir a rencontré son acteur principal, Philippe Torreton. Dans une chambre d'hôtel, place des Vosges, l'acteur, récemment élu conseiller de Paris, nous parle avec talent, gentillesse et passion de ce rôle, de ce film, de cette aventure si particulière. |
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EN : L’un des points très intéressants du film pourrait se résumer par le concept de passage, voir du lien. Un peu comme Le Regard d’Ulysse, Paris Texas donc ou plus récemment La Forêt de Mogari. Russie-Kazakhstan, ville-désert, silence-parole,
vie-mort…avez-vous ressenti cette confrontation aux lieux et à leur histoire pendant le tournage ?
PT : Oui. C’est également ce que montre le personnage de Shakuni. Il sert de lien entre les différentes peuplades, les différentes cultures. C’est un marchand de mots qui perpétue certaines traditions, lui-même étant un melting-pot de traditions et sûrement de « trucs » qu’il invente. Mais c’est quelqu’un qui épouse le monde. La beauté de ce personnage, c’est son envie d’être au contact de l’intimité des peuples. Proche de leur peur, de leur secret et qui se choisit un père qui n’est pas son père biologique. C’est un peu comme s’il montrait la mort de son père à Charles pour lui dire voilà, ce qui t’est arrivé, m’arrive. C’est presque volontaire. C’est propre à Jean-Claude Carrière que d’aller puiser dans plein de cultures et de racines communes.
EN : C’est en somme un voyage total. Spirituel, intérieur, culturel, géographique...
PT : En fait, je ressens ces dimensions en musique. Surtout lorsque l’on écoute du Baroque. On est tous pareil et la musique est semblable. Pour moi, quand vous écoutez la musique celtique, africaine, les tambours, la musique des Amériques, des plaines et du baroque et bien c’est pareil. C’est vraiment pareil. Les racines sont communes.
EN : Entre le voyage initiatique et le retour au berceau ?
PT : Oui, je crois à ce retour au cœur d’une intimité humaine.
EN : Le scénario de Jean-Claude Carrière est à la fois d’une grande rigueur et d’une grande profondeur philosophique. Schlöndorff y puise son goût pour la culture, les lieux sacrés, les itinéraires… De plus, il me semble qu’il y a l’idée du Geste. La valeur du geste… dans l’abandon, l’amitié, l’amour. C’est très fort et très poignant…
PT : C’est formidable, car c’est exactement pour cela qu’on a eu envie de faire ce film. Pour cette écriture là. Et forcément un tel retour est une récompense. On est allé chercher cette émotion en dehors de tout explicatif.
EN : En fin de compte il s’agit d’un film contemplatif
PT : Oui. Nous venons de faire un film de résistant.
EN : Dernière question un peu naïve. Avez-vous appris quelque chose sur vous-même ?
PT : Nous ne sommes pas vraiment capable de formuler les vrais enseignements des choses. J’ai l’impression que ma vie organise progressivement le tri de certaines choses.
EN : Le tournage s’est déroulé au bon moment pour vous alors
PT : Oui.
geoffroy
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