Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Le Fonds Culturel Franco-Américain et la Commission du Film d'Ile de France ont proposé à quatre scénaristes américains de venir finaliser leurs projets au sein de l'Abbaye de Royaumont. Nous rencontrons donc le plus connu des quatre, le vétéran Israël Horovitz, membre de la Writers Guild of America depuis 1963 et prix du Jury à Cannes.
On lui doit notamment pour le cinéma le film et Sunshine, prix du scénario aux European Film Awards.
Il est chaleureux, vif, drôle, enthousiaste, bavard; nous causons en français, en anglais, en franglais. Dehors il pleut.
Ecran Noir : Vous êtes avant tout un grand dramaturge, un scénariste reconnu, mais pas un réalisateur. Pourquoi avez-vous souhaité participer à cette 3e édition d’Autumn Stories ?




Israël Horovitz : Je veux réaliser My Old Lady (Très chère Mathilde en français, nldr). Bien sûr, il y a des problèmes personnels qui peuvent m’en empêcher. Mais, au fond de moi-même, je veux le réaliser ou le co-réaliser avec un réalisateur français….

EN : Avec qui ?
IH : Claude Miller, Philippe Le Guay, j’aime bien aussi le cinéma d’Agnès Jaoui.

EN : Pourquoi l’histoire de My Old Lady ?
IH : J’ai choisi ce scénario parmi les deux que j’avais en tête, parce que c’était le plus finalisé. C’est l’histoire d’une fille des années 60, qui a fréquenté les hippies, qui occupe un appartement près du Parc du Luxembourg dont va hériter un Américain, « loser », ivrogne, au fond du trou, mais éduqué. C’est un appartement trop cher pour lui, trop grand. Mais le viager l’oblige à en hériter. J’en ai fait une pièce jouée à New York il y a trois ans. Line Renaud jouera Mathilde en France cet hiver. A Prague, elle est jouée par la femme de Vaclav Havel.

EN : Quel a été le déclic ?
IH : Le viager. C’est une idée « choquante » au départ.

EN : Vous connaissez bien la France je crois… ?
IH : Ma première fois à Paris date des années 60. Et maintenant, comme je suis professeur à la Columbia Film School, je viens chaque année, en novembre, à la Fémis, dans le cadre d’un échange scolaire. En novembre, nous nous offrons une retraite où nous lisons les scénarii amorcés à New York au printemps. Je leur apprends à écrire un scénario en sept semaines, à raison de sept pages par jour. C’est très intense et c’est fabuleux pour l’échange culturel et le partage des idées. Et puis tout le monde se donne ses numéros de téléphone ! C’est très pratique quand on veut faire le touriste à Paris ou à New York…

EN : Vous leur apprenez quoi ?
IH : La narration a des structures. Quand j’enseigne à Columbia, je suis un dramaturge qui écrit pour le cinéma… Le cinéma c’est le théâtre pour voyager, en plus grands. Mais je ne vais pas au-delà des structures. Il n’y a pas tant que ça de technique, ça doit venir du cœur. Il y a, en revanche, de la méthode. Beckett disait que « un écrivain qui explique ses écrits c’est comme un escargot qui explique sa coquille. »

EN : Vos pièces ont révélé de nombreuses stars…
IH :Oui Laurent Terzieff et Al Pacino ont joué L’indien cherche le Bronx et Gérard Depardieu a trouvé son premier rôle dans Clair Obscur. En 1968, j’avais trois pièces qui se jouaient à Paris. C’est grâce à Samuel Beckett. Nous avions une relation père / fils. J’ai eu une grande histoire de théâtre avec la France.

EN : Du coup, My Old Lady se répète sur les planches au moment ou vous en écrivez la version cinémathographique.
IH : Michèle Fitoussi en a fait l’adaptation en français. Elle se jouera au Théâtre Marigny, que Pierre Lescure dirige. Il sera aussi producteur du film avec Philippe Carcassonne. Sony Classics est déjà intéressé pour le distribuer en Amérique. Là j’ai deux mois de travail, c’est un rêve, surtout dans ces conditions : dans une Abbaye magnifique (celle de Royaumont, ndlr). Nous sommes quatre scénaristes et on se fait des lectures, nous fonctionnons comme une bande.

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