Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



La rencontre d'Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson remonte à leur enfance dans les rues de Lund (Suède), au milieu des années 70. Depuis, malgré des parcours différents (conservatoire de Malmö pour l’un, Masters d’Arts visuels à Stockholm pour l’autre), ils ont pris l’habitude de créer ensemble et ont même fondé Kostr-Film, leur propre société de production.

Leur premier court métrage, Nowhere man, a été sélectionné à la Semaine de la Critique en 1996, dont ils sont depuis devenus des habitués. Après avoir présenté Music for one apartment and six drummers en 2001, ils étaient de retour cette année avec Sound of noise, leur premier long métrage, qui a reçu le prix de la (toute) jeune critique et le Grand Rail d’or. Des prix amplement mérités pour un film unique en son genre : fascinant, jubilatoire et brillant.



EN : On pourrait croire en voyant le film que vous avez un problème avec la musique classique, ou au moins avec une certaine musique classique…

JSN & OS : Pas du tout !

JSN : C’est un peu dangereux pour nous de faire un film comme celui-là car on pourrait avoir l’impression que nous n’aimons pas la musique et surtout que nous n’aimons pas la musique classique, et c’est faux. Nous aimons la musique classique, et Ola en joue depuis des années ! Par contre, ce que je n’aime pas, c’est quand on dit aux gens ce qu’est la "bonne" ou la "mauvaise" musique. Ce qui est de la "vraie" musique, et ce qui n’en est pas. Le film parle un peu de ça, de la manière dont notre monde peut parfois être conservateur lorsqu’il s’agit de définir la musique. Et bien sûr, Sana est un excellent porte-parole pour défendre cette approche… Elle n’a pas ce genre de barrières mentales…

EN : Dans le film, cela va très loin, puisque les autorités traitent les musiciens de "terroristes"…

OS : Ce sont des êtres qui, en tant que musiciens, essayent de créer leur propre univers et c’est aussi ce que veut l’officier de police Warnebring : un endroit où il puisse vivre. Quand il rencontre les batteurs, ils le conduisent à son propre salut, même s’il ne s’en rend pas compte au départ.

JSN : Pour nous, c’est également très excitant de combiner ces deux éléments : musique et criminalité. On s’en est amusé en regardant ce qui pourrait arriver si l’on apportait de la musique dans une ville comme celle-là. Quel genre de désordre cela pourrait créer…

EN: Avez-vous réellement essayé de jouer dans les conditions du film ?

OS : Après le court-métrage, nous avons faits de nombreuses performances…

JSN : …mais pas à cette échelle ! OS : Non, le morceau le plus ambitieux était peut-être "Musique pour deux chariots élévateurs". C’était un gros morceau ! Mais ils ont aussi joué sur des journaux, des voitures, des saladiers en plastique, du matériel industriel… Pendant ces sessions, nous avons réuni plein de nouvelles idées et au final, il nous est apparu qu’il fallait les utiliser !

EN : Etes-vous toujours attentifs aux sons que vous rencontrez ?

OS : J’étais heureux en arrivant à Paris de retrouver la "bande originale" de la ville. Les sirènes de police si typiquement françaises… les scooters, les voix…

JSN : Oui, en ce qui me concerne, je crois que je suis devenu un "auditeur" plus attentif. J’écoute le monde d’une manière totalement différente d’avant, mais c’est une bonne chose. C’est une bonne expérience.

OS : J’ai eu des retours de spectateurs qui avaient eu tout à coup l’impression que leurs oreilles s’étaient ouvertes. Il y a une femme qui a écrit un article où elle expliquait qu’après la projection elle est allée dans la salle de bains et elle s’est mise à écouter les bruits d’eau. Je crois même que c’était aux toilettes ! Et tout à coup, même les toilettes, ça lui a paru être de la musique !

JSN : Génial ! C’est formidable si cela peut entraîner d’autres personnes à écouter le monde différemment, d’une manière plus ouverte… Mais c’est un bonus, comme un cadeau. Cela n’était pas le but au départ. C’est drôle car le court métrage a beaucoup été utilisé auprès des enfants, pour les inciter à faire de la musique, ce genre de choses. Et c’est encore une chose à laquelle nous ne nous étions pas attendus…

EN : Le film était sélectionné à Cannes, à la Semaine de la Critique. Que gardez-vous de cette expérience ?

JSN : Nous étions déjà allés trois fois à Cannes avec nos courts métrages, donc on avait espéré très fort que la première du film aurait lieu là-bas… Mais ça fait partie des choses que l’on ne peut qu’espérer !

OS : La semaine de la critique est une section formidable. Ils sont très proches du public, il y a beaucoup de projections, on vient présenter chaque séance, et les gens ont la possibilité de poser des questions. Et puis bien sûr, être à Cannes attire beaucoup d’attention, ce qui est toujours bon pour un film. C’est le meilleur départ possible !

JSN : C’était la première fois que l’on voyait le film au milieu d’une salle de spectateurs. On ne sait jamais. On a fait un film qui nous plaisait, avec l’humour que l’on aime, et c’est agréable de voir qu’on partage cela avec d’autres personnes.

OS : Quand les gens ont commencé à applaudir pendant la première scène à l’hôpital, on a réalisé que peut-être, d’autres personnes que nous allaient aimer le film…


   MpM

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