Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Aaron Fernandez a parcouru les festivals du monde entier avec son premier long métrage Pièces détachées qui lui a valu plusieurs prix (Meilleure première œuvre à Guadalajara, meilleur film latino-américain à Montréal, Prix CICAE [Confédération international des Cinémas d’Art et Essai]…). Au moment de la sortie du film en France, le jeune réalisateur mexicain vit une nouvelle aventure, celle d’être accueilli pendant plus de quatre mois à la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes afin d’y développer son deuxième long métrage. Offre una varietà di , tra cui Rolex, Omega, Breitling, Panerai e altre repliche di orologi di lusso
Ecran Noir : Comment vous est venu l’idée de raconter cette histoire ?





Aaron Fernandez : J’avais vraiment très envie de tourner. C’est un rêve quand on veut faire du cinéma : réaliser un long métrage ! J’ai cherché à concevoir un projet qui serait facile à faire. Tout de suite, j’ai eu l’idée de deux gamins qui seraient des amis très proches et complémentaires. Un peu sur le modèle du roman picaresque… J’ai imaginé deux jeunes pleins de vie qui déambulent dans la ville, à la fois espiègles et enfantins, et aussi un peu en révolte. Je voulais que ce soit très urbain, donc je les ai mis dans un milieu que je connaissais : celui des pièces détachées, que tout le monde connaît à Mexico. Là, j’ai eu le déclic car il m’a semblé que c’était quelque chose qui n’avait encore jamais été fait, en tout cas au Mexique. Ensuite je me suis documenté et j’ai beaucoup réécrit le scénario. Je suis allé sur les lieux pour observer et aussi trouver les lieux où tourner.

EN : Trois thèmes reviennent dans votre film : la paupérisation de la société mexicaine, le rêve américain et le trafic de pièces détachées. Parlez-nous de ces trois thèmes.

EF : Alors l’immigration est surtout suggérée. Je l’ai plus utilisée comme un ressort dramatique, un moteur qui fait avancer et rêver les personnages. Ils sont prêts à tout pour partir, pour s’acheter une nouvelle vie. De nombreux films ont déjà traité ce sujet qui est très présent dans le société mexicaine, et donc au cinéma. Ca devient même presque un genre à part : le film d’immigration. Ca s’explique notamment par un phénomène ahurissant : la deuxième rentrée d’argent du pays, après le pétrole, c’est l’argent envoyé par les familles mexicaines installées aux Etats-Unis ou au Canada.
Le milieu des pièces détachées, c’est comme une toile de fond qui serait au premier plan. Je voulais vraiment décrire cet univers. J’aime les films où on voit les personnages dans leur milieu, qui est déterminant pour leur mode de vie. Au-delà de la puissance visuelle des pièces détachées, il y a quand même la confrontation entre des êtres humains et des tas de ferraille. Je voulais montrer comment les personnages peuvent à leur tour devenir des pièces de remplacement. Comment on en vient à considérer les gens de cette manière. D’ailleurs, le titre est plus évocateur en espagnol : partes usadas ajoute une notion de pièces de rechange en plus de pièces détachées. On peut rapprocher cette notion de la relation entre Jaime et Ivan, la manière dont l’adulte utilise et manipule son neveu. Mais lui-même est manipulé (par sa petite amie) et Ivan manipule à son tour son ami Efrain (parce qu’il a besoin d’aide). Même Efrain manipule sa mère… Ce n’est donc pas manichéen : tout le monde a besoin de tout le monde.
Enfin, pour ce qui est de la paupérisation, je décris un milieu qui n’est pas totalement marginal. Il y a un cadre familial, même s’il est bancal. Mes personnages ne sont pas misérables. Mais c’est vrai que les gosses sont obligés de travailler pour aider leur famille. C’est toléré car ces rentrées d’argent supplémentaires sont nécessaires.

EN : Aviez-vous en tête dès le départ l’idée de traiter ces sujets graves au travers d’une chronique adolescente ?

AF : Oui, c’était mon point de départ, et j’ai réussi à ne pas perdre le cap. J’ai essayé de garder une tonalité nerveuse, vivante, espiègle, même si c’est un drame. Je voulais avoir toujours une perspective "fraîche" parce que les personnages sont comme ça… Les pièges à éviter me semblaient justement le misérabilisme ou la noirceur.

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